Épidémie de grippe : Le changement climatique en cause

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Forte fièvre, douleurs musculaires et articulaires, toux, céphalées ou encore écoulement nasal. Plusieurs symptômes de grippe ont été observés ces derniers temps dans la capitale. Le constat ne passe pas inaperçu sous la coupe des prévisionnistes.

 Amadou Diakité est ingénier météo prévisionniste à l’Agence nationale de la Météorologie. L’agent constate « qu’il y a actuellement dans le district de Bamako, à l’intérieur du pays, et même dans la sous-région du sahel des cas de hausse de grippe ».

Cependant est-ce que cette augmentation a-t-elle un lien avec le changement climatique ? Selon le prévisionniste, « il n’y a pas de lien direct ». La grippe actuelle est c’est une grippe saisonnière, précise-t-il. « Il faut savoir qu’au sahel, après la fin de la saison des pluies s’installe un nouveau régime de vent qui est l’harmattan. L’harmattan est un vent chaud et sec qui souffle sur tout le pays pendant cette période. Ces vents sont souvent violents, pollués et soulèvent de particules fines de poussières qui entraineront chez nous, une irritation des yeux et même du nez. C’est cette irritation du nez qui, par la suite entrainera des cas de grippe », explique le prévisionniste.

Face à cette situation, M. Diakité recommande de préserver les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées, les plus vulnérables. Il conseille d’utiliser « de l’huile goménolé, des vaselines la nuit et des masques et cache-nez au cours des déplacements afin de protéger le nez de l’irritation et contre de la respiration des microbes et particules fines pouvant engendrer la grippe ».

 Kadiatou Mouyi Doumbia

 

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RHUME

Les pharmaciens se frottent les mains

En cette période de forte fraîcheur, le rhume est presque national. Du 1er novembre 2021 au 1er janvier 2022, une enquête a été faite sur les maladies les plus fréquentes observées au niveau des officines de pharmacie et hôpitaux.

Au Mali, la période novembre 2021 à janvier 2022 a été une période très agitée sur le plan sanitaire. Cela peut s’expliquer par un changement climatique. On remarque des mouchoirs dans la main de plusieurs personnes d’âges différents.

Ibrahim Diarra, pharmacien, explique que la fin de l’année 2021 et le début de l’année 2022 ont été très difficiles pour la population sur le plan sanitaire. « En cette période d’hiver, la population est exposée à des eaux stagnantes laissées par la saison des pluies, des vents frais, et aussi à la poussière. Au niveau des structures sanitaires, les officines de pharmacie plus précisément où des études ont eu lieu, on constate que la majeure partie des clients avaient comme maladie le paludisme ou le rhume. Mais aussi pour les paludéens, on constate qu’un traitement de rhume est associé à leurs traitements. Ceux qui viennent pour des conseils à la pharmacie présentaient des symptômes de rhume. Des nez bouchés, l’écoulement nasal, des maux de tête ou la toux », explique le pharmacien.

Les nourrissons et les enfants sont les plus touchés. Cela est dû à leur faible immunité. « Durant nos recherches, on a pu observer quelques médicaments qui ont été vraiment achetés comme le Fervex, Litacold, Trifed. En outre, à la fin on a pu formuler quelques conseils pour passer une bonne période. Il est vraiment important durant ce trimestre que les mamans protègent leurs enfants en les revêtant d’habits chaux et de masques afin de les protéger contre le rhume », insiste M. Diarra.

Ensemble protégeons les enfants durant cette période car ils sont les plus touchés et plus vénérables.

Aboubacar Sidiki Diarra

(stagiaire)

 

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PORTRAIT:

Le rhume comme compagnon

Alima a toujours le nez bouché ou est en train d’éternuer. « J’ai le rhume. Il arrive que ça s’atténue et que je ne le ressente pas, mais il m’accompagne au quotidien », dit-elle.

La vingtaine révolue, le teint noir brillant, la chevelure épaisse et brillante, toujours souriante malgré cette maladie, faisant voir des dents blanches et bien alignées, elle a développé aujourd’hui une expertise sur le rhume.

« A vue d’œil, je suis capable de différencier un rhume provoqué par une allergie d’un rhume d’origine virale », se vante-t-elle. Elle est constamment en consultation pour d’autres pathologies. En effet, Alima ne supporte pas les odeurs fortes, la poussière ou même les effluves corporels trop prononcées. « Dès que je sens un parfum du genre Arona, je commence à éternuer. Pire, comme Bamako est toujours sous la poussière, cela veut dire que je n’ai presque pas d’accalmie. Le rhume est mon compagnon », ajoute-t-elle.

