Plus de 400 cas de contamination à la Coronavirus enregistrés en une seule journée, soit un tiers de l’ensemble des tests effectués. Il s’agit d’un chiffre alarmant que corroborent celui du nombre de décès ainsi que les arrivées massives dans les hôpitaux et autres centres de prise en charge dont les personnels débordés ne savent plus où donner de la tête face à la grande affluence. Somme toute, la tendance est apparue assez inquiétante pour inspirer aux hautes autorités un Conseil de défense assorti de mesures apparemment plus justifiables aujourd’hui que celles précédemment intervenues pour déjouer les pressions de masses susceptibles de découler d’arrestations politiques en son temps. Et, alors que l’état d’urgence et les restrictions y afférentes sont encore en vigueur – quoique jamais observées dans la rigueur appropriée -, voilà que viennent se greffer de nouvelles prescriptions assimilables à une simple révision de la leçon. En effet, à l’issue du conclave extraordinaire initié et présidé par le chef de l’Etat Bah N’Daw, vendredi dernier, il a été convenu d’une intensification de la vigilance dans l’observance de mesures qui n’ont du reste jamais été officiellement levées, depuis leur entrée en vigueur. Il s’agit en clair du même dispositif préventif foulé aux pieds par la population par des relâchements unilatéralement décrétés et face auxquels les autorités se montrent impuissantes. On y dénombre entre autres le port obligatoire du masque, le lavage des mains au savon ou par usage du gel hydroalcoolique, le respect de la distanciation physique et la limitation des rassemblements de personnes à une demi-centaine au maximum ainsi que la suspension des festivités, manifestations de jouissance et autres loisirs pour une durée de 15 jours au moins.
Parmi ces restrictions on peut distinguer celles qui tiennent d’une libre adhésion de la population et avec lesquelles les autoritaires s’y prendront par la sensibilisation et la communication, puis celles auxquelles les citoyens sont censés se soumettre par contrainte et à coups d’interdictions. L’intensification de la riposte préventive contre la Covid-19 est ainsi assortie de mesures d’accompagnement telles la « distribution massive et gratuite de masques», une campagne d’information et de sensibilisation sur les mesures barrières ainsi que sur l’utilité de la vaccination, etc. Pour le reste, le mois de Ramadan arrivera sans doute à point nommé pour couvrir l’impuissance des autorités et leurs difficultés à faire face aux défiances populaires vis-à-vis des interdictions, à la levée intempestive et incontrôlable des obstacles théoriquement érigés pour dissuader des cérémonies de loisir, etc.
Par ailleurs, si les décisions du dernier Conseil supérieur de la défense ont déjà eu raison d’activités politiques programmées, il n’en demeure pas moins qu’elles se singularisent par la sélectivité criante de leurs effets et applicabilité. En atteste la teneur du communiqué dont il a accouché, qui épargne comme toujours les principaux espaces reconnus de tous comme potentiels foyers de transmission du virus mais jamais concernés par quelques mesures restrictives. Par-delà les marchés et transports en commun où la distanciation physique et la limitation des rassemblements ne peuvent relever que d’une chimère, les lieux du culte musulman s’imposeront comme des terreaux propices à la propagation de la pandémie aussi longtemps que leur hostilité ouverte aux prescriptions préventives sera allègrement tolérée. Ainsi donc, en plus d’être défavorisé par la modicité des moyens matériels et financiers de lutte contre la Covid-19, les pouvoirs maliens le sont tout autant par la faiblesse de l’autorité devant milieux rétrogrades qui rament à contre-courant de leurs efforts. Or il est de notoriété publique que la lutte anti-Covid n’est que simple formalité avec un dispositif dysharmonieux où l’effet des boucliers brandis d’un côté est annihilé par les passoires ouvertes de l’autre.
A KEÏTA