Épidémie de fièvre Ebola : Nécessité d’une réponse internationale

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Le virus Ebola est l’une des maladies les plus dangereuses pour l’homme. Très contagieux, il se transmet via des animaux sauvages, comme les chauves-souris. Entre humains, la contamination se fait par contact direct avec le sang ou les liquides biologiques comme l’urine, la sueur, le sang… Après la période d’incubation, tout va très vite: brusque montée de température, douleurs musculaires, maux de gorge, puis vomissements, diarrhées, éruptions cutanées, insuffisance rénale et hépatique, hémorragie. Le taux de mortalité varie de 25 à 90% et il n’existe aujourd’hui aucun vaccin ni remède contre ce virus.

Des virologues américains espèrent toutefois tester dès septembre un vaccin expérimental, qui en cas de succès permettrait d’immuniser dès 2015 le personnel soignant.

L’Organisation mondiale de la santé a annoncé pour sa part qu’il fallait considérer l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola comme “une urgence de santé publique de portée mondiale”. C’est l’épidémie “la plus grave en quatre décennies”, explique l’organisation.

“Une réponse internationale coordonnée est essentielle pour arrêter et faire reculer la propagation internationale d’Ebola”, ajoute le comité d’urgence de l’OMS, qui s’est réuni mercredi et jeudi à Genève. L’épidémie d’Ebola qui a fait près de 1000 morts depuis le début de l’année est “la plus importante et la plus sévère” en quatre décennies, a souligné la directrice générale de l’OMS, le Dr Maragaret Chang. Elle a estimé que les pays d’Afrique de l’Ouest touchés par l’épidémie: Libera, Sierra Leone, Guinée et Nigeria, “ne peuvent y faire face par eux-mêmes” et a appelé “la communauté internationale à leur fournir le soutien nécessaire”.

Pas de restrictions sur les voyages internationaux envisagées

Maragaret Chang a ajouté qu’elle avait accepté les conclusions du comité et décrété cette “urgence de santé publique de portée mondiale”, l’OMS coordonnant au quotidien la mobilisation internationale face à Ebola.

Le comité a exclu des restrictions sur les voyages internationaux ou sur le commerce international. Mais, a-t-il dit, “les Etats doivent se préparer à détecter et traiter des cas de malades Ebola” et “à faciliter l’évacuation de leurs ressortissants, en particulier les personnels médicaux, qui ont été exposés à Ebola

peut-on donner le sérum expérimental à tous les malades ?

Cette question d’éthique sera débattue par une quinzaine d’experts internationaux, ce lundi, à la demande de l’Organisation mondiale de la santé. Ils devront rendre un avis le soir même.

Confrontée à l’épidémie grandissante du virus Ebola, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se retrouve devant une situation sanitaire inédite. «Nous avons une maladie avec un niveau élevé de mortalité sans aucun vaccin approuvé et certifié», résume le Dr Marie Paule Kieny, directeur général adjoint de l’OMS. Le traitement Zmapp ayant donné des résultats positifs sur deux personnes atteintes du virus aux Etats-Unis, des experts ont demandé à l’OMS de l’utiliser à grande échelle et rapidement. Que faire face à cette situation d’urgence ?

Peut-on administrer à toute une population un traitement qui n’a jamais été testé sur l’homme et dont on ne connait pas l’efficacité, ni même l’innocuité? Si oui, qui pourra en bénéficier, sachant que les laboratoires ne pourront pas en produire suffisamment pour tout le monde?

Une quinzaine d’experts donneront leur réponse aujourd’hui

Pour répondre à ces questions éthiques, l’OMS a décidé de regrouper les meilleurs experts du monde. «Nous devons demander à des spécialistes de l’éthique médicale de nous donner des lignes de conduite pour une politique responsable», explique encore le Dr Marie Paule Kieny. Pour ne pas perdre de temps, l’OMS est déjà en train de constituer une liste d’experts. Au total, ils devraient être une quinzaine, réunis lors d’une téléconférence. «Ces spécialistes débattrons pendant toute la journée de lundi avant de rendre leur avis le soir même», explique-t-on à l’organisation dont le siège est à Genève.

