En mai 2019, à Genève, le Mali, représenté par son ministre de la Santé, a adhéré aux 11 engagements de la 72ème Assemblée mondiale de la Santé. Des engagements qui visent essentiellement à apporter l’eau, l’hygiène et l’Assainissement dans tous les centres de santé du Mali. Plus de trois ans après leur adoption, qu’est-ce qui a été réellement fait dans la mise en œuvre de ses engagements ?
Mai 2022, une polémique enfle sur les réseaux sociaux. Elle vient du CHU Gabriel Touré. Depuis quelques semaines, la morgue de cet hôpital très sollicitée, en cette période de l’année (canicule), est sans eau. Une pénurie d’eau qui obligeait les familles à apporter le corps de leurs défunts ailleurs pour le bain rituel. La polémique a fait réagir les plus hautes autorités : un forage a été installé spécialement pour la morgue du CHU Gabriel Touré. Cet incident n’est pas un cas isolé dans les centres de santé au Mali.
« L’eau dans les centres de santé n’est pas un luxe », indique Sory Ibrahim Bouaré, Conseiller à l’OMS. Et d’expliquer : « apporter l’eau, l’hygiène et l’assainissement, c’est lutter contre des problèmes de santé publique ». Dans les pays en développement, ajoute Bouaré, 10% des maladies sont associées aux infections contractées en milieu de soin. Aussi, affirme-t-il, l’accès à l’Eau, Hygiène, assainissement dans les centres de santé, met à l’aise l’agent de santé et garantit donc des soins de qualité.
Pour en arriver à cet idéal, Sory Ibrahim Bouaré se réjouit de la tenue ce 31 janvier de l’atelier de finalisation et de validation du Plan stratégique national 2023-2027 pour l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les centres de santé au Mali. Un plan dont l’adoption va accélérer, à ses dires, la mise en œuvre des engagements de la 72ème Assemblée mondiale de la Santé. « L’adoption de ce plan quinquennal est un motif de satisfaction », a indiqué Boureima Tabalaba, membre de la CN-CIEPA, une organisation de la société civile. Car, assure ce dernier, il s’agit de mettre en place une approche intégrée entre le secteur de l’eau et de l’assainissement, et celui de la santé.
« Évolution timide… »
A Genève, les 11 engagements contenus dans la Résolution de la 72ème Assemblée mondiale de la Santé sont entre autres : 1) mener des évaluations complètes afin de quantifier la disponibilité, la qualité et les besoins concernant les services d’eau, d’hygiène et d’assainissement (WASH) ; 2) élaborer et mettre en œuvre une feuille de route afin que chaque établissement de santé dispose d’un approvisionnement en eau fiable et géré de manière sûre; de toilettes ou de latrines suffisantes, accessibles ; 3) établir et appliquer des normes minimales pour les services d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène et pour la lutte anti-infectieuse dans tous les cadres de soins de santé; 4) harmoniser les stratégies et les approches aux initiatives mondiales sur le WASH en milieu de soins et contribuer aux objectifs de développement durable (ODD 3 et 6); 5) mettre en place des mécanismes solides de coordination multisectorielle.
« Dans le cadre de la mise œuvre des engagements, des activités importantes ont été menées au cours de l’année 2022 », se réjouit Mahamane Touré, Chargé de Programmes à WaterAid. Ainsi, du 2 au 4 mars 2022, le Plan d’action a été révisé. Un nouveau Plan d’actions 2022-2025 pour l’accès au WASH dans les centres de santé a été adopté. Parallèlement à la mise en œuvre de ce plan, une « Task Force » pour la mise en œuvre du plan a été formellement créée par une Décision de la direction générale de la santé et de l’hygiène publique le 1er Avril 2022. Également, en 2022, la version 2.0 de l’outil d’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans les établissements de santé (WASH FIT) a été adoptée et adaptée au contexte malien. Une formation des formateurs sur cet outil a été exécutée.
« Malgré ces réalisations, il y a une évolution timide dans la mise en œuvre des engagements », souligne Mahamane Touré, de l’Organisation Internationale WaterAid. Selon lui, trois (3) engagements ont atteint plus de 50% de taux de réalisation. Il s’agit des engagements n°5 ; n°7(totalement réalisé) ; et n°8. Aussi, cinq (5) engagements sont à – 50% de taux de réalisation. Il s’agit des engagements n°2, 4, 6, 9 et n°11. A ce jour, trois (3) engagements n’ont pas encore débuté.
A ce rythme, le Mali pourrait-il atteindre ses engagements à l’horizon 2030 ? A la représentation de l’OMS au Mali, on est optimiste. « Depuis le COVID-19, les partenaires sont présents dans le domaine de la santé », rassure Sory Ibrahim Bouaré. Cependant, la seule présence des partenaires ne suffira pas à combler le retard. « Il faut aussi le dynamisme au niveau de l’Etat », conclut-il.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net