Décès d’enfants en Gambie : L’OMS lance une alerte mondiale concernant des sirops contre la toux

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Âgés de 20 mois, seulement, Musa est l’un des 70 enfants de la Gambie qui seraient décédés, en septembre dernier, après avoir reçu un sirop contre la toux qui avait été “potentiellement lié à des lésions rénales aiguës“,  selon l’Organisation mondiale de la santé.

Personne dans la famille ne touche au jouet de Musa – un rappel de ce qui a été perdu. Sa mère de 30 ans, Mariam Kuyateh, qui a quatre autres enfants, est en larmes et se souvient de ce qui est arrivé à son fils. C’est du moins, ce qui ressort du reportage de BBC Afrique sur ce scandale intervenu en Gambie.

Assise chez elle dans une banlieue de la plus grande ville de Gambie, Serrekunda, la dame Mariam Kuyateh, selon le récit de BBC Afrique, explique que la maladie de son bébé avait commencé par une grippe.  Après avoir été vu par un médecin, son mari a acheté un sirop pour traiter le problème.

« Lorsque nous lui avons donné le sirop, la grippe s’est arrêtée, mais cela a entraîné un autre problème », explique Mme Kuyateh.

“Mon fils n’arrive pas à uriner.”

Elle est retournée à l’hôpital et Musa a été envoyé pour un test sanguin, qui a exclu le paludisme. Il a reçu un autre traitement, qui n’a pas fonctionné, puis un cathéter a été installé, mais il n’a pas uriné.  Enfin, le petit enfant a été opéré. Il n’y a pas eu d’amélioration.

“Il n’a pas pu le faire, il est mort.”

Plus tôt la semaine dernière, l’OMS a lancé une alerte mondiale concernant quatre sirops contre la toux en lien avec les décès en Gambie.

L’OMS indique que les produits – Promethazine Oral Solution, Kofexmalin Baby Cough Syrup, Makoff Baby Cough Syrup et Magrip N Cold Syrup – ont été fabriqués par une société indienne, Maiden Pharmaceuticals, qui n’avait pas fourni de garanties quant à leur sécurité.

Le gouvernement indien enquête sur la situation. Et l’entreprise pharmaceutique n’a pas répondu à une demande de commentaire de la BBC.

Il y a beaucoup de colère en Gambie face à ce qui s’est passé. Il y a de plus en plus d’appels à la démission du ministre de la Santé, le Dr Ahmadou Lamin Samateh, ainsi qu’à la poursuite des importateurs de médicaments dans le pays.

« Soixante-dix, c’est un chiffre énorme. Nous avons donc besoin de justice, car les victimes étaient des enfants innocents », affirme Mme Kuyateh.

La petite Aisha, âgée de cinq mois, est une autre victime.

Sa mère, Mariam Sisawo, s’est rendue compte un matin qu’après avoir pris le sirop contre la toux, son bébé n’urinait plus.

Lors d’une première visite à l’hôpital, la jeune femme de 28 ans s’est entendue dire que la vessie de sa fille n’avait aucun problème. Il lui a fallu se rendre deux fois de suite à l’hôpital avant qu’Aisha ne soit envoyée dans un hôpital de la capitale, Banjul, situé à 36 km de leur maison de Brikama.

Mais après cinq jours de traitement, elle est morte.

« Ma fille a eu une mort douloureuse. À un certain moment où les médecins ont voulu lui fixer une perfusion, ils n’ont pas pu voir ses veines. Moi et deux autres femmes dans le même service, nous avons toutes perdu nos enfants », déplore-t-elle. Avant de signaler : « J’ai deux fils et Aisha était la seule fille. Mon mari était très heureux d’avoir Aisha et il n’arrive toujours pas à accepter sa mort ».

Actuellement, la Gambie ne dispose pas actuellement d’un laboratoire capable de tester si les médicaments sont sûrs et ils doivent donc être envoyés à l’étranger pour vérification, avoue le directeur des services de santé de Gambie, Mustapha Bittay, au programme Focus on Africa de la BBC.

Le Vendredi dernier, le président Adama Barrow a indiqué que le pays prévoyait d’ouvrir un tel laboratoire. Dans un discours télévisé à la nation, il a également demandé au ministère de la Santé de revoir les lois et directives applicables aux médicaments importés.

Mme Sisawo estime que le gouvernement aurait dû être plus vigilant.

« C’est une leçon pour les parents, mais la plus grande responsabilité incombe au gouvernement. Avant que des médicaments n’entrent dans le pays, ils doivent être correctement vérifiés s’ils sont propres ou non à la consommation humaine », dit-elle.

Isatou Cham était trop bouleversée pour parler de la mort de son fils de deux ans et cinq mois, Muhammed.

Elle a quitté le salon de leur maison à Serrekunda en pleurant avec ses deux autres enfants.

Le père de Muhammed, Alieu Kijera, a expliqué ce qui était arrivé à son petit garçon.

Il a dit avoir été transporté à l’hôpital lorsqu’il avait de la fièvre et qu’il était incapable d’uriner. Mais les médecins soignaient Muhammed pour le paludisme et son état empirait.

Les médecins ont alors dit qu’il devrait être soigné au Sénégal voisin, où le service de santé est considéré comme meilleur, mais bien qu’il y ait eu une certaine amélioration, cela ne l’a toujours pas sauvé.

  1. Kijera est fâché que son pays ne dispose pas d’un système de santé suffisamment bon et qu’il ait été contraint de voyager à l’étranger.

« S’il y avait eu du matériel et de bons médicaments, mon fils et de nombreux autres enfants auraient pu être sauvés », souligne-t-il.
En revanche, les autorités maliennes sont alertées sur ce scandale lié au décès des nourrissons en Gambie, après l’utilisation de sirops prescrits par les médecins contre la toux. Et quelles seraient les mesures déjà prises au Mali ?

Mariame Konaré

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