Couvre-feu, interdiction de rassemblement de plus de cinquante personnes, distanciation sociale, port de bavettes, tels sont entre autres mesures restrictives prises par les autorités publiques, dès l’annonce des premiers cas de Covid-19 au Mali. Plus d’un an après, malgré la menace que constitue le virus, l’on observe un relâchement dans le respect des mesures barrières. Comment s’explique une telle situation ?
Dès l’annonce des premiers cas de Covid-19 au Mali, en mars 2020, un dispositif de riposte contre la maladie a été mis en place, par les autorités publiques. L’engagement politique des plus hautes autorités du pays, a suscité un déclic vis-à-vis de la population quant au respect des mesures barrières contre la Covid-19. Au prime abord, les citoyens avaient compris la nécessité de respecter les mesures sanitaires édictées par le gouvernement. Même si ce n’est pas tout le monde qui l’appliquait, l’on a quand même senti une volonté de se conformer aux mesures prises par l’État. Le port de la bavette, le lavage des mains, l’utilisation du gel hydro-alcoolique ainsi que la distanciation sociale sont plus ou moins observés.
Du côté des autorités publiques, des centres ont été créés pour prendre en charge les cas positifs, les laboratoires ont été équipés pour effectuer les examens, les moyens ou la logistique ont été mises en place, pour le transport et l’évacuation dans la capitale et dans les grands centres régionaux.
Malgré l’engagement politique dont a fait preuve le gouvernement, l’adhésion totale de la population faisant défaut. Pour cause, l’organisation chargée de la riposte n’a pas les messages adéquats pour aborder la communauté quant à son adhésion à la lutte contre la maladie. Et cela a constitué un gros frein pour convaincre cette communauté.
Voilà qui peut expliquer le relâchement actuel qu’on observe au sein de la population malienne, par rapport au respect des mesures barrières. Les quelques endroits où les citoyens continuent à adopter à ce jour, le port du masque sont au sein de certaines administrations publiques et dans certains ministères.
Autre chose qui contribue à cet état de relâchement, c’est le fait que les prévisions de la pandémie au départ, depuis la première vague n’ont pas été atteintes. Même si l’on peut s’en réjouir, cela n’a fait que conforter la réticence des plus sceptiques vis-à-vis de la pandémie. Ainsi en combinant le fait qu’il n’y a pas eu l’augmentation considérable des cas positifs ou des décès et que les gens ne croient pas à cette maladie, la population s’est relâchée.
Il y a eu beaucoup plus de restrictions dans certaines activités que d’autres. Tout ce qui touche sur les activités sociales, les activités religieuses a été exempté de restrictions. Les marchés sont restés ouverts et les gens s’y rencontrent du matin au soir.
A ce stade, ils sont comptés du bout des doigts ceux qui appliquent encore aujourd’hui le port du masque pour se protéger et éviter la propagation de la maladie. Même les endroits où est érigé obligatoire le port du masque, rien ne motive les gens à s’y atteler.
Le même relâchement a impacté la vaccination. A cause de ce relâchement, les gens ont développé une certaine réticence vis à vis de la vaccination. Ils hésitent ou refusent à se faire vacciner contre la maladie parce qu’ils ont une conception subjective de la maladie.
Mahamadou YATTARA