Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le mercredi 10 juin

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L’Afrique comptait ce mercredi 10 juin 203 899 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 5 530 personnes sur le continent, selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. Les pays les plus touchés par l’épidémie sont l’Afrique du Sud (53 000 cas), l’Égypte (36 800), le Nigeria (13 500), l’Algérie (10 400), le Ghana (10 200), le Cameroun (8 700) et le Maroc (8 500).

• Pierre Nkurunziza a-t-il succombé au Covid-19 ?

Le président burundais, assurant face à la foule lors de la campagne électorale que Dieu avait purifié l’air de son pays, le protégeant ainsi de la maladie engendrée par le nouveau coronavirus, avait-il finalement été contaminé ? Son épouse, rentrée mardi soir au pays, était en tout cas hospitalisée depuis fin mai au Kenya pour une suspicion de Covid-19. « Il n’y a rien d’officiel, mais selon certaines sources, il aurait été victime de l’épidémie du Covid-19 et son épouse aussi probablement », confirme sur RFI le chercheur Thierry Vircoulon.

Pierre Nkurunziza est officiellement mort d’un arrêt cardiaque, sans plus de précision. Mais dans le pays, cette version peine à convaincre. Outre le fait que son épouse a probablement contracté la maladie, des médecins ont évoqué le Covid-19 dès le lendemain de l’hospitalisation du président burundais. Autre élément en faveur de cette thèse : l’un des rares respirateurs de Bujumbura a été acheminé par hélicoptère lundi à l’hôpital de Karusi (Centre-Est) où Pierre Nkurunziza était pris en charge.

Pacifique Nininahazwe, le président du Forum pour la conscience et le développement (Focode), est l’un des nombreux leaders de la société civile à avoir été contraint à l’exil pour s’être opposé en 2015 au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Il doute de la version officielle sur les circonstances de la mort du chef de l’État et appelle à la fin du « déni » sur la pandémie de Covid-19.

Aujourd’hui, le gouvernement admet l’existence de 83 cas testés positifs au coronavirus dont un décès, alors que des médecins dénoncent l’existence de centaines de « cas cachés » dont plusieurs dizaines de décès. « Nous espérons que cette fois-ci le gouvernement a compris que la situation est explosive, qu’il doit sortir du déni et combattre de front cette pandémie », expliquent ces médecins.

• En RDC, le Dr Denis Mukwege démissionne des commissions de suivi du Covid-19

Le Prix Nobel de la Paix 2018 l’a annoncé sur le site internet de sa fondation Panzi. Il avait été nommé fin mars président de la commission santé et vice-président de la commission multi-sectorielle, chargées de suivre l’avancée du coronavirus et de coordonner la lutte dans le Sud-Kivu. Après avoir présenté sa « stratégie de riposte » le 11 avril dernier, le Dr Mukwege dit avoir rencontré trop d’obstacles sur son chemin. Il cite notamment les délais de la procédure de tests des cas suspects de Covid-19, dont les échantillons doivent être envoyés à Kinshasa, « un handicap majeur », selon lui, « pour notre stratégie basée sur ” tester, identifier, isoler et traiter ” ».

Le spécialiste de l’accueil et de la prise en charge des femmes victimes de violences et mutilations génitales regrette aussi le manque de sérieux de la population dans l’application des mesures de prévention tout en reconnaissant « l’impossibilité de faire respecter les mesures barrières ». Selon Denis Mukwege, la porosité des frontières avec l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi voisins de l’Est congolais, et l’absence de quarantaine pour les personnes entrant en RDC « ont diminué l’efficacité » de la stratégie anti-coronavirus.

« À ce jour, au vu de l’afflux de malades affectés par le coronavirus dans les hôpitaux de Bukavu, poursuit le Dr Mukwege, il semble indubitable que la maladie est présente dans la ville. Nous sommes donc au début d’une courbe exponentielle épidémiologique et nous ne pouvons plus appliquer une stratégie qui serait uniquement préventive. » Le médecin indique désormais vouloir se « consacrer entièrement à [s]es responsabilités médicales et de soigner cet afflux de malades à l’hôpital de Panzi [à Bukavu] ».

 Le mandat du Premier ministre éthiopien prolongé à cause de la pandémie

La Chambre de la Fédération, qui représente les 9 États fédérés, a voté en faveur de cette solution malgré de nombreuses critiques de l’opposition politique comme de juristes ou activistes des droits humains. Abiy Ahmed continuera à diriger l’Éthiopie jusqu’à ce que le Covid-19 ne soit plus considéré par les autorités de santé comme une situation de crise. Alors, seulement, des élections pourront être organisées dans un délai de neuf à douze mois. Elles devaient avoir lieu en août prochain.

