Le secteur de la santé se mobilise. Plusieurs mouvements de grève ont eu lieu ou sont annoncé au sein de plusieurs structures sanitaires du pays. Les agents de santé dénoncent pêle-mêle des maux qui paralysent presque toutes les infrastructures hospitalières du Mali: mauvaises conditions de travail, vétusté des locaux, problèmes financiers, désorganisation, dysfonctionnement des soins, manque d’équipements sanitaires ou des appareils en panne ou encore la baisse de la qualité des soins… La situation actuelle des hôpitaux du pays est l’illustration parfaite de l’échec personnel du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, qui se soucie peu de la santé de ses compatriotes.
Au Mali, les CHU Gabriel Touré, point G et (dans une moindre mesure) l’hôpital du Mali, ressemblent à des vrais mouroirs. Combien de fois, des patients se sont entendus dire que le scanner de l’hôpital Gabriel Touré était en panne ? Les patients sont régulièrement dirigés vers des structures privées pour faire leur analyse. Combien sont ces familles qui, impuissantes, ont assisté à une mort lente d’un proche ignorant de quoi il souffrait ? ». Dans une insouciance totale, les principaux hôpitaux du pays sont tous dans une situation précaire où les conditions de travail sont constamment décriées par les blouses blanches. Rien n’y change ! C’est aussi pour dénoncer cette situation révoltante que le Comité syndical de l’hôpital Gabriel Touré a déposé un préavis de grève de 48 heures (27 et 28 mars prochains). Djimmé Kanté, membre du syndicat de l’hôpital Gabriel Touré explique : « Ici les conditions de travail sont vraiment déplorables. Lorsque vous arrivez chez nous, à l’hôpital Gabriel Touré, facilement on vous dit : il n’y a pas de gants, allez acheter vos gants vous-mêmes. Parce qu’il n’y a pas suffisamment de gants pour les médecins. Egalement, vous partez au laboratoire pour un simple prélèvement, on vous demande d’aller chercher une seringue, ce qui est tout à fait anormal… Le labo est pratiquement vide.
Et puis les analyses ne sont pas du tout fiables du fait que certains réactifs sont vendus n’importe comment et les équipements sont souvent achetés vraiment dans des conditions très douteuses. Donc c’est un vrai problème. Nous grevons aussi pour ça parce que lorsque nous demandons l’amélioration du plateau technique, lorsque nous demandons le recrutement de personnels qualifiés, c’est pour pallier à des insuffisances de ce genre », a déclaré le syndicaliste.
Ce n’est pas tout, Gabriel Touré, faute de matériels devient un mouroir pour les patients. Ainsi, les blocs opératoires de l’hôpital sont fermés depuis plus d’une semaine à cause du manque de matériels indispensables pour les opérations chirurgicales.
Point G dans un état de délabrement avancé
L’autre grand hôpital public, le CHU point G ne se porte guerre mieux. Il est comme la plupart des hôpitaux maliens, dans un état de délabrement avancé, sinon dans l’agonie. Il connait depuis quelques années, des conditions précaires de fonctionnalité. Ceci s’est traduit par une dégradation des soins, de la gestion financière, de l’hygiène et de l’assainissement, un état délabré des outils de travail de l’Hôpital On note aussi un manque de la maintenance des équipements et un déficit dans la formation des médecins.
En outre, depuis plusieurs mois, le service d’imagerie médicale souffre de ruptures récurrentes de tomodensitométrie, alors que l’imagerie par résonance magnétique acquise depuis plus de cinq ans n’est pas encore fonctionnelle et les appareils d’échographie sont d’une autre époque. L’appareil d’échographie cardiaque est en panne depuis longtemps. Actuellement, on ne peut pas faire de radiographie standard. Le laboratoire souffre d’un dysfonctionnement qui se traduit par des ruptures incessantes des réactifs pour des examens aussi basiques comme l’examen bactériologique, le test de coagulation (on ne peut pas opérer un malade sans ce test), entre autre, certaines salles d’opérations sont fermées pour manque de kits et manque criard de dispositifs médicaux essentiels pour les interventions chirurgicales élémentaires. Ces défaillances portent atteinte au bon fonctionnement des services, d’où une qualité des soins en baisse constante. Ainsi, pour protester contre cette situation, le comité syndical SNS-AS-PF du CHU du Point G a organisé un sit in, le 20 février 2019, dans l’enceinte de l’hôpital.
A l’hôpital du Mali, c’est le même constat amer. Ainsi, les médecins affiliés au Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA) à l’Hôpital du Mali ont observé un arrêt de travail de 48 heures, les 14 et 15 mars 2019. Ils réclament le paiement de leurs primes de «bi-appartenants». En absence de satisfaction, une autre grève de 72 heures s’en suivra du 25 au 27 mars prochains et ensuite une grève illimitée à partir du 03 avril 2019. Avec 20 mois d’indemnités impayées aux 28 médecins de l’hôpital du Mali, le collectif des bi-appartenant et l’ensemble des médecins concernés ne demandent qu’à être mis dans leurs droits.
Les promesses oubliées d’IBK
IBK avait promis, en 2013, et retirée en 2018, l’accès à un soin de qualité pour tous.
Dans le domaine de la santé, le candidat Ibrahim Boubacar Keïta s’était engagé à « réussir un nouveau programme quinquennal de développement socio-sanitaire ». Pour lui, les objectifs de son projet, sont multiples. En bonne place figurent l’amélioration de la qualité des services de santé dans les établissements hospitaliers et autres établissements de recherche; le renforcement des capacités institutionnelles et décentralisation; rendre les services de santé de proximité disponibles et accessibles dans les structures publiques, communautaires et privées avec un accent pour les zones pauvres, les zones déshérités. S’y ajoutent la disponibilité des soins de référence dans tous les cercles ; la réduction de la mortalité néonatale, infantile, infanto juvénile et maternelle, la fécondité et la malnutrition ; l’amélioration de la disponibilité des ressources humaines qualifiées et des médicaments essentiels, des vaccins et des consommables médicaux. Pour charmer les maliens, le candidat avait aussi promis de créer de nouveaux centres de santé communautaire. Du vent !
Six ans après, tout ceci n’est que mirage. Et IBK n’a pratiquement posé aucun acte fort pour respecter ses engagements. Au contraire…
Aujourd’hui encore, le nombre insuffisant des infrastructures hospitalières fait des quelques structures existantes des véritables mouroirs, car n’offrant plus les services de qualité aux patients qui dans la plupart des cas rendent l’âme dans l’attente des premiers soins. Il faut ajouter à ce facteur le manque de personnel médical pour la prise en charge des patients.
De ces maux, le régime n’a certainement aucune idée. C’est triste et c’est dommage pour le Mali.
Aujourd’hui, l’incapacité du régime actuel à satisfaire les attentes des maliens ne fait finalement l’ombre d’aucun doute. Après la déception et la résignation, la grande majorité des maliens sont sur la dernière échelle des émotions : la colère. Une colère noire, à l’égard de celui qui avait tout promis en matière de santé.
Mémé Sanogo