Alima prend tout cela avec humour et c’est toujours entre deux éclats de rire qu’elle explique son malaise et les désagréments que cela lui cause. « Il m’arrive que ça coule comme de l’eau. Si j’ai une invitation en ce moment, c’est l’enfer ».

Aminata Agaly Yattara

 

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Dr. Yacouba Cissoko, CHU Point G :

« La grippe se prévient comme la Covid-19 »

 Comment explique-t-on la forte présence des cas de grippe dans la capitale, en ce début d’année ? Dr. Yacouba Cissoko maitre-assistant maladies infectieuses au Centre hospitalier universitaire du Point G, dans cette interview, apporte des précisions. Il aborde aussi les similitudes qui existent entre la grippe et la Covid-19 de même que les gestions à adopter pour protéger les personnes à haut risque.

Mali tribune : Une vague de grippe est observée, depuis plusieurs semaines à Bamako, comment cela s’explique ? Est-ce que c’est une grippe saisonnière ?

Yacouba Sissoko

Dr. Yacouba Cissoko : il faut d’abord rappeler que la grippe est une infection virale (due au virua Influenzae), couramment bénigne. Elle peut être mortelle, en particulier pour les groupes à risque à savoir : les enfants en bas-âge, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes atteintes d’une maladie chronique ou présentant un système immunitaire affaibli.

La grippe attaque les poumons, le nez et la gorge. Elle est favorisée par la saison froide d’où le terme de grippe saisonnière.

Mali tribune : Quels sont les symptômes observés chez les patients reçus en consultation ?

Dr. Y. C. : Les symptômes de la grippe sont des signes généraux comme la fièvre, les frissons, les courbatures, la fatigue, les maux de tête et des signes respiratoires tels que le rhume, des maux de gorge, la toux (avec ou sans crachats), et des difficultés à respirer. Qui, lorsqu’elles apparaissent, signent la gravité.

Mali tribune : Est-ce qu’il y a une similitude entre la grippe et le Covid-19 ?

Dr. Y. C. : Oui. Il y a beaucoup de similitudes. Les deux sont des infections virales dues aux plus petits des microbes qui ont besoin d’entrer dans nos cellules pour vivre, appelés virus.

Les deux ont une préférence pour les cellules respiratoires. Il s’agit de l’Infuenzae virus pour la grippe et du Coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère SRAS CoV2 pour le Covid-19.

La grippe et le Covid-19 se transmettent par voie aérienne. Un malade qui tousse, éternue ou émet des postillons en parlant repend le virus dans l’air qu’un sujet sain va respirer faisant entrer le virus dans ses voies respiratoires et infecter ses cellules.

En plus de cette voie de transmission directe, il y a la transmission indirecte. Ces virus, émis dans l’air, peuvent rester sur la main du tousseur (il est d’usage de porter la main à la bouche au moment de la toux) ou retomber sur des surfaces comme les meubles, les objets, etc.  Ensuite, si un sujet sain touche ses objets ou la main du tousseur avec sa main, puis porte la main au niveau des muqueuses de son visage (le revêtement rose retrouvé dans la bouche, le nez et à l’intérieur des paupières) va permettre le passage du virus à travers cette membrane plus fragile que la peau.

La dernière similitude importante est représentée par les symptômes communs à ces deux maladies qui ont été décrits plus haut. Cependant, il faut savoir qu’il existe des formes graves avec des symptômes différents avec le Covid-19 qui ne se limite pas aux voies respiratoires, comme connus au début.

Mali tribune : Avez-vous reçu des patients qui ont la grippe et le Covid-19 ?

Dr. Y. C. : Oui. Depuis toujours, nous recevons des patients grippés surtout en saison froide. Mais, depuis mars 2020 au Mali, l’hôpital reçoit des patients souffrant de Covid-19 avec une recrudescence par vague dont une est en cours en ce moment. On en voit en consultation. On diagnostique aussi des cas dans la communauté et même en hospitalisation chez des patients entrés pour d’autres maladies.

Mali tribune : Quel traitement ?

Dr. Y. C. : Le traitement est d’abord le repos, puis symptomatique. Il existe des antalgiques antipyrétiques contre la fièvre et la douleur (notamment le paracétamol), des antiasthéniques contre la fatigue (notamment la vitamine C) et le décongestionnant, antitussif, anti-inflammatoire sur avis médical.

