Dossier Ebola : Epidémie, le péril Ebola

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Ne dites surtout à personne que les Guinéens, Libériens, Sierra-léonais et Nigérians sont les seuls concernés par la Fièvre Hémorragique à Virus Ebola (FHVE). Nul ne perdre sa peine à vous dire de descendre de votre nuage : depuis le 08 août, la FHVE a été déclarée « urgence de santé publique internationale ». La situation de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, où elle sévit comme un feu de brousse sous l’harmattan, est toujours des plus critiques. Dans les 4 pays les plus touchés, que sont la Guinée-Conakry, Libéria, Sierra-Léone, Nigéria, l’état d’urgence a été décrétée. Avec plus de 1069 morts, c’est véritablement le signe que la côte d’alerte a été atteinte, le tableau est sombre.

Il est vrai que le risque de contagiosité de cette épidémie est grand. Ce qui a amené certains pays à fermer leurs frontières avec ces pays touchés, comme l’a fait récemment le Cameroun avec son grand voisin nigérian. Partout, désormais le fer de la vigilance reste dressé. Des recommandations sont infusées aux populations qui vivent cernées par la peur. Parmi ces recommandations émanant de l’Organisation Mondiale de la Santé, il y a, entre autres, l’utilisation des gels désinfectants pour main à base d’alcool, le lavage régulier des mains et à fond avec de l’eau coulante et le savon. Il est aussi recommandé d’éviter de serrer les mains et de faire des accolades. Car, pour mémoire, le virus Ebola est transmis par les fluides du corps comme la sueur, le sang et la salive. Au Mali, il est impossible de ne pas dire que la menace d’Ebola n’a pas encore mis les voiles, surtout avec un voisin comme la Guinée-Conakry, foyer de l’épidémie. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la décision du ministère de la santé et de l’hygiène publique à installer, entre autres, une camera à l’aéroport de Bamako-Senou, des cordons sanitaires aux frontières et dans les sites miniers, à sensibiliser et à communiquer pour la santé des communautés…

C’est donc une mobilisation de toutes les énergies que provoque Ebola, lequel a éveillé des résonances intenses jusqu’au sein de la BAD, qui est disposée à financer un projet multinational de 60 millions de dollars pour renforcer les systèmes de santé et les institutions régionales dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Ebola est indéniablement un malheur qui va laisser des traces dans les cœurs et les esprits. Un malheur auquel il faut trouver une solution efficace. Et le plus vite sera le mieux.

Boubacar Sangaré  

 

 

Chronique Internationale : Ebola, Jean-Marie Le Pen et la question de l’immigration

C’est un fait, la fièvre hémorragique à virus Ebola a placé l’Afrique sous les projecteurs de l’actualité et installé un climat de peur générale. En Afrique de l’Ouest, elle connaît une flambée avec, selon Organisation mondiale de la santé, 1069 morts essentiellement en Guinée-Conakry, Liberia,  Sierra Leone et au Nigeria, qui sont les pays les plus touchés. De partout montent des appels à la vigilance face à une maladie qui se révèle foudroyante. Le continent est dans un état d’alerte permanent. Un malheur qui est en train de semer la dévastation, la désolation. Comme pour donner raison à Albert Camus dans Caligula « On ne choisit pas le malheur, mais c’est le malheur qui choisit.»

 

Mais ce qui choque, c’est que cette épidémie, outre le fait qu’elle a inspiré des comédiens, des cinéastes sur le continent ou ailleurs et fait des vagues, donne à quelques fachos et politiciens en mal d’inspiration, matière à clabauder, amalgamer et étaler devant tout le monde leur haine« de l’autre ».

D’aucuns se demanderont quel est le rapport avec Jean-Marie Le Pen. Simplement parce que ce vieux tribun, serial provocateur, a encore puisé à pleines mains dans l’abécédaire de la xénophobie de l’extrême droite pour railler l’Afrique frappée par la FHVE. C’était en mai dernier, a-t-on lu sur le site de RTL, lors d’un cocktail de presse où celui qui est aujourd’hui le président d’honneur du Front national a évoqué « l’explosion démographique dans le monde, le risque de submersion de la France par l’immigration et le remplacement de la population qui est en cours ». C’est là, peut-on vraiment l’affirmer, les idées qui servent de fonds de commerce à l’extrême droite en Europe, surtout en France.

