Fortes odeurs de magouilles et de fraudes au HCNL/SIDA : Les enquêteurs du BVG, du Fonds Mondial, de la Banque Mondiale et de la BAD chez Malick Sène

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Quelles odeurs  de magouilles et de fraudes ont-elles attiré les enquêteurs de quatre structures de contrôles, au même moment, dans les locaux du secrétariat exécutif du Haut conseil national de lutte contre le SIDA (HCNL/SIDA)? Il s’agit du Bureau du Vérificateur Général (BVG) et trois partenaires financiers du programme que sont : le Fonds Mondial, la Banque Mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Cette situation perturbe le sommeil du patron du HCNL/SIDA, suspendu par le Fonds Mondial à partir du 31 décembre prochain. Il sera donc désormais sous mesures conservatoires pour la simple et bonne raison que selon la procédure de la structure onusienne "tout pays sous investigations et soupçonné de fraude est placé sous mesures conservatoires : décaissements arrêtés ; désignation de nouveaux bénéficiaires principaux, dès janvier 2012."

Ce qu’il est important de savoir à ce niveau, c’est que les fonds ne sont pas perdus pour le Mali et les offres de services continueront à être disponibles pour les populations. En clair, c’est la structure de Malick Sène qui ne bénéficiera d’aucun kopeck  de la part des partenaires financiers du Mali.

Ce n’est pas tout. Si les accusations du Fonds Mondial sont fondées, Malick Sène pourrait avoir des ennuis judiciaires. Voilà grosso modo ce qui empêche ce proche collaborateur du président de la République (il relève directement de ce dernier) d’avoir un sommeil profond depuis quelques mois. Cette situation le dérange à tel point qu’il n’a pas pu se retenir.

Conséquences : les journalistes sont conviés à la maison de la presse pour écouter Malick Sène dans une plaidoirie prodomo, au moment où les limiers des quatre structures de contrôles étaient en train d’éplucher ses dossiers. C’était le lundi 14 novembre dernier, en présence de tous ses collaborateurs proches et lointains. Il s’est surtout prévalu de son bilan " plus que positif ". On pourrait citer entre autres, l’augmentation du nombre de centres de dépistage, l’accroissement du nombre de sites de traitement ARV, l’évolution du nombre de sites PTME, l’augmentation du nombre de personnes dépistées, réduction du taux  de séroprévalence nationale et chez les groupes spécifiques. S’y ajoutent les services publics, (l’armée, l’éducation, la promotion de la femme…) ainsi que le secteur privé (60 entreprises privées et l’appui au secteur informel…). L’impact de ce beau travail est la baisse de séroprévalence qui passe de 1,7% en 2001 contre 1,3% en 2006. Ce qu’il faut retenir à ce niveau, c’est la baisse de la séroprévalence chez les professionnels de sexe (35,3% en 2006 contre 24,2% en 2009). Ce bilan n’est contesté nulle part.

Cependant, on ne peut pas mettre en avant celui-ci pour exclure toutes tentatives de fraudes. Un travail bien fait, quel qu’il soit ne rime pas avec la fraude. Or, encore une fois de plus, il n’y a que des soupçons de fraudes, évoqués par le Fonds mondial. Les subventions de cette instance internationale pour le Mali dans le cadre de la lutte contre le VIH et le SIDA sont à deux niveaux : round 4 (2004-2009) et round 8 phase I (2010-2011).

Le montant du premier round est estimé à 45 188 652 dollars US et le second s’élève à 28 990 392 euros. La répartition de ces fonds est basée sur quatre grands principes. Le premier : la subvention doit être gérée par un ou plusieurs bénéficiaires principaux. Le deuxième : les bénéficiaires principaux doivent à leur tour répartir les fonds entre plusieurs bénéficiaires secondaires. Le troisième : les bénéficiaires secondaires remettent à des sous bénéficiaires qui mènent les activités sur le terrain. Le dernier : le bénéficiaire principal est tenu responsable des erreurs de gestion de tous les bénéficiaires. En acceptant dirigé le secrétariat du HCNL/SIDA, Malick Sène a souscrit à ces quatre grands principes. Aujourd’hui où les choses semblent se compliquer, il se retourne contre ces fondements et laisse  entendre : " qu’on ne peut pas être tenu responsable d’une situation qu’on n’a pas directement géré. Notre rôle de bénéficiaire principal est de remettre les montants indiqués aux bénéficiaires secondaires. Nous n’avons pas le droit de garder les sous." Ce que Malick Sène ne dit pas, c’est que les soupçons de fraudes ne portent pas que sur cette problématique seulement. Il y a des difficultés de gestion relative à la passation des marchés, à l’achat des médicaments et à l’utilisation du budget de fonctionnement du HCNL/SIDA concernant le round 4. Sur le round 8, il y a semble-t-il moins de fraudes que sur le précédent.

Le conférencier soufflait à la fois ce lundi 14 novembre le chaud et le froid. Tantôt il critiquait le Fonds Mondial en dénonçant leur méthode de contrôle et de gestion, tantôt il le rendait hommage pour tout ce qu’il a fait en direction du Mali notamment pour les malades du SIDA. C’est dans cette optique que la parole a été donnée au patron du Groupe Pivot, une structure suspendue depuis plusieurs mois par le Fonds Mondial. Il n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer vigoureusement le Fonds Mondial. C’est ainsi qu’on apprendra que des accusations formulées par cette organisation internationale à l’endroit des agents du ministère de la santé qui croupissent en prison sont mal fondées.

Alors pourquoi n’ont-ils pas mis en cause les procédures  de contrôles du Fonds Mondial au moment où ces agents défilaient devant le procureur anti-corruption, Sombé Théra? A chacun son tour chez le coiffeur.

Cette procédure a été appliquée aux uns et aux autres pour les mettre en prison. Et aujourd’hui elle n’est plus valable parce qu’elle concerne un proche du président ?  Non à la politique de deux poids deux mesures, dans un Etat de droit.

 

Chahana Takiou


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