L’Afrique comptait ce samedi 13 juin 226 034 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 6 070 personnes sur le continent, selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. Les pays les plus touchés par la pandémie sont l’Afrique du Sud (61 900 cas), l’Égypte (41 300), le Nigeria (15 200), le Ghana (11 100), l’Algérie (10 700), le Cameroun (8 900) et le Maroc (8 700).
- Au Darfour, une forte hausse des décès et l’ombre du coronavirus
Le Covid-19 provoque-t-il une hécatombe chez les neuf millions de Darfouris, habitants de l’une des régions les plus défavorisée du monde ? C’est la crainte exprimée par de multiples acteurs de terrains, humanitaires, personnels médicaux et officiels de cette immense région de l’Ouest du Soudan auprès de l’agence Associated Press, alors que le Soudan compte globalement 6 879 cas dont 433 décès (193 cas et 54 morts officiellement au Darfour). « Nous sommes dans l’œil du cyclone », affirme Ashraf Issa, porte-parole de la mission de maintien de la paix UA-ONU au Darfour.
Plusieurs médecins travaillant dans les quelques hôpitaux fonctionnels du pays rapportent une augmentation des cas de patients présentant une perte du goût, des difficultés respiratoires ou de la fièvre. Un responsable du camp de réfugiés d’Abu Shouk évoque 64 morts inexpliquées tandis que d’autres camps du nord-Darfour verraient la mortalité exploser à 10-15 personnes par jour contre un taux habituel de l’ordre 5 à 10 morts par mois. Les réfugiés et déplacés sont nombreux dans cette zone frappée par une guerre civile et une répression sanglante des anciennes autorités de Khartoum lorsque le président Omar el-Bechir était toujours aux commandes.
La hausse du nombre de décès, dans les camps de réfugiés comme à l’extérieur, semble confirmée par de nombreux témoignages. Or, il est impossible de prouver le lien avec la propagation rapide du Covid-19 tant le nombre de tests quotidiens réalisés est faible au Soudan en général et, a fortiori, dans la région marginalisée qu’est le Darfour. Seuls 270 tests étaient réalisés jusqu’à peu par un seul laboratoire situé dans la capitale, Khartoum. Désormais un autre centre d’analyse des tests existe à Nyala, dans le sud-Darfour.
Enfin, l’information circule difficilement puisque certains habitants voient dans le virus un stratagème de l’ancien pouvoir pour « maintenir les gens à la maison et venir les y tuer ». Et les autorités locales ne semblent pas vouloir s’étendre sur le sujet de cette hausse des morts constatée au Darfour puisque deux journalistes ont été menacées et harcelées par un militaire après avoir publié un article abordant la question.
- La Guinée Bissau dépasse les 1 400 cas, les centres démunis
Selon le Centre de contrôle et de prévention du Covid-19, la Guinée-Bissau enregistre1460 cas confirmés et 15 morts. Le nombre de personnes infectées va crescendo et une bonne frange de la population refuse encore de respecter les mesures barrières imposées. « Les gens ne respectent pas les mesures barrières, ils font la fête, il refusent de se confiner, déplore Alexandro, technicien au laboratoire de l’hôpital Simoes Mendes le plus grand centre hospitalier du pays. Cela n’aide pas à circonscrire la pandémie. »
Dans ce centre, les tests sont gratuits, mais les gens ne se bousculent pas sous les tentes dressées à l’entrée de l’hôpital. Plus loin, dans le pavillon Covid, 70 malades y sont admis, certains dans des cas très graves. Mais la structure manque terriblement d’oxygène et d‘appareil respiratoire. Un casse-tête pour le docteur Valdir Djalo, responsable du service Covid-19. « La machine qui produit de l’oxygène ne travaille plus. Elle ne fait qu’une ou deux bouteille par jour. C’est alarmant. Alors nous sommes obligés de jouer de cette manière : nous donnons de l’oxygène aux cas les plus graves. Dès que le malade donne des signes de récupération, nous lui retirons l’appareil pour le passer à quelqu’un d’autre ».
seule solution pour l’instant est de laisser les cas moins graves chez eux. Ce qui augmente les risques de contagion communautaire. Pour prendre le taureau par les cornes, les autorités ont mis sur place un haut-commissariat chargé de gérer la situation. Sa coordinatrice Dr Magda Robalo, un ancien ministre de la santé. Les structures de santé du pays ne permettant pas une prise en charge efficace, les autorités mise alors sur la sensibilisation.
• Moins de dons du sang: opération sensibilisation au Sénégal
Le centre de transfusion sanguine à côté de l’hôpital Fann en plein Dakar a organisé samedi, à la veille de la Journée mondiale du donneur de sang de l’OMS, une opération spéciale de dons et de sensibilisation, avec l’aide de la société civile et de partis politiques. L’enjeu est de taille alors que les stocks des banques de sang ont gravement diminué ces derniers mois, à cause de la crise du Covid-19. Au Sénégal, la pandémie a touché 4996 cas et provoqué 60 décès.
