Le week-end dernier, on nous faisait savoir que 577 personnes sont placées sous surveillance médicale au Mali en raison de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Là encore, dit-on, il ne s’agit pas de cas suspects, mais d’individus ayant pu être en contact avec des personnes contaminées, et dont l’état de santé est donc suivi. L’objectif étant de contenir la propagation du virus dans la capitale malienne.
Paradoxalement, malgré les ravages que cette épidémie fait dans la sous-région, avec des cas avérés dans notre pays, nombreux sont nos concitoyens qui n’y croient pas. Alors, question : sont-ils devenus brusquement des «Saint Thomas» dont on dit dans la Sainte Bible qu’ils veulent «voir avant de croire». Bizarre, puisqu’il y a déjà des morts, le dernier cas étant celui du Dr. Dioumandé.
Certes, il n’y a pas lieu de jeter de l’huile sur le feu et de semer la panique. Un jeu auquel joue habilement le Professeur Daouda Minta, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU (Centre hospitalo-universitaire) du Point G à Bamako, membre de la Cellule d’urgence Ebola mise en place dans le pays, quand il affirme : «Il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. En dépit du début de propagation d’Ebola dans la capitale malienne -cinq cas déclarés et 577 personnes sous observation sanitaire, il ne faut pas paniquer».
Pas paniquer, d’accord, mais croire à l’existence réelle d’Ebola au Mali en est une autre. Sinon, comment comprendre que pendant que la maladie est dans nos murs et que nos plus hautes autorités s’évertuent à la contenir et la Communauté internationale est à notre chevet, sans compter la question récurrente des pourparlers d’Alger, nos compatriotes soient assez incrédules face à Ebola ?
À ces incrédules, une petite information. Le virus Ebola appartient à la famille des Filovirus. Filo, simplement, car il ressemble à un fil microscopique. Le virus Ebola est actuellement l’un des plus meurtriers de la planète, dans le classement des agents biologiques pathogènes, car il est de niveau 4.
Le virus Ebola envahit le sang et les cellules de la personne infectée. La progression de la maladie atteint généralement le fonctionnement des organes vitaux, en particulier les reins et le foie et provoque des hémorragies internes importantes. La mort peut survenir, peu de temps après les premiers symptômes, par défaillance de nombreux organes et choc cardio-respiratoire.
La transmission d’homme à homme se produit par contact avec du sang, des sécrétions (éternuements), des liquides biologiques (salive, sang, urine, selles, vomissements, sperme, sueur), de personnes infectées ou par l’intermédiaire d’environnements contaminés.
Aujourd’hui, il n’existe ni vaccin, ni médicament certifiés pour lutter contre le virus Ebola. Les malades reçoivent des soins intensifs de soutien traitant les symptômes et les infections secondaires. Très souvent déshydratés, ils sont mis sous perfusion ou réhydratés par voie orale avec des solutions d’électrolytes.
Il est aussi bon de retenir les symptômes de la fièvre à virus Ebola. En effet, à la première phase, cette tragique maladie se manifeste par des maux de tête, de la fièvre, des maux de gorge, des douleurs musculaires et une grande faiblesse générale. Quant à la seconde phase, elle est caractérisée par des saignements de nez, une insuffisance hépatique, des éruptions cutanées, des vomissements, une insuffisance rénale, les diarrhées et des hémorragies internes et externes.
Pour certains Maliens, la propagation en Afrique du virus est un complot organisé par l’Occident, notamment par le président Barack Obama, pour accroître son pouvoir et mettre en place des campagnes de vaccination forcée, avec on ne sait quelles concoctions. Pour s’enrichir davantage, contraindre l’opposition, réduire les libertés… Drôle d’idée ! Et pourtant, le fait est là et il vaut mieux s’en prémunir. Si cette nouvelle «peste» devient un fléau mondial, les incrédules en seraient les premières victimes. «Il vaudrait donc mieux vous assurer d’être marqué par le sceau des conseils médicaux et d’Allah pour être protégé. Sinon, vous allez mourir dans d’affreuses souffrances, des hémorragies multiples, comme ça a d’ailleurs été constaté chez des personnes qui l’avaient contracté, parce qu’ils n’étaient pas protégés. Evitez donc d’être le prochain candidat qui devra répondre à la grande faucheuse, Ebola», nous conseillait un Imam de la place.
Bruno E. LOMA