Le Mali a franchi ce jeudi la barre de 300 cas de contamination au coronavirus, un mois après les premiers cas de contamination. À cette date, presque toutes les régions à l’exception de Ménaka, de Taoudeni et de Ségou sont touchées. Cette situation est explicite de l’évolution inquiétante de la pandémie dans notre pays.
Le Coordinateur de la cellule de lutte contre le Coronavirus, le Pr Akory Ag IKNANE a animé, ce 23 avril 2020, sa conférence de presse hebdomadaire sur la situation épidémiologique du covid-19 dans notre pays. Il était accompagné, pour la circonstance, du représentant de l’OMS au Mali, Jean-Pierre Baptiste.
À l’entame de ses propos, le Pr Akory a fait le point de la situation journalière du jeudi 23 avril. À cette date, il a affirmé que le pays a enregistré 17 nouvelles contaminations, ce qui porte à 310 cas, le total des personnes malades du covid-19, dont 73 guéris. Malheureusement, le pays déplore 17 décès, dont 4 dans les centres de santé.
Aussi, il a indiqué que le coronavirus se propage rapidement sur le territoire national. Après Bamako, l’épicentre de la maladie, presque toutes les autres régions sont affectées. Excepté Ségou, Ménaka et Taoudeni, toutes les autres régions sont maintenant servies. Face à la situation, le coordinateur de la lutte contre le covid-19 a annoncé que des médecins sont attendus dans certaines de ces localités afin de renforcer les dispositifs existants.
En outre, la rencontre a également été l’occasion d’aborder les difficultés auxquelles le monde soignant est confronté. Ainsi, au cours de son intervention, le Pr Akory Ag IKNANE a déploré le travail supplémentaire que des patients font subir aux médecins.
« Les malades sont pris en charge gratuitement par l’État y compris la nourriture. Mais de plus en plus, certains se plaignent de ce que nous leur proposons. Ils commencent à faire venir les repas dans leur famille. Et pour les acheminer dans les salles, ce sont les médecins qui le font », a indiqué le conférencier.
Par ailleurs, le Pr Akory Ag IKNANE est revenu sur les tests rapides qui circulent dans le pays. Selon lui, ils ne sont pas approuvés par le Mali ni par l’OMS.
« Il ne faut pas que les agents aillent se faire tester. Ça donne beaucoup de faux négatifs alors que la personne est porteuse de virus. Cela est très grave. Il n’est pas souhaitable que les gens achètent des tests rapides. Ils vont avoir une fausse sécurité. La situation peut être un risque de propagation de la maladie », a-t-il conseillé.
Quant au médicament lancé par le Madagascar contre le coronavirus, le coordinateur et le représentant de l’OMS ont tous émis des réserves. C’est très tôt pour eux d’affirmer la fiabilité de ce produit, disent-ils.
Pour Jean-Pierre Baptiste, l’OMS étant le garant de la santé de la population, ne peut pas accepter qu’un médicament ou un vaccin soit mis à la disposition de ses Membres sans que certaines procédures ne soient respectées. Donc, il faut au préalable des études cliniques, des analyses sur la toxicité du médicament, entre autres. Le respect de ces principes a pour objectif d’éviter que le produit ne soit nocif pour les populations.
« Ce n’est pas que l’OMS refuse les traitements. Il y a des principes à suivre. Respectons ces principes », a-t-il précisé.
De même, pour Pr Akory, il faut que le pays ait des preuves scientifiques avant de s’évertuer à l’utiliser sur les malades contre le covid-19.
Lors de cette conférence de presse, le coordinateur a été interpellé sur le traitement à domicile de Moussa MARA, ancien Premier ministre, testé positif au covid-19. Pour lui, ce n’est pas une approche sanitaire recommandée surtout face à une pandémie.
« L’état d’urgence sanitaire a été décrété. Dans ce contexte, on devait contraindre ces patients à aller dans un centre de santé », a déclaré le coordinateur avant d’ajouter que d’autres personnalités ont accepté de rester sous traitement à l’hôpital.
Par Sikou BAH