Par Franck Kuwonu
Le Fonds international de développement agricole (FIDA), un organisme des Nations Unies qui finance ’agriculture dans les pays pauvres, a prévenu que cela pourrait provoquer une crise alimentaire si des mesures adéquates ne sont pas prises rapidement afin de protéger la production agricole.
Dès septembre 2014, le gouvernement libérien indiquait qu’une grande partie des récoltes de riz ne pouvait se faire dans le centre, le nord et l’ouest du pays à cause d’une pénurie de main d’œuvre. Pour autant, les communautés locales ne voulaient pas recruter des travailleurs en dehors de leurs propres communautés de peur qu’ils ne leur ramènent le virus.
« En Sierra Leone, nous avons appris que jusqu’à 40% des exploitations agricoles dans les zones les plus affectées avaient été abandonnées », a déclaré le Président du FIDA, Kanayo F. Nwanze à Afrique Renouveau. En Guinée, les mêmes entraves aux mouvements de population ont eu « un effet dévastateur sur la production agricole et les exportations alimentaires ».
C’est ainsi que dans la région du Fouta-Djalon, les exportations de pommes de terre vers le Sénégal n’ont été que de 22 tonnes alors qu’elles étaient de 250 tonnes l’année précédente.
À cause de ces perturbations, notamment les entraves à la libre circulation dans les zones de production alimentaire, les prix ont considérablement baissé sur les marchés de gros tandis que les prix de détail ont grimpé en flèche sur les marches locaux. « En août, le prix de gros d’un kilo de pommes de terre était tombé de 3500 à 200francs guinéens », a expliqué M. Nwanze.
Au Libéria, les prix de gros des denrées alimentaires avaient commencé à baisser à la mi-septembre sur les principaux marches de la capitale Monrovia parce que, selon le Ministère de l’agriculture, les paysans étaient inquiets des risques de pourriture que les multiples barrières routières sur la voie menant vers la ville faisaient courir aux produits frais.
Au même moment, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révélait les résultats préliminaires d’évaluations rapides d’après lesquels les prix des produits de base, y compris la nourriture, avaient augmenté en moyenne de 30% à 75% en un peu plus d’un mois dans le comté de Lofa, comté rural le plus touché au Libéria.
En août 2014, un rapide relevé des prix à la consommation révélait également de fortes augmentations des prix des denrées de base et des matières premières tells que le manioc (150 %); l’huile de palme (53%), le gari (obtenu à partir de la racine de manioc râpée) (100 %), le poivre (133%) et les bananes plantains (66 %) sur une période de deux semaines au marché Red Light, l’un des plus grands marches de Monrovia.
Selon M. Nwanze l’agriculture, et notamment le fermage à petite échelle, contribute au produit intérieur brut des pays touchés à hauteur de 20 % à 40 %. Le président du FIDA recommande que des mesures d’urgence soient prises, telles que la constitution de réserves alimentaires dans les pays touches ou au niveau régional « afin de pouvoir fournir une aide alimentaire massive aux moments opportuns. » Et de rajouter que les pays affectés devraient si possible intensifier la production alimentaire dans les zones non affectées.
La FAO estime à trente millions de dollars environ, le montant nécessaire pour aider ceux qui sont dans le besoin, notamment en fournissant une aide alimentaire à environ 90.000 ménages dans les trois pays. Un programme d’intervention régional pour l’Afrique de l’Ouest, que la FAO devra metre en œuvre en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, visera à accroître les revenus et la production agricole.
Quel désastre
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