Au fil des jours, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola laisse constater qu’elle a la vie dure et continue de semer en tous ou presque la graine de l’inquiétude
Le 20 aout dernier, l’OMS annonçait à Genève un bilan d’au moins 1427 morts, avec 624 au Libéria, 406 en Guinée Conakry, 392 au Sierra Leone et 5 au Nigéria (sur un total de 2615 cas confirmés, probables ou suspects). Ces pays, plongés dans une situation sanitaire critique, sont considérés comme de véritables foyers d’infections, ce qui amène leurs voisins à fermer leurs frontières. Comme ce fut le cas récemment avec le Sénégal dont les autorités ont décidé de fermer jusqu’à nouvel ordre les frontières terrestres avec la Guinée Conakry, et de suspendre les liaisons aériennes et maritimes avec le Libéria, la Sierra Leone aussi.
Une semaine après la mise en application de ces dispositions, le premier cas d’Ebola a été confirmé au Sénégal par le ministère de la santé, le vendredi dernier. Un cas importé, puisque le patient est un jeune étudiant guinéen. Et cette confirmation d’un cas d’Ebola dans ce pays a mis en alerte son voisin Bissau Guinéen, où jeudi et vendredi, selon RFI, des émeutes ont éclaté dans la ville de Nzérékoré. En République démocratique du Congo, où elle a fait une entrée fracassante, l’AFP rapporte que l’épidémie y a fait 31 morts.
Il va sans dire qu’Ebola est une maladie qui se révèle foudroyante. «
Du jamais vu
Le rythme et l’ampleur de l’accélération d’Ebola sont du jamais vu. C’est une situation sans précédent. Nous n’avons pas connu de situation d’Ebola couvrant les villes, les zones rurales, si rapidement, et sur une telle ampleur géographique. Cela ne va pas s’inverser du jour au lendemain, cela ne va pas être facile. Nous nous attendons à plusieurs mois de travail acharné, plusieurs mois à nous débattre avec cette épidémie”, a déclaré à l’AFP, le vendredi 22 aout, Keiji Fukuda, directeur adjoint de l’OMS pour la sécurité sanitaire. C’était à Monrovia. Cette déclaration, peut-on l’affirmer, montre à quel point l’affaire Ebola est grave. Une gravité qui va au-delà de l’imaginable !
Impact économique
Outre le bilan meurtrier, Ebola a aussi installé les pays touchés dans une situation économique des plus préoccupantes. Au point que le 28 aout dernier, le FMI a tiré la sonnette d’alarme. A en croire l’organisation, l’épée de Damoclès d’un net ralentissement de la croissance économique, le risque de besoins de financements, l’augmentation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, sont brandis sur les trois pays les plus touchés (Guinée Conakry, Sierra Leone, Libéria). Aussi, selon la Banque africaine de développement, qui a mobilisé une aide d’urgence de 60 millions de dollars, Ebola pourrait couter 1 et 1,5 point de PIB à ces pays.
Ebola est en train de semer la désolation. Partout, des appels à la vigilance se font insistants. Et il est clair aujourd’hui que fermer, pour les pays affectés et non-affectés, que fermer les frontières est loin d’être une solution. Ce qu’il faut, c’est plutôt une mobilisation de toutes les énergies.
Boubacar SANGARE