Le Mali est “en état d’alerte” après qu’un cas de poliomyélite dérivé d’une souche vaccinale a été confirmé, a annoncé lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), précisant qu’il s’agissait d’un bébé de 19 mois dont la paralysie est survenue en Guinée.
“Le pays est en état d’alerte après que les autorités de Bamako, la capitale et la plus grande ville du pays, ont détecté un cas dont la date de paralysie remonte au 20 juillet 2015”, explique l’OMS dans un communiqué.
Les résultats préliminaires révèlent qu’il s’agit d’un enfant de 19 mois, de nationalité guinéenne dont la paralysie est survenue en Guinée environ 7 jours avant son arrivée à Bamako pour la recherche de soins.
Le virus détecté est génétiquement lié à une souche vaccinale (PVDV2) confirmée dans le district de Siguiri, dans la région de Kankan en Guinée en août 2014 et qui depuis plus de 2 ans circule à travers les frontières internationales sans détection.
Le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) contient une forme atténuée du poliovirus. Quand le VPO est administré, la souche vaccinale affaiblie se réplique dans l’intestin. Mais pendant ce temps, la souche vaccinale est également excrétée et dans les zones où l’assainissement est insuffisant, ces virus vaccinaux excrétés peuvent se propager dans la communauté locale. Dans de très rares cas, le virus acquiert, par mutation, la capacité de provoquer une paralysie, devenant ce que les experts appellent appelle un poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale.
Une épidémie de polio dérivée de souche vaccinale est en cours à Madagascar, et un autre cas a aussi été signalé au Nigeria, a expliqué à l’AFP Oliver Rosenbauer, porte-parole de l’OMS. C’est également la polio dérivée de souche vaccinale qui vient d’être confirmée en Ukraine.
Ce virus est différent de la polio dite “sauvage”. Le continent africain a célébré à la mi-août une année sans nouveau cas recensé de poliomyélite dite “sauvage”.
Le dernier cas de polio virus sauvage au Mali remonte au 11 juin 2011 à Goundam, région de Tombouctou.
D’après l’OMS, le risque de propagation du virus confirmé actuellement au Mali est “élevé”. Cette maladie hautement contagieuse est incurable, invalidante et parfois mortelle.
Pour les experts de l’OMS, “l’émergence et la diffusion du PVDV2 révèlent le faible niveau d’immunité de la population contre ce virus”. “La cause principale (…) réside dans les faibles taux de couverture vaccinale en Guinée”, poursuivent-ils.
Des opérations d’urgence sont en train d’être organisées pour arrêter la circulation du virus. L’opération d’urgence doit comprendre au moins trois campagnes de vaccination de haute qualité pour arrêter toute propagation possible à d’autres communautés.
Pour l’OMS, il est très important que les populations veillent à ce que tous les enfants de moins de cinq ans soient vaccinés au cours des trois passages de campagne contre la polio. Au Mali, la première campagne commencera dès cette semaine et dans les 14 jours en Guinée suivant les directives en vigueur.
Avec AFP