Par ailleurs, le recensement de la population a été reporté une nouvelle fois. Cela fait 13 ans que le pays n’en a pas organisé. Ce mercredi, 2 506 personnes avaient été testées positives au Covid-19 en Éthiopie. La pandémie y a fait 35 morts.

• Premiers cas détectés dans un camp de réfugiés érythréens en Éthiopie

Une adolescente de 16 ans a été testée positive au Covid-19. La jeune fille avait présenté des symptômes peu après son retour d’un pèlerinage religieux dans un monastère de la région du Tigray, dans l’extrême-Nord éthiopien. La jeune réfugiée vit dans le camp d’Adi-Harush où deux autres personnes ont été testées positives.

L’Éthiopie accueille 761 819 demandeurs d’asile dont 172 750 venus d’Érythrée (22.7%). L’État régional du Tigray héberge à lui seul 100 000 d’entre-eux, dont près de 34 000 dans le camp d’Adi-Harush ce qui fait craindre une explosion du nombre de contaminations. « Le risque est très élevé pour les autres personnes vivant dans le camp, explique Samuel Aregay, fonctionnaire régional en charge de la réponse à l’épidémie. La promiscuité est importante avec cinq ou six personnes dans de très petites pièces. »

2 506 personnes ont été testées positives au Covid-19 en Éthiopie. La pandémie y a fait 35 morts.

• Moratoire pour les dettes du Congo, de l’Éthiopie et du Tchad

Le Club de Paris, qui réunit l’ensemble des pays occidentaux qui détiennent l’essentiel des dettes des pays en voie de développement l’a annoncé mardi. Concrètement, cela signifie que Brazzaville, Addis-Abeba et Ndjamena n’auront pas à payer leurs échéances cette année. En revanche ce n’est pas une annulation, ils devront donc s’en acquitter dans les trois ans. Avec ces trois pays supplémentaires, auxquels il faut ajouter le Pakistan, ce sont désormais douze pays qui sont concernés par ce moratoire décidé afin de permettre aux pays en développement et notamment africains, de consacrer leurs ressources financières à la réponse au coronavirus. Désormais, 77 pays sont officiellement éligibles à ce processus, 30 en ont fait la demande, et douze ont donc, à ce jour, reçu une réponse positive.

• Madagascar: les violences conjugales en hausse pendant le confinement

L’ONG Capacity-building For Communities a comparé le nombre de signalements effectués en avril de cette année à celui de l’année 2019 dans 50 des 200 fokontany (quartiers) de la capitale malgache, Antananarivo. Résultat : une nette augmentation qui coïncide d’ailleurs avec les chiffres des appels au numéro vert mis en place durant le confinement par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Ils ont été multipliés par cinq.

« Le confinement a accru le taux de pauvreté des habitants et cela a augmenté le taux de violences conjugales, explique la directrice de l’ONG C-For-C, Sariaka Nantenaina. Dans la majorité des fokontany étudiés, et plus encore pour ceux des bas quartiers, les chiffres récoltés témoignent de cette augmentation des violences. Pour vous donner un exemple, en 2019 dans un fokontany avec lequel nous travaillons, une femme sur deux se disait victime de violences. Et là, durant le confinement, dans ce même fokontany, huit femmes sur dix ont rapporté subir des violences. »

• Rwanda: les motos-taxis reprennent du service à Kigali

Ils sont de retour dans les rues de Kigali, après plus de deux mois d’interdiction à cause des mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19. C’est un soulagement pour les motards comme pour les citadins. Dorénavant, ils devront respecter de nouvelles règles sanitaires, utiliser un compteur pour fixer les prix, et, autre nouveauté, passer par téléphone portable pour être payés.

► À écouter aussi : Rwanda: les motos-taxis reprennent du service à Kigali

• Foot africain : mobilisé contre le virus

La Confédération africaine de football a lancé un défi aux gloires du ballon rond continental. La campagne intitulée « Restons prudents pour l’Afrique » utilise le mot-dièse #19KickupsAgainstCovid19 sur les réseaux sociaux. Elle invite les légendes du foot africain à enregistrer des vidéos d’eux exécutant 19 jongles. Ahmed Hassan (Égypte), Perpetua Nkwocha (Nigeria), Joseph Yobo (Nigeria), Karim Haggui (Tunisie) et Trésor Lomana Lua Lua (RDC) ont déjà répondu présent. Et tout utilisateur des réseaux sociaux peut se lancer à son tour pour faire passer le message de la prévention et des « gestes barrières » contre le coronavirus.

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