Depuis quelques jours, certains quartiers périphériques de Bamako bénéficient d’une distribution gratuite des moustiquaires imprégnées dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Cette belle initiative de l’Etat et de ses partenaires techniques et financiers n’aura pas son résultat escompté. Car les agents de santé, très souvent en complicité avec leurs responsables hiérarchiques, confisquent ces moustiquaires pour les vendre quelques mois après.
Après le recensement des manages à Kalaban-Coro, les habitants sont en train de souffrir le martyr pour avoir leurs moustiquaires. Et pour cause, après l’annonce de l’opération de distribution, les femmes ou souvent leurs maris se lèvent dès l’aube pour se diriger ces lieux pour revenir tard le soir, bredouilles. Pourtant, le centre de santé de Kalaban a mis dans le quartier, plusieurs postes de distribution à des endroits connus des habitants. Par exemple, chez le chef de quartier et au domicile d’un responsable de la mosquée. Mais, malgré tout, les pauvres dames n’arrivent pas à se procurer une seule moustiquaire à temps. Pire, après avoir passé plus de quatre heures à les attendre, les distributeurs qui, une fois sur place, trainent les pieds avant de déballer seulement quatre ou cinq balle de moustiquaires. Quand ce stock s’épuise, ils remercient les autres en leur clamant : « Il n’y a plus d’autres moustiquaires. C’est fini pour aujourd’hui. Revenez demain ».
Fatiguées et découragées, certaines femmes refusent de revenir à cause des tracasseries qu’elles ont subies. Le cas le plus révoltant est que certaines personnes sans scrupule, en complicité avec les agents de santé, rackettent les gens dans la file pour qu’ils aient vite leur moustiquaire. Une femme qui vient d’avoir son lot de moustiquaires nous explique comment elle s’en est sortie vite : « Il suffit de donner 200 CFA et le ticket à un de ses hommes, dans un instant, il te ramène tes moustiquaires », a-t-elle conseillé. Depuis, le monsieur sans scrupule a amassé des jetons de plus de 30 femmes. Quelques instants, il réapparait avec un colis de moustiquaires pour le remettre aux bénéficiaires. Plus tard, il décide d’augmenter le prix à 300CFA. Exaspérée, une femme qui s’était réveillée à 3 h 30 du matin a décidé de boycotter leurs moustiquaires. Elle dénonce la cupidité de ces distributeurs et de leurs complices et assure : « Même si c’est 10 CFA qu’il leur faut payer pour avoir les moustiquaires, je ne le ferai pas. Je préfère aller sans rien. Au Mali ils font de l’affaire dans toute chose. Ces moustiquaires ne sont ni pour leur père, ni pour leur mère. Elles sont destinées aux populations, c’est-à-dire nous. S’ils veulent donc nous racketter pour notre droit, je ne vais pas accepter cela. Qu’ils gardent leurs moustiquaires ».
En effet, Selon une source proche du Centre de Santé de Référence de Kalaban-coro, cette action des distributeurs est faite sciemment pour décourager les habitants afin de garder le reste. Une vendeuse de moustiquaires aussi affirme qu’elle se ravitaille aux stokes du CSRF de Kalaban- Coro et d’autres centres de santé de la capitale. C’est pourquoi il écrit sur les moustiquaires que nous achetons sur le marché : « Ministère de Santé, vente interdite au Mali »
Depuis des années, le ministère de la santé du Mali a initié un Programme National de Lutte Contre le Paludisme. Mais le taux de mortalité dû à cette maladie ne cesse de croitre au fil des années. La seule raison est la magouille des responsables de certains centres de santé. Pire, les agents des distributions de moustiquaires. Les cas des sages-femmes qui refusent de donner les moustiquaires aux femmes enceintes et aux enfants de neuf mois. Une femme en témoigne : « Après la vaccination de 9 mois de mon enfant, la sage-femme m’a dit qu’il n’y avait plus de moustiquaire. Même quand j’étais enceinte, elle m’a dit la même chose. Je n’ai jamais obtenu de moustiquaire à la PMI », déplore-t-elle à Badalabougou. Pourtant, selon l’Enquête Démographique de Santé effectuée de 2012à 2013, des dizaines d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année, des suites de paludisme. Si rien n’est fait, ce chiffre risque
de prendre l’ascenseur à cause des pratiques peu orthodoxes des agents de santé. .
Christelle