Devant le risque de propagation du Covid-19, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a animé, le 19 mars, une conférence de presse dans les locaux de la Primature. Objectif : expliquer aux journalistes les mesures prises par le gouvernement pour prévenir le coronavirus au Mali.
Pour la circonstance, le Premier ministre Cissé avait à ses côtés le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahim Abdoul Ly, et celui de la Communication, chargé des relations avec les Institutions, Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré. Le Pr Akori Ag Iknane, Président du comité d’urgence de coordination, était également présent.
Le ministre Yaya Sangaré, après avoir reconnu que le Covid-19 est une pandémie, a indiqué que le continent africain relativement épargné a été contaminé par des voyageurs venus d’Asie et d’Europe. Sur les 54 pays, 34 sont touchés et 460 cas confirmés que le Mali, selon le Premier ministre, devra contrer avec ses capacités. «Nous sommes conscients du fait que la vulnérabilité du Mali est lié au fait que, quels que soient nos moyens, le système sanitaire sera vite saturé si le virus venait de rentrer au Mali », a noté Boubou Cissé avant de motiver les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement à l’issue du conseil de défense : la suspension des vols commerciaux, des regroupements publics (ateliers, colloques, séminaires et meetings), la fermeture des écoles et l’interdiction de regroupements à caractère social. Et d’ajouter qu’instruction a été reçu du Président de la République pour se préparer au pire. Ainsi, par-delà ces mesures, ajoute-il, le gouvernement a mis en alerte le département de la Santé et créé une coordination nationale pour prévenir le virus. L’objectif de ces mesures est de faire en sorte que le virus ne pénètre pas au Mali. Et s’il devrait pénétrer, il s’agit d’être en mesure de contrôler sa propagation, a-t-il indiqué par ailleurs. C’est ainsi qu’aux niveaux aérien, terrestre et fluvial, un certain nombre de dispositions préventives ont été mises sur place, notamment la prise de température, le lavage et la désinfection des mains avec des gels alcoolisés. « Ces dispositifs marchent relativement bien. Elles ont permis de détecter des cas suspects. Le Mali se prépare également à la prise en charge d’éventuels cas, qui pour le moment n’est pas confirmé », a-t-il promis.
S’agissant de la tenue des législatives, le Premier ministre Cissé dira que la vie de la nation doit pouvoir continuer. «Qu’il y ait ou pas de cas de maladie de coronavirus, les législatives vont se tenir aux dates retenues», a-t-il martelé. Et cela, malgré l’interdiction des meetings et de tout regroupement politique.
Pour les mosquées et églises, endroits de fortes concentration humaine, leur fermeture, a indiqué Boubou Cissé, n’est pas à écarter. «Nous allons nous inspirer des pays comme l’Iran et l’Arabie Saoudite pour trouver ce qu’il faut adopter dans la situation actuelle du Mali », a-t-il affirmé, ajoutant que pour des questions économiques, certaines activités notamment dans les marchés vont continuer, conformément aux recommandations faites par les experts.
Le Premier ministre a par ailleurs écarté l’équivoque selon laquelle le virus pathogène du Covid-19 ne survivrait pas à une température au-dessus de 26°. Pour lui, cette allégation est fausse. « La température normale du corps humain est de 36°, mais le coronavirus y vit et tue. Le coronavirus peut survivre partout. La chaleur ne va pas chasser la maladie », a-t-il relevé en exhortant au respect des mesures de protection et d’hygiène.
Le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine, comme pour motiver les mesures du conseil de défense, dira que le gouvernement, à travers des dispositions, veut faire en sorte que tous les Maliens restent en vie. Selon lui, des discussions sont en cours pour voir si on peut passer de 50 passagers à 25 en ce qui concernant le transport en commun.
Et pour sa part, le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, a laissé entendre que les systèmes de santé des pays ne sont pas prêts pour prendre en charge les malades. «Nous n’avons pas assez de respirateurs, d’extracteurs d’oxygène et de gel », a-t-il fulminé, avant de revenir sur quelques points pour combattre la pandémie. En effet, selon l’ancien patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour combattre le coronavirus, il faut le leadership politique, la mobilisation sociale et enfin la science et les équipements. « Nous avons de meilleurs professeurs et docteurs, mais nous n’avons pas les équipements », a-t-il conclu.
Amidou KEITA