Après l’atelier sur la réforme du système de la santé, place aux mécanismes du financement, afin de mieux règlementer le secteur
Avec la crise sécuritaire que connait notre pays plongé depuis quelques années, le plus gros des ressources sont consenties dans le domaine de la sécurité. Les ressources mises à la disposition du département de la Santé et de l’Hygiène publique (4,32% du budget national) sont importantes mais pas encore assez pour faire face aux multiples besoins.
Cette faiblesse des ressources allouées au secteur de la santé oblige l’Etat à se tourner vers les partenaires techniques et financiers, voire des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. Le mécanisme de financement mondial ou «GFF», le sigle anglais de Global financing facility, s’inscrit dans cette vision globale d’amélioration de la qualité des soins en faveur des femmes et des enfants et d’atteinte de la couverture sanitaire universelle qui intègre les priorités dans notre pays.
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu le lancement de la plateforme de coordination du GFF. C’était le lundi dernier, à l’hôtel Sheraton, sous la présidence du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Pr Samba Ousmane Sow, en présence de son collègue de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hamadou Konaté et du directeur santé, nutrition et population à la Banque mondiale, Tim Evans.
Le GFF, a expliqué Tim Evans, découle d’un partenariat établi à l’échelle mondiale, dont l’objectif est axé sur le progrès en matière de santé infantile, adolescente et maternelle au niveau des communautés d’ici 2030. Il a aussi indiqué que l’approche privilégiée par ce partenariat est de mettre les pays eux-mêmes aux commandes de ce processus. Et Tim Evans d’ajouter que le GFF inclut non seulement le secteur de la santé, mais aussi d’autres secteurs qui peuvent impacter l’amélioration de la santé des populations.
De ce fait, les axes de ce partenariat sont la hiérarchisation des priorités, en matière de santé maternelle et infantile, la coordination accrue pour améliorer l’efficacité de la dépense de santé. Il s’agit aussi d’augmenter les ressources disponibles et nécessaires à l’amélioration de la santé et l’apprentissage continu.
L’amélioration de la santé maternelle et infantile est cruciale pour mettre en place une couverture sanitaire universelle (CSU) dira directeur santé, nutrition et population à la Banque mondiale. Il a également souligné que l’accès aux soins de santé de qualité est un axe important du CSU. Il faut, a-t-il ajouté, financer efficacement à l’échelle durable le secteur de la santé et investir dans le capital humain à travers l’éducation et la santé. Enfin, Tim Evans a apprécié les efforts accomplis par le gouvernement dans le cadre de l’amélioration du système de la santé.
Quant au ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, il a déploré que la mortalité infantile a augmenté de 95 à 101 décès pour 1.000 naissances vivantes entre 2012 et 2018. Quant à la mortalité maternelle, elle reste l’une des plus élevées dans la région ouest-africaine avec 587 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2015.
Pr Samba Sow aussi a révélé que notre pays a dépensé 0,85% du PIB dans les soins de santé et y a consacré 4,32% du budget national révisé en 2018. Les frais d’utilisation représentent un obstacle financier majeur aux soins de santé. Selon lui, 46% de la population ayant besoin de soins n’auraient pas utilisé les services de santé parce qu’ils sont trop chers.
Notons que le but du GFF est d’aider les pays à mobiliser davantage de ressources pour la santé et à mieux les utiliser pour améliorer la santé de la reproduction, notamment celle de la mère et de l’enfant. L’appui du GFF permettra à notre pays d’opérationnaliser, en partie, la réforme de la santé, à travers les actions prioritaires de prise en charge de la santé maternelle et infantile. Il permettra également de concrétiser la stratégie de financement du secteur de la santé basée sur la couverture maladie universelle.
A la cérémonie de lancement, le ministre Sow, Tim Evans et Patrick Eozenou, autre responsable à la Banque mondiale et d’autres partenaires, étaient face à la presse pour approfondir certains aspects du GFF.
Diakalia M Dembélé