Fana : Quand des fausses croyances plombent la vaccination anti-Covid-19

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A Fana, comme partout au Mali, les campagnes de sensibilisation en faveur de la vaccination contre la Covid-19 vont bon train. Cependant, dans cette localité, certains restent convaincus que, contre la Covid-19, il faut juste du citron et un bon bain de soleil. Hallucinant.

 

La ville de Fana est le chef-lieu de la Commune de Guégnéka dans la nouvelle région de Dioïla. Elle compte près de 37 000 habitants. Fana est le deuxième site de production de coton du Mali après Koutiala. Elle est à moins de deux heures de voiture de Bamako, sur la route de Ségou.

La Covid-19 a fait son apparition au Mali en mars 2020. Depuis lors, rumeurs et désinformations occupent une place importante et rendent difficile le travail des équipes de lutte contre la pandémie.

Aujourd’hui avec les nouvelles stratégies vaccinales, les nouvelles techniques d’approche, certains semblent adhérer à la campagne. Mais, visiblement, à Fana, les rumeurs et les croyances erronées semblent avoir la vie dure.

Pour Touré Mohamed, habitant de la cité, assure que la Covid-19 « n’est qu’une invention des blancs ». « Je ne crois ni en l’existence de la maladie ni au vaccin. Sur les réseaux sociaux nous voyons toujours qu’il y a des informations sur l’efficacité des vaccins. En tout cas je ne l’ai pas fait et je ne pense pas le faire ». Comme en écho, Sanata Coulibaly, vendeuse à Fana, ajoute : « la Covid-19 n’a jamais eu personne dans notre localité. Elle existe peut-être mais comment une telle maladie dont parle tout le monde puisse être si dangereuse pendant tout ce temps et que je fasse deux ans sans voir un seul cas ». Et d’ajouter : « je n’ai pas encore fait le vaccin. En réalité, je ne suis toujours pas convaincue des résultats des études sur ces vaccins. À peine deux ans que la Covid-19 a été révélée au monde qu’un vaccin circule voire des vaccins ».

« La Covid-19 reste et demeure une maladie qui a su capter l’attention des populations du monde autant pour ceux qui y croient que pour ceux n’y croient pas. Cela prouve qu’il est plus que temps que les autorités trouvent d’autres approches pour faire comprendre à tous que la Covid-19 est une réalité, y compris chez nous ici à Fana », avance Sidiki Coulibaly.

C’est en mars 2021 que le Mali a reçu ses premières doses de vaccin AstraZeneca. La vaccination a commencé un peu partout à travers le pays depuis cette période.

A Fana, il existe, de l’avis des médecins, toutes les molécules disponibles au Mali. Malgré les campagnes et les stratégies, les populations ne se bousculent pas, car le taux de vaccination est inférieur au taux national de 7%.

 

Aminata Agaly Yattara

Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

 

 

 

VACCINATION ANTI COVID-19

Fana manque d’équipes

 

Fana compte 28 aires de santé, donc, 28 aires de vaccination anti-Covid-19. Cependant, dans les aires de vaccination, les équipes ne sont constituées que d’une personne, souvent en charge également des autres vaccins du programme élargi de vaccination.

 

Le médecin chef adjoint du Centre de Santé de Référence (CSRef) de Fana, point focal Covid-19, Dr. Tégue Guindo, explique : « depuis le début de la covid-19 au Mali, nous nous mobilisons pour la vaccination et préconisons la sensibilisation dans la ville de Fana et même dans les villages voisins. Nous tenons régulièrement des réunions avec les 28 aires de santé, plus le réseau des femmes et la jeunesse pour faire le point sur la situation de la Covid-19 à Fana et mettre l’accent sur l’importance de la vaccination contre la pandémie à coronavirus. C’est permettre à tous ceux-ci de relayer l’information auprès des populations ».

Située à 128, 41 kilomètres de Bamako, la ville de Fana est considérée comme une zone rurale. La cité dispose d’une équipe d’intervention rapide (EIR) qui a pour mission d’investiguer sur tous les cas suspects dans la ville, « même les rumeurs ». A chaque fois que cette équipe sort pour des investigations, il profite de l’occasion pour faire passer des messages de sensibilisation concernant la maladie à Covid-19. Les signes, les mesures de prévention et la nécessité de se faire vacciner pour échapper à la maladie.

Le point focal Covid-19 du CSRef de Fana, Dr. Guindo, a laissé entendre que les agents de santé communautaire (ASC) sont d’un apport incontournable lors des campagnes de vaccination. Il poursuit, en ajoutant qu’une étude se fait dans 4 aires de santé qui sont : Fana centrale, Koni, Marakougo et Tingolé, avec comme objectif de faire des dépistages au niveau communautaire.

« Les ASC font des visites à domicile et des causeries lors des sorties dans les villages comme la ville afin de sensibiliser la population sur le niveau de dangerosité de la maladie à coronavirus, sur l’importance du vaccin et pour inciter à aller se faire vacciner. D’ailleurs des candidats à la vaccination que nous avons reçus nous le confirmaient », souligne Dr. Tégué Guindo.

C’est d’ailleurs le cas de Safiatou Massambé, commerçante. Elle affirme : « j’ai reçu mes deux doses de vaccins au CSRef. Grâce aux informations que j’écoute à la radio, j’ai su à quel point c’était important de se faire vacciner ».

Souleymane Konaté, magasinier : « je n’ai jamais blagué avec les questions de santé. Une maladie aussi grave que la Covid-19, il faut la prendre très au sérieux. C’est pourquoi dès que la vaccination a commencé, j’étais parmi les premières personnes à recevoir le vaccin à Fana. J’ai obligé même mes enfants et employés d’aller faire le vaccin pour se protéger et protéger les autres »

En dépit de toutes les campagnes de sensibilisation que ce soit les messages de la radio, de la télévision, des agents de santé, il est indéniable de se rendre compte que le taux de la couverture vaccinale reste très faible. C’est pourquoi les agents de santé ainsi que les autorités appellent à la vaccination.

Ils sont nombreux les habitants de la ville qui affirment avoir été « découragés » par le manque de vaccinateur. « J’ai longtemps hésité, puis, je suis parti quand même, toujours hésitant. La première fois, celui qui est chargé de la vaccination n’était pas là. La deuxième fois, il fallait attendre qu’elle termine avec les femmes enceintes et les mamans. Je me suis découragé et je suis parti », explique Oumar Traoré, habitant de Fana.

Ce point est déploré par beaucoup de personnes. « Les équipes ne sont constituées que d’une personne. Vous connaissez les problèmes d’absentéisme, la qualité de l’accueil. Ce n’est pas des choses qui encouragent », ajoute Oumou Sarré, vendeuse et « non vaccinée ».

 

Aminata Agaly Yattara

Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

 

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