Évacuation sanitaire : Quatre pays se partagent les Maliens

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Au Mali, quatre pays sont fortement sollicités pour les évacuations sanitaires ou médicales. A savoir la France, les Etats-Unis, le Maroc et la Tunisie. Cette évacuation se fait en fonction des moyens et souvent avec l’aide d’une tierce personne.

 Au Mali, il y a deux catégories de personnes en matière d’évacuation sanitaire. D’abord la classe moyenne qui préfère les pays magrébins comme la Tunisie et le Maroc pour le plateau technique élevé, certes, mais, également pour le coût jugé faible.

La Tunisie et le Maroc avant même leur accession à la souveraineté nationale avaient un système sanitaire presque comparable à celui des pays subsahariens, à l’image du Mali. C’est pour cette raison que lorsqu’ils ont accédé à la souveraineté nationale, ils ont pris conscience de l’importance de la souveraineté sanitaire en bâtissant une infrastructure sanitaire qui leur permet de soigner sur place leurs populations ainsi que les citoyens de la sous-région.

En dehors de ces deux pays, nous avons la France. Cette destination est choisie par l’élite politique et leurs protégés, qui ont les moyens souvent de faire supporter les frais par l’Etat. Il y a aussi la petite classe bourgeoise qui a les moyens de supporter les coûts élevés des soins dans l’Hexagone.

Pour Issa Maïga médecin généraliste, “ce phénomène s’explique par le mépris de la classe dirigeante qui préfère se faire évacuer en France dans les hôpitaux huppés parce qu’elle sait qu’elle n’a rien fait en matière d’infrastructures sanitaires, d’équipement et de plateaux technique.  Ce qui fait nos dirigeants  préfèrent aller mourir à l’étranger que chez eux et cela aussi montre la supériorité de leur rang dans la hiérarchie sociale”.

Nous avons le pays de l’Oncle Sam (USA), où peu de gens peuvent y aller. Cette timidité est due au coût élevé des frais de voyage et prise en charge. Uniquement le prix du billet d’avion aller/retour fait peur. C’est pourquoi les Etats-Unis ne n’enregistrent pas une évacuation sanitaire de masse par rapport à la Tunisie, le Maroc ou la France. Les ultras riches y vont quand même.

 

Ousmane M. Traoré

(stagiaire)

CAUSES DES EVACUATIONS SANITAIRES

Pathologies diverses

 Docteur Sissoko Djibril, médecin généralise à l’hôpital de Tombouctou nous donne quelques pathologies qui font le plus d’évacuations.

Au Mali, les soins de très haut niveau, très couteux, ne sont pas disponibles, tant du point de vue du plateau technique que des spécialistes, ce qui pousse à l’évacuation. Ces prises en charge visent à transférer le malade pour permettre d’optimiser le diagnostic et le traitement.

Selon Dr. Djibril Sissoko, médecin généraliste à l’hôpital de Tombouctou les pathologies pour lesquelles on évacue sont diverses, mais leur point en commun est le plus souvent chronique”. Les insuffisances rénales, les cardiopathies, les tumeurs et autres hémopathies sont les principales raisons des évacuations.

“Dans tous les cas, il faut comprendre que l’insuffisance du plateau technique dans nos différentes structures afin de permettre la prise en charge et le suivi explique et justifie les évacuations, explique-t-il

A cet effet toutes les évacuations sanitaires doivent obtenir l’accord d’un comité de médecins se réunissant de manière hebdomadaire. Les endroits où on évacue sont assez diversifiés compte tenue de la taille de la poche du patient.

Aïchatou Konaré

BUDGET NATIONAL

500 millions de F CFA pour accompagner les évacuations

 Chaque année, l’Etat malien met en place un budget de 500 millions de F CFA pour permettre l’évacuation sanitaire des fonctionnaires civils et militaires, et leurs ayant-droits vers l’étranger pour des pathologies que l’on ne peut pas traiter sur place dans notre pays.

 Au Mali, il existe une ligne budgétaire dans le budget du ministère de la Santé, dénommée frais d’hospitalisation”. Cette ligne est dotée annuellement de près de 500 millions F CFA.

Selon les données du ministère de Santé et des Affaires sociales, seuls les patients de nationalité malienne, fonctionnaires et ayant-droits peuvent bénéficier de cette ligne d’évacuation. Le médecin traitant du patient doit adresser le dossier médical (établi par un médecin spécialiste de santé) qui est un organe consultatif du ministre de la santé.

Par ailleurs, la décision finale d’évacuation ou pas relève du pouvoir du ministre. Mais très souvent, le Conseil de santé propose l’évacuation si le plateau technique du Mali ne permet pas la prise charge en médicale du patient.

En plus, de plus en plus, des fonctionnaires maliens profitent d’un voyage à l’étranger pour se faire consulter et demander à être remboursés par le département sans disposer de l’avis préalable favorable du Conseil de santé.

Néanmoins, ce montant alloué n’étant pas suffisant vue l’ampleur non contrôlée de ces évacuations, donc des demandes de crédits budgétaires sont toujours sollicitées auprès du ministre des Finances pour permettre de boucler l’année. Cette demande se fait annuellement vers la fin de l’année. Toutefois, des privés vont se faire soigner aussi à l’extérieur à leurs propres  frais et cela n’entre pas dans la comptabilité des évacuations de l’Etat.

Zeïnabou Fofana

 

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