Il y a le traitement antiviral et des complications qui sont du domaine du médecin. C’est pourquoi dès l’apparition de ces signes, il faut se rendre en consultation pour se faire diagnostiquer et traiter.

 Mali tribune : Comment se protéger de la grippe ?

Dr. Y. C. : Pour prévenir la grippe comme le Covid-19, les mesures sont similaires, car c’est le même mode de transmission.

Le port du masque et la distanciation sociale vont empêcher l’inhalation des virus par voie aérienne. On parle de mesures barrières.

Le lavage à l’eau savonneuse ou la friction avec les solutions ou gels hydroalcooliques fréquents des mains va les rendre propres. Même si on les porte au visage, il n’y aura pas de virus à transmettre.

A cette mesure, il faut ajouter la désinfection fréquente des surfaces exposées, notamment des poignées des portes, accoudoirs des fauteuils avec des solutions à base de chlore ou d’alcool.

Il est aussi conseillé de tousser dans le pli du coude ou un mouchoir à jeter avec soin et non dans la main avec laquelle on contaminera quelqu’un en le saluant.

Il existe aussi des vaccins pour la prévention. Celui de la grippe est remis à jour chaque année et est destiné aux personnes à risque, surtout dans les pays froids. Ceux du Covid-19 sont récents et visent à prévenir les formes graves.

Recueillis par

Kadiatou Mouyi Doumbia

 

 CENTRE DE SANTE COMMUNAUTAIRE DE L’HIPPODROME

 60 % des patients consultés ont la grippe

 Malgré qu’elle ravage, la grippe qui sévit Bamako, le Mali et certains pays de la Sous-région, ne se contamine quand même pas. C’est ce que nous a fait savoir, Drissa Diarra, le chef du personnel du Centre de santé communautaire de l’Hippodrome (Asacohi).

Centre communautaire de l’Hippodrome

Le Centre santé communautaire de l’Hippodrome (Asacohi) est l’un des importants centres en matière de soins de santé en Commune II. Ce Centre peut accueillir une centaine de personnes par jour allant des visites de maternité, des consultations, des soins médicaux et autres. Composé d’un grand bloc administratif à gauche une fois entrée dans la cour, la maternité à droite, on voit un grand hagard sous lequel se trouvent, la responsable de vaccin, Mme Sogoba Salimata Diallo, la chargée de vente de médicaments, Mme Koné Mariam. Une pharmacie, deux salles de soins pour homme et femme, et deux cabinets de consultation médicale.

L’Asacohi aussi fait face à la grippe qui fait ravage au Mali. Selon le chef du personnel, Drissa Diarra, plus de 60 % des consultations confirme une grippe chez les patients. « Nos consultations sont très généralement axées sur des questions de maternité, de paludisme, des soins pour accident, la plupart des cas. Ces derniers temps, les 60 % de nos patients consultés ont la grippe. Un rhume accompagné de toux », a confié M. Diarra. « La plupart guérissent en 3 jours après le traitement. Ce ne sont pas des cas graves », dit-il. « Elle ne se contamine pas. Elle n’est pas contagieuse et elle se guérit vite », explique-t-il parlant de la grippe.

Mme Doumbia Kadidia, une mère qui avait accompagné son garçonnet de 3 ans qui souffre de fièvre avec la grippe, confie : « Mon fils est tombé malade il y a 3 jours. Ça a commencé par des vomissements légers. Directement, je l’ai amené ici à l’Asacohi. Il a la fièvre et la grippe. On a commencé le traitement. Il va mieux », a martelé la maman du garçonnet. « Pour les enfants, le traitement se fait en sirop et en comprimés pour les adultes », a relaté le chef du personnel.

Pour de cas graves qui ont des signes en faveur de la maladie à Covid, M. Diarra a expliqué, qu’ils font directement des tests Covid. Jusqu’à présent, aucun cas de Covid n’a été détecté lors des ces tests, a-t-il affirmé. Pour les cas de Covid, la responsable des vaccins à l’Asacohi, Mme Sogoba Salimata Diallo a profité pour lancer son appel. A l’en croire, les gens ne vont pas nombreux vers les vaccins. Il faut créer des conditions pour que le vaccin aille vers les gens, conseilla-t-elle pour rassurer la réussite des campagnes de vaccin contre la Covid. Sur la même lancée, le chef de personnel a terminé par signaler le manque de gel et de masque qui frappe souvent le Centre et a demandé la diligence des autorités politique à palier ces manquements.

 

Koureichy Cissé

 

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