Parmi les experts présents dans le comité, on devrait retrouver des médecins, des chercheurs mais aussi des philosophes, des sociologues ou encore des psychologues. «C’est important que soit représentée la société civile, explique le Pr Christian Hervé, directeur du laboratoire d’éthique médicale à l’université Pars-Descartes. Cela permet de légitimer l’avis d’un tel comité».

Pas assez de traitement pour tout le monde

Les questions posées aux experts seront des plus délicates. «Ce sera un vrai dilemme entre Mr Précaution et Mme Pragmatique, prédit le Pr Bernard Bégaud, médecin pharmacologue. Soit vous utilisez un produit sans en connaître les effets secondaires, soit vous préférez poursuivre les tests et les recherches sur le traitement avant de l’administrer, au risque que cela prenne du temps alors que des personnes sont en train de mourir.» Dans le cas d’Ebola, «il faut savoir que 40% des malades vont survivre, rappelle Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de l’Institut Pasteur. Ainsi, on prend forcément un risque en leur donnant un traitement dont on ne connaît pas les effets.»

A qui pourrons-nous administrer ce traitement? Et combien? Voilà d’autres questions auxquelles devront répondre les spécialistes.

«Or, on sait qu’il n’y aura jamais assez de traitement pour tout le monde, constate Sylvain Baize. Les laboratoires ne sont pas en mesure d’en produire suffisamment et en aussi peu de temps. Il faudra donc faire des choix.»

En attendant de connaître la réponse des spécialistes, Mapp Pharmaceuticals, société américaine qui a développé le sérum en collaboration avec la Canadienne Defyrus, a fait savoir qu’elle essayait d’augmenter sa production.

Au final, la position des experts devrait déterminer la ligne de conduite de l’OMS dans les prochaines semaines. L’organisation internationale étant habituée à donner des recommandations graduées, en fonction des pays, «il est fort probable que les experts soient dans le compromis et rendent un avis proportionné», pense le Pr Bégaud, qui imagine différents scénarios. «Cela m’étonnerait qu’ils refusent catégoriquement d’utiliser ces traitements expérimentaux. En revanche, il est possible qu’ils ciblent des populations dans des zones hautement contaminées, ou qu’ils privilégient le traitement du personnel médical», suggère le médecin.

Selon un dernier bilan de l’OMS en date du 4 août, 932 personnes sont mortes sur les 1.711 cas d’infection pour cette épidémie d’Ebola touchant surtout trois pays d’Afrique de l’ouest ont indiqué mercredi dernier les autorités sanitaires américaines (CDC). Elles ont porté, ce même jour, leur alerte sanitaire au niveau 1, le plus élevé.

 

Le virus Ebola bouscule le sommet Amérique-Afrique

L’épidémie, qui suscite l’inquiétude à Washington, s’est invitée à une réunion qui avait comme priorité le développement des échanges économiques.

Si l’administration américaine espérait, au moins le temps d’un sommet, mettre l’accent sur «les chances» de l’Afrique, plutôt que sur ses crises et ses tragédies, le virus Ebola est venu bousculer cet ordre de priorité. L’inquiétante épidémie qui frappe l’Afrique de l’Ouest ne pourra qu’être présente à Washington, où les moyens d’endiguer la crise seront évoqués. Le président Obama a abordé le sujet en conférence de presse, insistant sur les mesures de précaution qui seraient prises pour contrôler les délégations qui arriveront des pays touchés, comme le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée. «Nous nous assurons que nous faisons des contrôles là-bas quand ils quittent (leur) pays. Nous ferons des contrôles supplémentaires ici», a-t-il expliqué.

Les présidents du Liberia et de Sierra Leone ont d’ailleurs annulé leur participation au sommet, pour se concentrer sur l’épidémie.

 

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