Evoluant déjà dans une certaine précarité à cause d’un difficile accès aux crédits, du marché timide ainsi que des conditions difficiles de production, le secteur du micro-entrepreneuriat féminin au Mali, a été mis en souffrance par la crise sanitaire de la COVID19 et ses conséquences.
-maliweb.net- La crise sanitaire et ses corolaires, n’a pas épargné le secteur de l’entrepreneuriat et les femmes ont été les grandes tributaires de cette crise notamment les femmes évoluant dans le secteur de la micro-finance. En effet, la pandémie a amené bon nombre d’entre elles en faillite. Les raisons évoquées sont entre autres : manque de financement des institutions bancaires, ralentissement des marchés à cause des restrictions des gestes barrières de la COVID19.
« Nos activités ont pratiquement cessé avec la COVID19. Nous avons enregistré beaucoup de pertes, nos produits en stock n’ont pu être écoulés avec la fermeture des frontières et les restrictions de rassemblements nous ont empêché de vendre nos produits à nos clients », déplore madame Sangaré Aïchata Koné, présidente de la plateforme des femmes auto-entrepreneurs pour les initiatives de développement au Mali.
Elle est réconfortée dans son propos par Mama Madani Samaké transformatrice dans l’agroalimentaire spécialisée dans le séchage de mangues. Qui déclare : « La crise a fortement impacté sur le marché. A cause des restrictions, la clientèle a pris peur et s’est raréfiée surtout que l’essentiel de nos commandes venait des expatriés pour la plupart. De ce fait, la majorité des revendeurs se sont retrouvés avec un stock important de produits non écoulés et qui ont fini par se détériorer. Un autre facteur de perte pour nous, a été surtout la pénurie de produits et instruments de travail à ne prendre en exemple que le manque de nos produits d’emballage qui proviennent de l’extérieur du pays. ». Le paysage du micro-entrepreneuriat malien est surtout constitué des actrices dont les activités génératrices de revenus s’articulent autour du maraîchage, de la teinture, de la savonnerie mais surtout la transformation de l’agroalimentaire.
Et pour soutenir et faire prospérer leurs commerces, ces femmes s’appuient sur les institutions de micro-finance qui les octroient des crédits pour leur fonctionnement. Seulement avec la crise sanitaire, beaucoup de femmes évoluant dans les groupements de femmes, estiment que l’accès aux crédits est devenu plus difficile avec la pandémie.
« Les banques sont trop rigides à notre égard, elles demandent de grosses garanties . Ce dont nous ne sommes pas toujours en mesure de faire, c’est pour ça que nous réclamons la flexibilité des taux des prêts », témoigne Mama Madani Samaké.
Mme Aichata Koné Sangaré, déplore également le manque d’accompagnement des institutions de finances ainsi que d’autres partenaires techniques et financiers. « Lorsque la maladie est venue, certains PTF sont rentrés, d’autres ont arrêté leurs activités. Alors que c’est grâce à ces contributions que beaucoup d’entre nous parviennent à se réaliser »., déclare-t-elle.
Pour leur part, les institutions financières déclarent que la crise n’ a aucunement influé sur les offres et qu’il n’y a eu aucune restriction des prêts. Toutefois, à leur niveau, elles reconnaissent qu’elles ont enregistré beaucoup de cas de non solvabilité, des prêts non remboursés par de nombreux groupements notamment. En effet, avec la crise, beaucoup de groupements connaissent de grosses difficultés à pouvoir rembourser les prêts octroyés.
Khadydiatou SANOGO/Ce reportage est publié avec le soutien de JDH/JHR-Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada