Le diabète gestationnel ou diabète de grossesse est une augmentation du taux de sucre ou glycémie qui apparait pendant la grossesse chez la femme qui n’avait jamais présenté d’hyperglycémie et disparaît juste après l’accouchement. Afin de nous permettre de mieux comprendre la maladie, Dr. Ibrim Traoré, médecin résident en gynécologie obstétrique au CHU Hassan II de Fès au Maroc, a accepté de se prêter à nos questions.
Mali Tribune : C’est quoi un diabète gestationnel et quelles en sont les causes ?
Dr. Ibrahim Traoré : Le diabète gestationnel est un trouble de la tolérance glucidique (sucre) de sévérité variable, découvert ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse. Autrement dit, c’est une forme de diabète touchant les femmes enceintes.
Au cours de la grossesse, le placenta, l’organe qui relie le fœtus à l’organisme maternel, produit des substances appelées hormones. Ces substances agissent sur l’insuline (hormone qui aide l’organisme à contrôler le taux de sucre dans le sang) en perturbant son activité, ce qui provoque un trouble de la tolérance au sucre chez certaines femmes.
Le placenta atteint son pic d’activité vers la fin du deuxième trimestre de la grossesse. C’est pourquoi, généralement, on observe la plupart des diabètes gestationnels à ce stade de la grossesse. Les femmes qui développent un diabète gestationnel présentent un risque plus élevé de développer le diabète de type 2 (la forme la plus fréquente de diabète avec 90 % des cas qui se manifestent généralement à l’âge adulte) au cours de leur vie.
Mali Tribune : Quels en sont les symptômes et les facteurs de risque ?
Dr. I. T. : Le diabète gestationnel est généralement asymptomatique, c’est-à-dire peut passer inaperçu. Parfois les femmes atteintes du diabète gestationnel peuvent ressentir les mêmes signes que le diabète chez une personne non enceinte comme la fatigue, la faim excessive ou la soif excessive, les infections à répétition.
Souvent ce sont les complications qui révèlent la maladie du fait du manque de diagnostic ; c’est pourquoi toutes les femmes enceintes doivent bénéficier du dépistage du diabète gestationnel qui se fait au moyen d’une prise de sang. L’antécédent familial de diabète, obésité, âge > 35 ans, antécédents obstétricaux de pré-éclampsie, mort in utero, macrosomie fœtale, malformation fœtale : sont généralement ses différents facteurs de risques.
Mali Tribune : Pouvez-vous nous expliquer son taux de dangerosité sur la mère et l’enfant ?
Dr. I. T. : C’est une maladie particulièrement dangereuse du fait de ses complications à cours et à long terme tant chez la mère que chez l’enfant.
A court terme, chez la mère, ce sont les fausses couches, la césarienne, les infections au cours de la grossesse et l’hypertension (HTA gravidique). Chez l’enfant, c’est surtout la macrosomie, c’est-à-dire un poids à la naissance supérieur à 4 kg, mort-né, détresse respiratoire, les accouchements difficiles.
A long terme, les femmes qui ont développé un diabète gestationnel ont tendance à refaire un diabète gestationnel lors d’une prochaine grossesse ou le plus souvent le diabète va persister même après l’accouchement. Et les enfants sont souvent atteints d’obésité qui constitue un facteur de risque de maladie cardio-vasculaire.
Mali Tribune : Comment diagnostiquer et traiter le diabète gestationnel ?
Dr. I. T. : Le diagnostic du diabète gestationnel se fait au moyen d’une prise de sang. Pour les femmes enceintes qui présentent un facteur de risque, le test est réalisé dès le début de la grossesse au premier trimestre par une prise de sang réalisée à jeun à la recherche du taux de sucre dans le sang appelé glycémie à jeun qui doit être au-dessous de 0,92 g/dl.
Au deuxième trimestre, idéalement entre 24-28 semaines d’aménorrhée, toutes les femmes enceintes doivent bénéficier du dépistage du diabète gestationnel au moyen d’une prise de sang après ingestion de 75 g de sucre. Une prise de sang directement après ingestion du sucre puis une heure et deux heures après. Les valeurs de ces prises de sang doivent être inférieures respectivement à 0,92 g/dl, 1,80 g/dl et 1,53g/dl. Une seule valeur anormale suffit pour poser le diagnostic.
Le traitement commence d’abord par une surveillance quotidienne de la glycémie et du fœtus. Après on débutera par un régime alimentaire bien équilibré surtout chez les femmes qui sont obèses et 80 % des diabètes gestationnels sont bien équilibrés sous régime seul. Puis les activités physiques régulières s’ils n’existent pas de contre-indication médicale. Si malgré un régime bien adapté et une activité physique régulière le taux de sucre reste toujours déséquilibré, on aura recours à l’insuline par voie injectable.
Propos recueillis par
Aïchatou Konaré