Eminence grise : Dr Abdoulaye Dolo : à la recherche d’une potion souveraine contre les cancers

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Dr Abdoulaye Dolo ne jure que par la médecine traditionnelle. Comment pourrait-il en être autrement si l’on sait que cet ancien assistant de feu Pr Harouna Kéïta, l’un des porte-flambeau de la valorisation de la pharmacopée malienne, figure parmi les pionniers de cette médecine au Mali. Il peut se targuer, en effet, de compter dans l’équipe de la division médecine traditionnelle de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) qui a mis au point les médicaments traditionnels améliorés, au nombre de sept à ce jour. C’est de la collaboration avec le Pr Harouna Kéïta, à qui il voue une admiration sans borne, que Dr Dolo contracta le virus de la médecine traditionnelle. C’est pour honorer, au demeurant, la mémoire de son patron que Dr Dolo, en plus de son doctorat d’Etat de pharmacien d’officine, décida d’engranger également un DEA en biologie végétale avec option pharmacie des substances naturelles, l’équivalent de la pharmacognosie (la connaissance des principes actifs des plantes). C’est aussi le deuxième diplôme de feu Harouna, par ailleurs agrégé de pharmacie.

La réputation de Dr Dolo lui vaut d’être littéralement envahi, au petit soir, tous les jours que Dieu fait -sauf les dimanches – dans son officine sis à Hamdallaye en face de la maternité, par une foule de patients. Ceux-ci se recrutent aussi bien parmi les hautes personnalités que parmi le citoyens lamda. ” Je reçois en moyenne par jour, 40 patients, comme vous pouvez le constater par vous-même. J’essaie d’apporter ma contribution à l’amélioration de leur état de santé ” dit-il avec modestie. L’humilité semble être le trait dominant de Dr Dolo. Des patients souffrant d’une foultitude d’affections : gastrite et ulcère d’estomac, hémorroïde, arthrose, hépatite virale… ” Avec les plantes je soigne pratiquement toutes maladies à l’exception des affections à pronostic chirurgical et des maladies comme l’appendicite, la tuberculose et la lèpre “ confie-t-il.

” Mon grand objectif de la vie, c’est de trouver une préparation qui puisse soigner des complications de certaines maladies comme les tumeurs, les cancers du foie voire d’autres cancers, les prévenir et les soigner éventuellement ” poursuit-il. Pour le moment, il accorde une grande attention aux hépatites B et C qui, à la différence de l’hépatite A, peuvent devenir chroniques et amener des complications qui peuvent déboucher sur des  tumeurs du foie. Et une condamnation à mort au bout de trois mois. Avec une bonne prise en charge du malade, on peut retarder l’apparition des complications. Ces fameuses et redoutables complications qui surviennent toujours avec la destruction des tissus du foie consécutivement à la transformation des liquides de la membrane en peroxyde, laisse-t-il entendre. Chez nous, il y a une multitude de plantes qui ont des propriétés hépato protectrices, autrement dit qui empêchent la destruction des tissus du foie. Mais Dr Dolo préconise le cochlospermum tinctorium (Tribra en bambara) le chrysantellum americanum (Tori Tèkè en bambara) et même le gingembre, notre fameux “ ginibéré “.

Parmi les plantes maîtresses utilisées par Dr Dolo figure, en bonne place, l’anacardium occidentale (Sômô en bambara) dont il utilise les écorces de tronc pour stabiliser à la fois la tension artérielle et la glycémie. Il encourage le nouveau ministre en charge de la recherche scientifique à soutenir la médecine traditionnelle, le parent pauvre du système sanitaire malien qui manque cruellement de moyens. En lui offrant, par exemple, des moyens de recherche et en assurant la formation et la mise à niveau des compétences des agents qui y évoluent. D’autant que cette médecine crée de formidables perspectives pour le développement  du Mali. Beaucoup d’aspects de cette médecine ne sont pas encore explorés dans notre pays. A l’image de l’aromathérapie et de l’ethno cosmétologie. Par exemple, l’aromathérapie (l’utilisation des huiles essentielles des plantes dans le traitement des maladies) le Mali peut devenir un grand marché des huiles essentielles à l’échelle mondiale. Des huiles essentielles qui soignent pratiquement toutes les maladies comme on le voit en Europe. Ce d’autant plus que les pays tropicaux, dont le Mali fait partie, disposent de beaucoup plus de plantes médicinales que les pays tempérés. L’aromathérapie peut, à titre d’exemple, être d’un grand apport dans la lutte contre le paludisme au Mali dans la mesure où l’on peut utiliser des fumigènes obtenus à partir de l’huile essentielle de l’eucalyptus pour lutter contre les moustiques, vecteurs des germes du paludisme.

En définitive, Dr Abdoulaye Dolo est une mine inépuisable en matière de connaissances relatives à la médecine traditionnelle et à la phytothérapie. Quand il ouvre la bouche, c’est de l’or qui en sort littéralement  pour celui qui sait écouter.

Yaya Sidibé     

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