On le sait, en France, le Front national est le grenier d’idées xénophobes, racistes, islamophobes, ce qui l’a diabolisé auprès d’un grand nombre de l’électorat. Même si, ces derniers temps, sa présidente Marine Le Pen a entrepris une vaste campagne de dédiabolisation qui semble avoir l’effet d’un pétard mouillé, en regard des actes et déclarations racistes dont se sont rendu coupables des candidats du parti.

Pour Jean-Marie Le Pen, pour qui l’immigration serait une menace, « Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois » ? Voilà une trouvaille vaccinale, mais sardonique, contre ce qui est perçu par le Front national comme une épidémie : l’immigration. Ainsi, l’immigration est devenue une hantise, un sujet qui est plus cher à Jean-Marie Le Pen que le vieux cœur qui bat dans sa poitrine, un fouet dans sa main avec lequel il ne se lasse jamais de cingler dans ses discours les immigrés.

 

Pour le Front national et son électorat, le problème n’est pas le chômage, la dégradation de la santé financière… Pour eux, le problème est l’étranger, immigré noir ou arabe, qui est brandi en permanence comme une menace. Et le plus grave, c’est que ce parti est en train de monter en force, en témoigne le score de Marine Le Pen à la dernière présidentielle et la victoire du FN au récent scrutin européen. D’ores et déjà, des commentateurs politiques parient sur une présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle en 2017.

Disons-le clairement, s’il y a aujourd’hui un mensonge qu’on jette aux Européens comme des os aux chiens, c’est de leur faire croire que l’immigration est la seule menace. Au point que les politiques prennent des mesures pour tarir le flux de migrants qui arrivent à Lampedusa, traversent le détroit de Gibraltar… Personnellement, je crois à cette règle, qui n’est écrite nulle part, selon laquelle « rien ni personne ne peut arrêter un être humain qui a décidé de quitter sa terre pour un ailleurs qu’il juge meilleur (1) ». Les propos de Jean-Marie Le Pen n’ont pas fait l’objet d’une forte dénonciation dans la classe politique et la presse française, ce qui est grave à une époque où ailleurs en Espagne, en Italie, aux Etats-Unis, au Canada, la tendance est à la reconnaissance du fait que l’immigration contribue à l’amélioration de la croissance économique. Ce qu’il faut signaler à l’attention de Jean-Marie Le Pen, qui semble appartenir à une époque révolue, c’est que le temps est à l’évolution des peuples, au métissage, aux mouvements des populations, et que le vrai problème de son pays, voire de toute l’Europe, c’est la faillite de la politique économique. Et, on ne peut pas ne pas dire qu’il rit du malheur des Africains, ce qu’on pourrait appeler du « terrorisme moral ».

(1) L’Union européenne est en panne. Réponses inappropriées, erreurs diplomatiques, valeurs perdues… Face au flux d’immigration arabe, l’Europe s’entête et s’enlise, Slate Afrique, Akram Belkaïd, le 2 mai 2011.

Boubacar Sangaré

 

 

RECOMMANDATIONS

En accord avec les recommandations de l’Organisation Internationale de la Santé (l’OMS) pour la désinfection des mains, il est conseillé d’utiliser les gels désinfectants pour main à base d’alcool. En plus de l’utilisation du gel désinfectant, les mains doivent être régulièrement et à fond lavées avec de l’eau coulante et le savon comme un autre moyen de les désinfecter. Se désinfecter les mains est le moyen le plus simple, le plus facile et le plus efficace pour éviter la transmission des microbes produisant les maladies – y compris le virus de Ebola. Comme un rappel, le virus d’Ebola est transmis à travers les fluides du corps tels que la sueur, le sang et le salive.

SITUATION DE L’EPIDEMIE DE FIEVRE HEMORRAGIQUE A VIRUS EBOLA EN AFRIQUE DE L’OUEST : 13 août 2014.

Avec 1893 cas cumulés et 1043 décès  à la mise à jour du 11 août 2014, l’épidémie continue à s’étendre dans les 4 pays déjà touchés (Guinée, Libéria, Sierra Léone et Nigéria) où l’état d’urgence a été décrété.

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