Quelque 700 bénévoles ont donné leur sang: écoutez le reportage de notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier
- L’UEMOA dément les rumeurs d’une réouverture prochaine des frontières
Malgré la colère grandissante des transporteurs, aucune date n’a encore été fixée pour la réouverture des frontières. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Cédéao multiplient actuellement les réunions pour harmoniser les politiques en la matière. Mais entre la nécessité d’éviter la propagation de la pandémie et les besoins économique, le dispositif actuel ne bouge pas. Au sein de l’UEMOA, par exemple, seuls les produits de première nécessité, alimentation et produits médicaux sont autorisés à franchir les frontières.
- Canada, Chine, Corée du Sud, France et Pays-Bas vont vendre du matériel médical à l’Afrique
Cela se passera dans le cadre de la plate-forme continentale annoncée par l’Union africaine jeudi 11 juin. Elle aidera le continent à bénéficier d’un espace d’achat unique pour les kits de test, masques, respirateurs et autres matériels nécessaires à la lutte contre le Covid-19. Selon la présidence sud-africaine, à la tête de l’UA cette année, la Chine devrait proposer 30 millions de kits de test et 10 000 respirateurs artificiels par mois sur cette plate-forme.
- Assouplissement des mesures en Centrafrique
Le président Faustin-Archange Touadéra a annoncé l’allègement des règles édictées le 26 mars dernier. Parmi ces mesures : la réouverture des lieux de cultes ; la réouverture graduelle des établissements scolaires. L’autre annonce importante concerne le port obligatoire du masque dans les lieux publics. La RCA voit son nombre de cas de Covid-19 augmenter de manière importante. Elle a passé la barre des 2 000 cas cette semaine (2 057 cas confirmés et 7 décès pour 363 guérisons).
- La capitale botswanaise à nouveau totalement confinée
La décision a été annoncée tard vendredi 12 juin et est entrée en vigueur dès minuit. Aucun déplacement n’est possible sans autorisation à Gaborone et seuls les « services essentiels » sont assurés, selon deux officiels botswanais. Il est également interdit de quitter la grande ville. Ces mesures draconiennes font suite à la découverte de douze nouveaux cas de contamination au Covid-19 alors que le pays ne comptait plus qu’un cas actif. Le confinement précédent avait duré 48 jours et été levé par les autorités le mois dernier. Les frontières du Botswana restent fermées sauf à ses ressortissants qui souhaitent rentrer au pays et aux biens essentiels.
- En Érythrée, 24 nouveaux cas diagnostiqués ces derniers jours
Selon un communiqué du ministre de l’Information publié samedi soir, il s’agit de personnes entrées dans le pays depuis le Soudan. Toutes ont été placées en quarantaine et traités dans la région de l’ouest du pays, frontalière avec le Soudan. Ces cas viennent s’ajouter aux deux cas toujours actifs et portent à 65 le nombre de cas recensés en Érythrée. 39 ont été guéris.
- En Côte d’Ivoire, le frère cadet de Guillaume Soro atteint du Covid-19
Arrêté le 23 décembre dernier avec 16 autres personnes proches de Guillaume Soro, Simon Soro a d’abord été incarcéré à la maison d’arrêt d’Abidjan, avant d’être transféré le 11 janvier à la prison d’Adzopé puis le 11 mars au centre pénitentiaire d’Abengourou. C’est là qu’il a été testé positif. Souffrant de difficultés respiratoires, il est actuellement hospitalisé Abidjan.
« Son état est grave. Il toussait et avait du mal à respirer », selon l’ancienne ministre Me Affoussiata Bamba Amine qui défend Guillaume Soro, le grand frère candidat à la présidentielle mais exilé en France pour le moment car poursuivi par la justice ivoirienne pour « tentative d’insurrection ». « Il y a le Covid en prison, il faut le dire », ajoute l’avocate qui rend l’État ivoirien « pleinement responsable de la dégradation de l’état de santé de M. Simon Soro ».
Maître Bamba entend donc poursuivre en justice l’Etat ivoirien, qui détient « illégalement » son client, dit-elle. A la mi-avril, la Cour africaine des droits de l’homme avait ordonné sa libération provisoire. De son côté, le ministère de la Justice affirme ne pas être en mesure de confirmer la contamination de Simon Soro. Il indique par ailleurs que « quelques » cas de contamination parmi les détenus ont été détectés à la prison d’Abidjan sans donner de chiffres précis, et annonce que 10 surveillants pénitentiaires ont contracté la maladie à coronavirus. Au sein de la prison, plusieurs sources s’inquiètent d’au moins deux décès inexpliqués.
