Crise de médicaments a l’Hôpital Gabriel Touré : Le Directeur Général accusé se défend

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Depuis quelques jours, des voix s’élèvent pour dénoncer la mauvaise gestion de l’hôpital Gabriel Touré. Nous avons approché le Directeur Général, Abdoulaye Néné Coulibaly. Il nous dresse un état des lieux qui tranche avec celui de ses accusateurs.

Selon certains fournisseurs qui ont requis l’anonymat, « depuis sa date de création, l’hôpital Gabriel Touré n’a jamais connu une crise aussi grave. Dans l’impossibilité de payer ses fournisseurs, il est aujourd’hui confronté au refus de ses derniers de lui livrer les produits nécessaires à son bon fonctionnement ». Ces fournisseurs pensent que la pharmacie de l’hôpital Gabriel Touré est le condensé de toutes les difficultés que traverse le Centre hospitalo-universitaire.

Des usagers de l’hôpital Gabriel Touré et des travailleurs sont formels : « Les nombreuses factures impayées aux fournisseurs, expliqueraient les ruptures intempestives en produits pharmaceutiques au niveau de la pharmacie ». Depuis plus d’un an, les gros fournisseurs avaient manifesté leur refus de ne plus livrer des médicaments à l’hôpital Gabriel Touré tant qu’une solution ne serait pas trouvée au problème de leurs factures impayées. Et comme une solution sérieuse ne leur a pas été proposée, ils ont mis à exécution leurs menaces.

Si les responsables de l’hôpital dans une gymnastique digne d’un acrobate de cirque se débattaient pour colmater les brèches en faisant face à certains besoins, il y a deux semaines que Gabriel Touré a commencé à ressentir la conséquence des ruptures dans son approvisionnement en ce qui concerne certains produits indispensables aux interventions chirurgicales, notamment les produits anesthésiants. De sources dignes de foi, certains médecins, faute de produits anesthésiques n’ont pas pu faire certaines interventions chirurgicales programmées la semaine dernière. Mais, à notre passage à Gabriel Touré, le 28 juin 2010, nous avons rencontré un médecin qui a reconnu la rupture momentanée des produits anesthésiques pour les interventions prévues chez les enfants.

« La semaine dernière, je n’ai pas pu faire mes interventions. Mais, cette semaine, apparemment tout semble être rentré dans l’ordre. On m’a informé que des produits sont disponibles », a-t-il affirmé. Interrogé sur la provenance de ces médicaments, il avoue n’avoir pas cherché à savoir d’où venaient ces produits et il ne peut pas dire non plus que cela signifie que les problèmes au niveau de la pharmacie sont réglés. 

De sources dignes de foi, nous pouvons dire que ces produits sont ceux acheminés d’urgence à Gabriel Touré par Mme Togo, conseillère technique du ministre de la santé chargée des hôpitaux, qui est venue constater l’acuité du problème auquel le Centre hospitalo-universitaire est confronté.

Du Côté de la direction, Dr Abdoulaye Néné Coulibaly, Directeur Général de l’hôpital Gabriel Touré, reconnaît qu’il y a des difficultés au niveau de la pharmacie. « Il ne faut pas se cacher la face, on a des difficultés au niveau de la pharmacie et cela ne date pas d’aujourd’hui », a-t-il déclaré. Avant de révéler que les difficultés au niveau de la pharmacie ne sont pas spécifiques au seul Centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré. Selon lui, la situation s’est sensiblement améliorée que celle d’il y a deux ou trois ans. Il a admis que l’hôpital a récemment rencontré un problème avec les produits anesthésiques. Selon lui, cela n’est pas dû à un problème de rupture de stock au niveau de la pharmacie de l’hôpital Gabriel Touré.

Mais, plutôt à l’arrivée sur le marché, de nouveaux produits qui ne sont pas utilisables dans les appareils dont dispose l’hôpital Gabriel Touré. « Il y a une nouvelle génération de produits anesthésiques  qui arrivent sur le marché. Il est aujourd’hui difficile d’avoir les anciens produits qui sont facilement utilisables dans nos installations. Nous avons commandé des cuves qui vont nous permettre d’adapter nos appareils aux nouveaux produits et le problème sera résolu. Mais en attendant, les hôpitaux se dépannent entre eux », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : «  ce matin, tous les programmes opératoires sont en exécutions et nous avons la conviction que nous allons aussi dépanner d’autres hôpitaux ».

Cependant, il a tenu à préciser qu’il a trouvé l’hôpital Gabriel Touré dans un gouffre financier de plus d’un milliard de FCFA. Il a aussi admis que l’hôpital a des difficultés avec ses fournisseurs qui n’ont pas la patience des procédures de décaissement au niveau du trésor. « Toutes nos difficultés, c’est par rapport aux ouvertures de crédits », a-t-il déclaré. Mais, par rapport aux difficultés que la pharmacie rencontre pour honorer ses engagements, Dr Abdoulaye Néné Coulibaly a estimé que cela est due en partie au fait que l’argent de la pharmacie a été utilisé pour faire face aux exigences des étudiants hospitaliers. « Pour désamorcer la grève des étudiants hospitaliers, j’ai reçu des instructions fermes venant de la Primature de leur payer leur dû. A l’époque c’était seulement au niveau de la pharmacie qu’il y avait de l’argent. Pour 350 étudiants, nous avons utilisé environ 126 millions de FCFA de la pharmacie. Et, cela a exacerbé les difficultés de la pharmacie », a-t-il déclaré. Mais, qu’à cela ne tienne, il déclare : « aujourd’hui, les 2/3 des produits dont a besoin Gabriel Touré sont là, mais certains diront qu’il n’y a rien ».

Même si de plus en plus des voix estiment que les grands travaux d’extension et de rénovation, amorcés à l’allure des travaux herculéens à Gabriel Touré cachent en réalité quelque magouille. Le Directeur Général dément. Selon lui, il n’a pas réinventé la roue et il a simplement décidé de mettre en œuvre le projet d’établissement élaboré depuis 2005. « Peut être ma façon de gérer ne plait pas, mais je suis convaincu que ça donne des résultats », a-t-il conclu.

Assane Koné


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