CSRéf de Kangaba : Centre de soins ou d’achèvement des patients ?

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photo à titre illustratif

Le nouveau Centre de santé de référence de Kangaba n’est plus que l’ombre de lui-même. Le bâtiment flambant neuf manque de personnel de santé qualifié. Tout est administré aux patients sauf des soins de qualité. Conséquence: la population meurt en silence. Le ministre de la  Santé, Pr Samba Sow,  est fortement interpellé pour y mettre de l’ordre.

Vu de loin, le nouveau local du Centre de santé de référence de Kangaba donne l’impression d’un  haut lieu de soulagement des patients. On croirait être  entre  de bonnes mains une fois admise dans ce  centre de santé. Tellement que le bâtiment a été  bien construit.  Mais on fait vite de déchanter une fois qu’on entre dans ce centre hospitalier pour y recevoir des soins. La beauté extérieure ne reflète pas la qualité des services rendus à l’intérieure.   La CSRéf n’est en réalité qu’une coquille vide. Car, c’est le désarroi et l’angoisse qui vous accueille lorsque vous vous retrouvez aux portes de ce centre hospitalier.

Les patients dans la quasi-totalité ne savent pas à quel saint se vouer. Les médecins censés s’occuper des patients sont permanemment absents des salles de patients. Il faut  sans cesse aller les chercher dans leur salle de garde, où ils passent le temps à papoter de tout et de rien. La situation est pire pour les patients qui ne sont pas lettrés. Les agents ne font que prescrire des médicaments qui n’ont rien avoir avec le mal dont souffre le malade. Conséquent: la maladie ne fait qu’empirer et le malade trépasse sous l’œil impuissant des parents. On est ébahi par une forte présence des stagiaires qui font la tâche du personnel recruté par l’Etat. Nul n’est contre le fait que les stagiaires apprennent la profession à côté du personnel aguerri. Mais il y a un pas à ne pas franchir. Le fait de  tout laisser aux stagiaires est dangereux, surtout s’il s’agit de la santé humaine.    Selon des sources concordantes, il y a parmi le personnel de la CSRéf de Kangaba des recalés du DEF qui n’ont pratiquement suivi aucune formation  en la matière. Ils doivent leur mérite au fait que leurs parents furent des médecins au Centre de santé.  « Mon père a été admis dans cet hôpital, pendant une semaine, on ne faisait que nous prescrire des ordonnances.  On achetait des médicaments et la maladie empirait. On a dû l’évacuer à Bamako. A l’Hôpital du Poing G, les médecins ont vérifié les ordonnances des médecins de Kangaba et nous ont fait savoir que ce sont ces médicaments qui ont aggravé la maladie. Malheureusement, mon père n’a pas survécu »,  fulmine un jeune qui a requis l’anonymat.

Pour Aboubacar Sidiki Traoré, cultivateur, Kangaba ne dispose pas de centre de santé. « Il n’y a que des stagiaires. Il n’y a qu’un seul médecin du nom de Kéita qui sait  ce qu’il fait», a-t-il lancé, avant de lancer un appel aux plus hautes autorités à envoyer des médecins qualifiés à Kangaba. Approchées par nos soins, plusieurs personnes dans les couloirs de la CSRéf de Kangaba, affirment que les médecins de ce centre sont sans qualification. Et ce qu’ils savent faire, c’est prescrire des médicaments qui, généralement, ne correspondent pas à la maladie dont souffre le patient.

Pire, il n’y a qu’une seule pharmacie à Kangaba, les autres ayant été fermées par l’Etat. Curieusement, l’unique  pharmacie ferme boutique à 22 heures. Comme si au-delà de cette heure les patients n’avaient plus droit aux médicaments. Alors, gare à ceux qui tombent malades à certaines heures de la nuit.

Le ministre de la Santé doit prendre ses responsabilités 

Il est nécessaire de construire des hôpitaux pour accroitre l’accès aux soins de santé des populations. Mais il est aussi impérieux de doter des structures sanitaires  d’équipements modernes et y déployer du personnel qualifié. L’état actuel du nouveau Centre de santé de référence de Kangaba est déplorable à tout point de vue. Des blocs toujours fermés à cause du manque de personnel, manque  d’équipements adéquats sont, entre autres des maux dont souffre la CSRéf.  Et pourtant, cette structure sanitaire est censée être une référence dans le cercle de Kangaba qui compte  près de 200 villages. Il urge que le département de tutelle prenne les dispositions qui s’imposent pour mettre fin  à cette situation qui n’a que trop duré. Car, il est inadmissible que l’accès aux soins de santé qui est l’un des droits fondamentaux l’homme soit pris à la légère.

Boubacar SIDIBE, de  retour de Kangaba

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5 COMMENTAIRES

  1. Salaam! quand tu lis ou écris la presse, tu as l’impression que la fin du monde est pour demain. Deux questions devaient faire l’objet d’une enquête:
    1. Combien de professionnels de santé pour le district sanitaire (norme OMS: 23 professionnels pour 10 000 habitants)?
    2. Qu’en pense le Médecin chef, Dr Ousmane KEITA (son avis vous aurait permis de sonder les causes)?
    L’officine n’est pas du ressort de l’Etat. Et la fermeture des dépôts est un acte légal. Au lieu de s’en prendre à la pharmacie, pourquoi l’état ne dote pas les centres de santé en medocs?
    Aujourd’hui vous glorifiez le Point G pour mieux l’abattre demain. Faites des investigations et non des sauts d’humeur parce qu’un parent souffre.

  2. Qui va payer ces privés? Il s’agit de soulager les patients et non de les laisser entre les mains de privés véreux capables de boire le sang des maliens de cette zone. Au Mali le secteur privé n’est de qualité aussi, il est le reflet du secteur public qui ne lui donne aucun chance de s’épanouir dans les règles de l’art et dans la dignité. Il le pousse jusque dans son dernier retranchement sans aucune pitié. Les deux secteurs finirons par se détruire mutuellement, cela es sans équivoque.

  3. Pourquoi ne pas faire appel aux ” Privés ” pour gérer ces hôpitaux dans ce cas, si l’ETAT n’arrive pas à assumer son role… ?
    Ce que vous décrivez à propos de l’hôpital de Kangaba, est presque la même que la description faite de la situation du Centre de santé de référence de Kayes…, la semaine dernière. Au point que le Ministre de la Santé aurait ordonné sa fermeture.
    Peut-être que c’est la même situation dans d’autres Chefs-lieux de Cercle, de capitales régionales, et surtout en zones rurales… ?
    Il y a des Jeunes diplômés qui ne demandent qu’à travailler… !

    • Heureusement que Barkane nous vient en appui sinon la situation est de même à Bourem.
      De Kalani à Djambour, notre souci c’est la prise en charge surtout que nous sommes encore plus démunis .

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