COVID-19 et bacheliers : La hantise des parents

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A cause la Covid-19, les examens au Mali ont eu lieu très tard. Beaucoup d’étudiants et de parents ont la hantise : Pourraient-ils s’inscrire dans des universités étrangères ?

 

Depuis l’avènement de la Covid-19, les écoles ont été longtemps fermées au Mali. Cela a impacté énormément sur le programme scolaire. Ainsi, les examens de fin d’années sont prévus pour ce mois d’août. Le baccalauréat, le dernier de la série, bouclera l’année en fin du mois.

La hantise des parents commence. « Je voudrais que mon enfant aille étudier au Canada. Mais, nous allons perdre une année. La fin des inscriptions est pour fin août. Or, parmi les pièces à fournir, il faut l’attestation du bac », explique Bakary Kané.

Il est rejoint par Oumou Sidibé, élève dans un lycée. « Je me suis inscrite à Campus France. Tous les jours, on me demande de compléter mon inscription, or, le bac n’a pas lieu. Même si je passe cette année, je risque de perdre mon année. Je suis vraiment désemparée », explique-t-elle. Pour les syndicats, c’est un vrai drame. « Il nous est arrivé de fournir des attestations à des enfants pour certifier qu’à cause de la Covid-19 et du confinement, les examens ont été décalés. Cependant, il est évident que si ce n’est que le Mali, personne ne nous attendra ».

Wassa Koné, étudiante à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG), « j’ai eu le bac en 2019 et on est toujours en première année. C’est désolant comme situation, je suis vraiment découragée. Certains de mes camarades viennent de finir la licence 2 dans des universités privées et nous, on n’a toujours pas fini avec les modules de la licence 1 ».

Abdallah Baby, étudiant à la Fseg, « je trouve que la Covid-19 a plus négativement impacté nous les étudiants plus que tout le monde. C’est déjà compliqué pour nos parents qui ont peu de revenus et se retrouvent à devoir dépenser plus. J’ai eu le bac en 2020, mais on a démarré les cours il y a à peine quelques mois ».

Aima Sidibé, étudiante inscrite à la Faculté des lettres, renchérit : « Je suis plus que démoralisée, découragée. Cela fait un an que j’ai eu mon bac, mais on n’a toujours pas commencé les cours. Vraiment la Covid-19 nous a causé du tort. Ce que je vis, c’est dur comme situation, je n’ai aucune occupation à part les travaux ménagers de la maison».

Si la situation est pénible pour les étudiants qui poursuivent leurs cursus au Mali. Elle semble plus contraignante et complexe pour les étudiants inscrits dans des écoles privées et pour ceux qui souhaitent aller faire leurs études supérieures à l’étranger.

Pour Maria Dembélé, bachelier de 2020, « j’ai failli perdre mon année scolaire si ce n’est sur l’insistance de mon papa, qui m’a forcée à m’inscrire à des cours d’anglais et autres formations. Je souhaitais voyager juste après les résultats, mais malheureusement, j’étais en retard pour l’inscription. Là je suis dans les courses pour faire mes papiers et en espérant pouvoir m’inscrire à temps au compte de l’année 2022».

Moussa Coulibaly, inscrit dans une université privée, fait part de son désarroi : « Je suis à la fois chanceux et malheureux. J’ai eu mon bac lors de la session dernière, je me sens perdu car je subis un changement brusque. On fait des cours en ligne et honnêtement je ne m’y habitue pas jusqu’à présent. Les cours en présentiel sont plus vivants et souvent c’est l’ambiance de la classe qui me manque vraiment. Je n’avais jamais connu ça».

Pendant ce temps, les parents d’élèves se sentent désarmés face à la situation scolaire de leurs enfants.

Oumar Sylla, cadre de banque, « je trouve que c’est vraiment écœurant, en tant que parent de voir son enfant réussir son examen et le voir traîner à la maison des mois et des mois pendant que certains de leurs camarades ont déjà pris une longueur d’avance sur lui».

Mariam Sidibé, couturière : « vraiment le problème du Mali me dépasse. Rien ne va dans ce pays, nos enfants sont handicapés à cause des conséquences collatérales de la crise sanitaire mais aussi et surtout du comportement irresponsable des enseignants et des autorités devant se charger de l’éducation de ces derniers, car c’est leur droit le plus absolu ».

« Effectivement, les bacheliers maliens sont confrontés aux conséquences des examens tardifs depuis quelques années ! Les étudiants qui poursuivent des études supérieures au Mali n’ont pas de problème ! Ceux qui veulent aller à l’étranger ont des difficultés pour s’inscrire à cause des délais ! Certains sont obligés d’attendre l’année suivante pour s’inscrire ou de voir avec la structure d’accueil s’il y a une possibilité de prendre le train en marche », certifie le colonel Ousmane Dembélé, Directeur du Cenou.

L’autre difficulté pour les étudiants, selon M. Dembélé, c’est les cours en ligne. « C’est vrai que “prendre des cours en ligne” n’est pas vulgarisé au Mali ».

Mais, l’expérience a montré que nos étudiants, une fois à l’extérieur, s’adaptent très vite (non pas sans difficultés)! En fait, une fois à l’extérieur de façon générale, tout change pratiquement : les habitudes, le repas, la façon de prendre le cours (même en présentiel…). Donc, il faut que l’étudiant développe très rapidement une capacité d’adaptation, ajoute le directeur du Cenou.

« Même à la date d’aujourd’hui, nous continuons à recevoir de nouvelles inscriptions de bacheliers 2020 au Cenou ! Ce sont les IES (universités, grandes écoles, instituts, …) qui nous envoient les inscriptions ! C’est vrai qu’ils envoient aussi au Cenou très souvent en retard. Donc, on peut trouver l’information actualisée seulement au niveau des IES », a-t-il poursuivi.

 

Aminata Agaly Yattara

Cet article a été publié avec le soutien de JDH, Journalisme pour les droits humains et Affaires Mondiales Canada.

 

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