Le coronavirus continue de faire des victimes. Le Mali, a enregistré son premier cas le 25 mars 2020, et connait une progression exponentielle de cas confirmés. Les centres hospitaliers peuvent être des vecteurs à sa propagation. Ainsi, une évaluation des pratiques d’hygiène et de prévention de Covid-19 au Centre hospitalo-universitaire du Point G (CHU-PG) a été menée par Sanogo M, Cissoko Y, Tonnant RGT, Coulibaly, Camara H, Sacko A, Diallo AO, Dao S.
Il s’agissait pour les membres de cette équipe de juger d’une part les mesures pratiques initiées dans le cadre de l’hygiène et de la prévention, et leur niveau d’application par le personnel soignant de l’hôpital du Point G (HPG) et d’autre part contribuer à l’évaluation des pratiques d’hygiène et de prévention de la maladie à coronavirus (Covid-19) dans les centres d’isolement et de traitement du Centre hospitalier universitaire du Point G (CHU-PG) au Mali.
La méthode de l’étude était transversale et descriptive et s’est déroulée d’avril à juin 2020. Elle a concerné les centres d’isolement et de traitement de la Covid-19.
Au total, 63 agents des deux centres d’isolement et de traitement de la Covid-19 de l’hôpital ont été enquêtés. Il s’agit des médecins spécialistes (3,2 %), des médecins généralistes (30,2 %), des médecins en cours de spécialisation (DES) 3,2 %, des techniciens supérieurs de santé 3,2 % et des infirmiers 60,3 %.
Parmi ce personnel, 66,7 % ont suivi une formation sur le lavage des mains et la prévention des infections liées aux soins, tandis que seulement 30,2 % l’ont été sur la préparation de la solution hydro alcoolique.
Certaines insuffisances ont été constatées dans la pratique du lavage des mains, l’observation des gestes barrières. Par endroit, le déficit dans le port des équipements de protection individuelle et la mauvaise qualité du matériel de nettoyage ont été rappelés. La gestion des déchets demeure problématique du fait de la qualité du personnel et du non-respect des procédures. Le respect des mesures d’hygiène et de prévention de la Covid-19 pose un problème à l’hôpital du Point G et fait ressortir des manquements liés à la formation, l’utilisation des dispositifs de protection et de prévention, l’organisation des services, la gestion des déchets.
Nous recommandons à la direction de l’hôpital, la mise en place d’un service d’hygiène hospitalière doté de compétences et de moyens, le renforcement de la formation du personnel. Le comité d’hygiène et de salubrité doit constituer une sorte de veille des pratiques d’hygiène et de prévention.
Le respect des mesures d’hygiène et de prévention des infections liées aux activités de soins de la Covid-19 pose un énorme problème à l’hôpital du Point G et fait ressortir des manquements sur la formation du personnel, l’existence et l’utilisation des dispositifs de protection et de prévention de la pandémie, la réorganisation des services au vu du contexte, les mécanismes de gestion des déchets biomédicaux et enfin les connaissances et attitudes pratiques du personnel sur l’épidémie.
L’importance des risques encourus commande l’engagement des responsables de l’hôpital, du niveau clinique au niveau administratif pour améliorer rapidement la situation. Les moyens mobilisés jusque-là sont insuffisants et peu appliqués donc inefficaces. La pratique de l’hygiène demande une prise de conscience individuelle et collective avec une concertation permanente pour évaluer les actions entreprises et apporter l’accompagnement nécessaire.
Le non-respect des mesures d’hygiène et de prévention à la Covid-19 expose le personnel et les malades et favorise la contamination. Il faudra donc former suffisamment le personnel au respect des mesures préconisées notamment par les directives nationales, celles de l’OMS, de MSF. La pharmacie de l’hôpital dispose de compétences nécessaires à la production en grande quantité de la solution et du gel hydro alcoolique à prix modéré à condition de disposer permanemment des matières premières nécessaires à sa fabrication.
A l’issue de leurs travaux, l’étude recommande à la direction générale de l’hôpital du Point G, la mise en place d’un véritable service d’hygiène au sein de l’hôpital tenu par un personnel bien formé et compétent, un renforcement dans la formation et la sensibilisation de l’ensemble du personnel soignant au respect des mesures sanitaires et sensibiliser les malades et leurs accompagnants à défaut d’interdire cette pratique ; aux commissions statutaires de l’hôpital du Point G d’intégrer les enjeux de la pandémie dans leur prise de décision médicale en ce qui concerne la commission médicale d’établissement et la commission des soins infirmiers, d’intensifier les actions de sensibilisation à l’endroit du personnel médical et d’instaurer dans les services des comités de suivi évaluation ; au comité d’hygiène et de salubrité de constituer une sorte de veille et de sentinelle des pratiques d’hygiène et assurer la promotion d’une culture d’hygiène au sein de l’hôpital tout en veillant rigoureusement l’application des mesures rigoureuses et contraignantes ; au ministère de la Santé, instituer un système d’évaluation de l’application des directives nationales en matière d’hygiène et prévention des risques de façon générale, et d’inscrire les pratiques dans un cadre plus normatif et règlementaire, de doter les hôpitaux de moyens conséquents qui leur permettent de réaliser pleinement leurs missions de soins dans le cadre de la Covid-19. Les hôpitaux étant déjà saturés de malades dans la plupart des cas, il faudra créer des structures plus autonomes pour assurer une prise en charge de masse des cas de Covid-19.
M.SANOGO