- Le vice-ministre sud-africain des Services pénitentiaires testé positif au Covid-19
Nkosi Phathekile Holomisa a été placé à l’isolement chez lui et « prend toutes les mesures pour se remettre complètement » d’après le gouvernement de Pretoria. Les prisons sud-africaines sont un foyer actif de circulation du coronavirus SARS-Cov-2. 1 452 personnes dans les services pénitentiaires, dont 921 détenus et 531 employés, ont jusqu’à présent contracté la maladie, selon les derniers chiffres officiels datant de vendredi.
- La Tunisie va mettre fin à la quarantaine obligatoire dans les hôtels
A compter de jeudi, les Tunisiens rapatriés pourront entrer dans le pays en fournissant un certificat de test négatif au Covid-19 de moins de 72 heures. Le principe d’une quarantaine de 14 jours demeurera mais elle pourra s’effectuer à la maison. Ensuite, à partir du samedi 27 juin, toute personne pourra entrer dans le pays sous réserve de n’avoir pas de fièvre et de présenter la preuve d’un test négatif de moins de 72 heures. Les hôtels du pays touristique devront s’adapter aux mesures strictes de distanciation sociale : repas individuels, distances entre les tables, espace minimum par personne en piscine etc. La Tunisie comptait ce samedi 1 093 cas confirmés pour 49 décès et 995 guérisons.
- Tourisme en temps de crise: le Maroc veut séduire la clientèle nationale
Malgré une levée partielle du confinement, les autorités marocaines ont décidé, il y a trois jours, de prolonger l’état d’urgence sanitaire dans les grandes villes touristiques du pays. Privé du tourisme étranger, le Maroc veut séduire la clientèle nationale et lance une campagne de communication pour « faire connaître aux Marocains toute la richesse et la diversité » de leur territoire.
- A Mbandaka, vigilance contre Ebola et le Covid-19
Le port de la ville située au bord du fleuve Congo, en RDC, est particulièrement surveillé selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La ville de la province de l’Équateur est à nouveau le théâtre d’une épidémie de fièvre hémorragique Ebola depuis le 1er juin dernier après une précédente en 2018. Le personnel chargé des contrôles de températures des voyageurs est donc très vigilant comme l’explique cet homme dans la vidéo ci-dessous.
Au point d’entrée du port ONATRA de #Mbandaka, un lieu de forte mobilité des voyageurs, la vigilance & le contrôle sanitaire sont essentiels pour une détection précoce des cas suspects #Ebola ou #COVID19. Crispin Malanga, agent de l’hygiène publique, explique comment il s’y prend pic.twitter.com/krd0o6o8Ei
OMS RDC (@OMSRDCONGO) June 12, 2020
- Pour l’ONU, la « persistance des conflits armés » en Afrique Centrale sape la lutte contre le virus
C’est ce que regrette le Représentant spécial pour l’Afrique centrale et chef du bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA). Selon François Louncény Fall, la demande d’un cessez-le-feu mondial faite solennellement le 23 mars par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres n’est pas suivie d’effets. Attaques contres des hôpitaux, contre les civils, les « groupes terroristes et armés ont continué à déstabiliser la sous-région ».
- Fumigation des rues au Kenya
Des techniciens du ministère de la Santé ont procédé à la désinfection de certains espaces publics dans le comté de Nairobi, la capitale, ce samedi. Le Kenya compte 3 457 cas pour 100 morts et 1 221 guérisons. Vendredi, lors d’une réunion virtuelle du bureau de l’Union africaine, le président Uhuru Kenyatta a exhorté ses pairs à miser sur le potentiel de la jeunesse africaine et notamment son dynamisme et sa capacité à innover à la fois dans la période actuelle de lutte contre la pandémie mais aussi lorsqu’il s’agira ensuite de relancer des économies exsangues.
Fumigation of public places in Nairobi county is underway by @MOH_Kenya public health team to contain the spread of #COVID19 #KomeshaCorona update. pic.twitter.com/QjqQDzdNIR
Ministry of Health (@MOH_Kenya) June 13, 2020
Toujours au Kenya, les funérailles d’un chanteur populaire ont tourné à l’émeute, vendredi, à Kisumu, dans l’ouest du pays. Bernard Obonyo, de son nom de scène Abenny Jachiga, a succombé au Covid-19. Selon les règles en vigueur, son corps aurait donc dû être porté en terre accompagné de cinq personnes maximum et dans les 24 heures suivant son décès. Un manque de respect selon ses fans et sa famille. Des centaines de personnes sont donc venues récupérer le corps tandis que la police tirait des gaz lacrymogènes. La foule a tout de même réussi à extraire le défunt de sa tombe et à rapporter son corps à la morgue. La famille de Bernard Obonyo demande une semaine pour organiser des funérailles dans ce qu’elle juge comme de bonnes conditions.
Source: http://www.rfi.fr/fr/afrique