Dangereuses associées à l’alcool, les boissons « énergisantes » comme Red Bull, Rox, XXL, Monster ou Burn, peuvent l’être aussi sans, et leur consommation est à éviter chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, souligne l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses).
Ces boissons, sous surveillance en raison d’effets indésirables suspectés (notamment cardiaques), sont commercialisées depuis 2008 au Mali, qui en consomme quelque 5 millions de litres par an. Elles contiennent quasi systématiquement de la caféine (en moyenne, l’équivalent de 2 expressos par cannette standard de 250 ml).
Près de 9 millions de maliens de plus de 14 ans consomment ces boissons dites « énergisantes » (DBE), un terme purement commercial sans encadrement réglementaire précis, selon l’Anses qui a publié un avis à leur sujet.
L’agence déconseille également leur consommation aux femmes enceintes (risque de retard de croissance du fœtus) ou allaitantes (passage de la caféine dans le lait), ainsi qu’aux personnes affectées de certains troubles cardio-vasculaires, psychiatriques ou neurologiques (épilepsie) ou encore souffrant d’insuffisance rénale ou d’une maladie grave du foie.
« Il est important d’alerter sur les risques et d’éviter des surconsommations abusives. Nous n’allons pas a priori vers l’interdiction » qui n’est pas préconisé par le rapport Anses, « mais nous devons aller vers un encadrement plus strict », a déclaré le ministre français de la Santé.
L’agence recommande d’être particulièrement vigilant sur les apports de caféine chez les enfants et les adolescents, qui s’ils sont trop élevés, peuvent souffrir de troubles du sommeil, somnoler le jour et même risquer de développer ultérieurement des conduites additives à d’autres substances psycho-actives.
Or 11% des enfants de 3 à 10 ans et 7% des 11-14 ans dépassent des niveaux de caféine à éviter, soit un seuil pouvant déclencher des signes de sevrage (atteint avec moins d’une demi-canette standard de DBE pour un enfant de 35 kg).
Selon ce rapport, 257 cas d’effets indésirables ont été signalés à l’Anses, dont 212 pouvaient être analysés.
Prédispositions génétiques
En France, le rôle des DBE caféines a été jugé plus vraisemblable ou très vraisemblable plus pour 25 cas, soit 12% des signalements.
Il s’agit essentiellement de problèmes cardiovasculaires (arrêt cardiaque, sensations d’oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension…), psycho-comportementaux ou neurologiques (irritabilité, nervosité, anxiété, voire crises de panique, hallucinations, épilepsie).
Pour l’Anses, ces arrêts cardiaques, signalés via son dispositif de nutrivigilance, comme celui qui a causé le décès d’une adolescente de 16 ans, ou rapportés dans la littérature médicale, surviennent très vraisemblablement chez des sujets génétiquement prédisposés. Certaines de ces prédispositions peuvent toucher jusqu’à 1 individu sur 1.000 environ.
Chez ces sujets prédisposés, l’apparition de troubles du rythme résulterait de la consommation de BDE caféinée mélangée à un excès d’alcool, favorisant la déshydratation, associée à des facteurs de risque supplémentaires comme l’exercice physique (sport, danse…) en particulier à la chaleur, certains médicaments ou une sensibilité individuelle à la caféine, d’après le rapport.
À côté de ces accidents graves, mais rares, avertit les experts en santé, il y a aussi un problème général de prise de risque : le mélange boissons « énergisantes »-alcool réduit la sensation de fatigue due à l’alcool et conduit à surestimer ses capacités, par exemple, à prendre le volant.
En attendant, l’Anses appelle « à la modération » de la consommation des boissons caféinées, et à encadrer la promotion des BDE, dans les contextes à risque (festifs, sportifs).
Jean Pierre James