Depuis l’annonce d’un cinquième cas d’Ebola au Mali, la communauté française, forte de 6.000 ressortissants et de 1.400 militaires, y observe avec inquiétude l’arrivée de l’épidémie, certains envisageant un départ en cas de pic. “J’ai connu le coup d’Etat (en 2012), la guerre (en 2013) et je suistoujours restée. Je ne suis pas une peureuse mais face à la maladie c’est différent”, affirme à l’AFP Béatrice Roby, qui réside au Mali depuis huit ans. “J’ai un peu peur, il faut le reconnaître. Peur des négligences ou de l’inconscience qui font que des gens vont aller à des enterrements ou des mariages”, ajoute Mme Roby, rencontrée en marge de la visite samedi à Bamako de la secrétaire d’Etat française au Développement Annick Girardin.
Le Mali a enregistré en moins d’un mois, entre octobre et novembre, cinq cas d’Ebola, dont quatre mortels à Kayes (ouest) et Bamako, au moment où la communauté internationale tente de contenir la propagation de l’épidémie qui a fait près de 5.200 morts depuis fin 2013 en Afrique de l’Ouest, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. Le virus Ebola se transmet par contact direct avec les fluides corporels. Il provoque une fièvre qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Les rituels funéraires, avec lavage et toucher des corps, jouent un rôle important dans la transmission, les cadavres étant particulièrement contagieux. Béatrice Roby est informée des risques et “surveille la situation”. “S’il y a un pic (de cas) dans dix jours, je rentre (en France), le temps que ça se calme. Je vais mettre ma fille à l’abri”, affirme-t-elle. Destination Toulouse et tant pis pour ses affaires de consultante. “Economiquement, ce sera dur. Mais entre gagner de l’argent et vivre…”, dit-elle.
Le ministère français des Affaires étrangères a déconseillé aux Français de se rendre à Bamako mais sur place, Mme Girardin s’est voulue rassurante lors de la rencontre avec ses compatriotes samedi soir à résidence de l’ambassadeur de France. “Il faut éviter de paniquer. Mais il faut être prudent. (…) Dans cette épreuve que traverse le Mali, la France est avec vous”, leur a-t-elle dit. – ’Préoccupé mais pas paniqué’ – Le lycée français de Bamako restera ouvert mais il y aura des contrôles de température pour chaque personne y entrant, avec l’obligation de se désinfecter les mains. Les écoles maliennes, fréquentées par de nombreux jeunes enfants français, continueront de fonctionner mais elles ne bénéficieront pas du même traitement que le lycée, souligne un Français.
Certaines entreprises ont déjà pris des mesures similaires. Eva prenait l’avion samedi soir pour ramener en France son fils de 5 ans et ensuite revenir en début de semaine à Bamako pour son travail. “Je préfère ne pas attendre. Je préfère éviter les avions pleins. Les contrôles seront peut-être plus stricts. Je ne veux pas courir de risques. On verra ensuite comment cela évolue”, explique-t-elle. Un des cas recensés à Bamako inquiète particulièrement: l’homme, dont la contamination a été détectée tardivement, est décédé dans une clinique fréquentée par la communauté française. Certains Français parlent de “tentative d’étouffement” de l’information sur ce cas, d’autres dénoncent une “incompétence”, s’étonnant de la lenteur du diagnostic. “On est un peu choqués” par cette affaire, confie François. Cependant, “je n’envisage pas de quitter le pays. Je ne me sens pas étranger ici”, explique-t-il. Marié à une Malienne, père d’un enfant en bas âge, il indique avoir décidé de rester, comme il est resté en dépit des bouleversements politiques, militaires et sécuritaires de ces dernières années au Mali. Ferme, il résume: “On est préoccupé mais pas paniqué”.
Yattara Ibrahim
Ebola au Mali :
IBK salue l’appui de la France contre Ebola
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’est félicité samedi de l’appui de la France pour “bouter” l’épidémie d’Ebola hors de son pays et d’Afrique, dans une déclaration à la presse après avoir reçu à Bamako la secrétaire d’État française au Développement et à la Francophonie. M. Keïta s’est entretenu avec Mme Annick Girardin, qui a effectué un déplacement en urgence au Mali. Ce pays a enregistré en moins d’un mois cinq cas d’Ebola, dont quatre mortels, au moment où la communauté internationale tente de contenir la propagation de l’épidémie ayant fait depuis fin 2013 près de 5.200 morts, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. Le Mali “se réjouit de la diligence avec laquelle la France à réagi” à ces développements, “nous nous en félicitons”, a dit le président malien. Il a indiqué avoir eu un entretien téléphonique à ce sujet avec son homologue français François Hollande alors que celui-ci se rendait au sommet du G20 en Australie. “C’est dans les moments d’épreuve qu’on reconnaît les siens. Donc, la France, encore une fois, est aux côtés du Mali pour faire en sorte que nous arrivions à contenir cette épidémie et à la bouter non seulement hors de nos frontières mais d’Afrique également”, a-t-il déclaré. Mme Girardin, qui revenait d’une visite en Guinée voisine, a indiqué à la presse avoir proposé l’aide de Paris contre Ebola. “Il était important que je puisse venir rapidement réexprimer cette solidarité (…) mais surtout proposer au président malien la collaboration de la France dans la mise en place du plan de lutte contre Ebola”, a-t-elle dit. “Nous allons dépêcher un certain nombre d’experts ici. Deux sont déjà arrivés, quatre arrivent ce (samedi) soir notamment pour la préparation aux contrôles aéroportuaires mais aussi pour pouvoir intervenir en plus de ce qui se fait déjà dans le centre de traitement qui existe ici au Mali”, a-t-elle ajouté avant de quitter Bamako pour Paris.
Yattara Ibrahim