La prévention est de mise…surtout dans une Afrique de l’ouest où le contact humain est des plus fréquents. Par tradition et coutume, nos mains passent et repassent dans mille mains de parents et d’amis au quotidien. Alors, une question s’impose dans ces conditions: faudra-t-il renoncer en ce moment à certaines de nos habitudes nécessitant le contact humain afin de limiter la propagation du virus?
C’est une interrogation qui nécessite urgemment une réflexion lucide, dénuée de tout tabou, puisque la santé des millions de gens est concernée…
Pour autant, il va de soi que cela ne devra pas nous inciter à adopter des comportements discriminatoires envers les patients et les malades souffrant du virus. Ensemble, nous devons surtout travailler solidairement à leur guérison, et stopper du même coup cette épidémie qu’on minimise encore, alors qu’elle doit nous préoccuper davantage comme toutes les autres crises actuelles.
Ebola, ça touche à l’image de toute l’Afrique (et avec elle donc son économie déjà fragile). Pour les déplacements à l’étranger aussi, ça craint. En ce sens, je rappelle que le phénomène sert déjà de prétexte idéal pour imposer aux voyageurs africains vers les pays occidentaux, un traitement spécial (contrôle accru, test etc.). Cela, c’est sans parler des “invectives ségrégationnistes” très fréquentes maintenant à l’endroit de la diaspora africaine en Europe. Si vous lisez les commentaires des vidéos traitant du virus sur les réseaux sociaux…, vous mesurez à quel point le phénomène ravive de plus en plus en l’homme ses côtés les plus immondes. Il y a un véritable risque latent d’explosion de ce que j’allais appeler “la haine sociale” en Afrique d’abord, puis à travers le monde.
Agissons vite, car ceci n’est pas une fiction hollywoodienne. Il importe vraiment qu’on s’y penche ensemble dans l’urgence. Si nous pensons qu’Ebola, c’est seulement dans les zones répertoriées par les spécialistes de l’épidémie et les médias, nous nous trompons. Dans une Afrique connue pour ses frontières poreuses et ces migrations immaîtrisables, il serait intéressant de connaître le nombre des porteurs du virus (circulant parmi nous) que l’OMS et nos autorités sanitaires n’ont pas encore pu identifier… N’oublions pas que, dans ce contexte délicat, même avec des simples symptômes de palu, les gens hésitent beaucoup avant d’aller chez un médecin. Le simple fait d’être condamné en quarantaine en dissuade beaucoup…à fortiori de voir ses chances de vie diminuer à la suite d’une simple consultation…
Alors, il importe de soulever le débat, sensibiliser les gens en avance, et créer les conditions idoines pour arrêter la propagation de l’épidémie. Agissons vite, mais avec sérénité, pondération et entraide!
Aboubacar Maiga