Au Mali, la rotavirus est la principale cause de la maladie diarrhéique, toutes catégories d’âge confondues, nourrissons, jeunes enfants et 2-5 ans. Cette révélation a été faite par l’étude multicentrique mondiale des germes entériques (Gems) de Bamako conduite par le Centre pour le développement des vaccins du Mali (Cdv) avec comme principal responsable scientifique principal le Prof. Samba Ousmane Sow, directeur général du Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (Cnam). Celui-ci, entouré de toute son équipe, a brillamment présenté aux professionnels aux médias et de la santé cette étude financée à hauteur de 80 millions de dollars US par la fondation Bill & Melinda gate.
Le Mali occupe la troisième place des pays d’Afrique subsaharienne pour les taux de mortalité infantile, à cause de la diarrhée. La Ministère de la santé du Mali a pris des engagements afin de réduire le plus possible la charge de morbidité des maladies diarrhéiques par la promotion de l’hygiène et de l’amélioration du système sanitaire à tous les niveaux de la pyramide. Cependant, l’ignorance des vecteurs fondamentaux de la maladie diarrhéique a fortement limité les avancées dans cet objectif.
Heureusement, grâce au Prof. Sow, le Mali a été retenu parmi les sept pays sélectionnés pour l’étude multicentrique mondiale des germes entériques. Gems est la première étude à si grande échelle sur les maladies diarrhéiques, englobant plus de 20 000 enfants d’Afrique et d’Asie. La ville de Bamako a été choisie comme le site Gems du Mali parce qu’il ptrésente un taux de mortalité infantile dû à la diarrhée élevé.
Le 14 mai dernier, les conclusions de l’étude multicentrique mondiale des germes entériques ont été publiées dans la revue américaine « The Lancet » offrant ainsi, pour la toute première fois, des données scientifiques complètes sur les causes et les répercussions de la diarrhée aigüe d’intensité moyenne à sévère (Dms) et proposant de réelles solutions efficaces en matière de traitement et de prévention.
« Les conclusions de Gems représentent un atout inestimable dans la lutte contre les maladies diarrhéiques, et je suis particulièrement fier que le Mali ait été parmi les sept pays sélectionnés pour l’étude », se réjouit le Prof. Sow. Pour qui, « toutes les familles et leurs enfants qui ont participé à cette étude ont contribué à faire avancer les connaissances scientifiques sur les causes majeures des maladies diarrhéiques et à trouver les solutions de demain non seulement au niveau local, mais aussi au niveau mondial ».
On retient de Gems qu’elle apporte la preuve scientifique que sur la quarantaine d’agents pathogènes testés, seuls 4 sont responsables de la majorité des cas de Dms sur tous les sites. Il s’agit de rotavirus, cryptosporidium, St-Etec et Shigella. Le responsable scientifique principal de l’étude conduite par le Cdv se dit convaincu que des actions dirigées contre ces quatre vecteurs peuvent réduire de façon significative la charge de morbidité des maladies diarrhéiques. L’un d’eux, Cryptosporidium, pour lequel aucune initiative majeure n’avait été jusqu’ici entreprise, nécessitera des efforts de recherche particuliers.
Mais l’enseignement majeur dans cette étude, c’est qu’elle révèle que le rotavirus a été la cause principale de Dms chez les nourrissons pour l’ensemble des sites Gems. Au Mali, il a été désigné comme la principale cause de la maladie diarrhéique, toutes catégories d’âge confondues, nourrissons, jeunes enfants et 2-5 ans. Le rotavirus a provoqué à lui seul deux fois plus de Dms chez les jeunes enfants par rapport aux autres agents pathogènes.
Heureusement, le coup de cette mauvaise nouvelle est amorti par une bonne : c’est que les infections à rotavirus peuvent être évitées grâce à un vaccin. Au Malin le ministère de la santé travaille en collaboration avec l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (Gavi) pour permettre l’introduction de ce vaccin dans le pays, à partir de janvier 2014. Cependant, le Prof. Samba Ousmane Sow attire l’attention : « il importe à nous tous de s’assurer que ce vaccin arrive bien jusqu’aux enfants qui en ont le plus besoin. Cela ne pourra réussir que grâce au travail du personnel de santé, qui prépare et permet l’acheminement à grande échelle de ce vaccin, et grâce au soutien des parents pour amener leurs enfants à la vaccination dans les services de santé les plus proches de leurs localités ».
Sékou Tamboura
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