Depuis l’annonce du président malgache d’avoir découvert un remède contre le Covid-19 à base d’artemisia, Ségou-Fali, une plante locale est devenue une denrée rare chez les herboristes. A Kati, la Maison de l’artemisia du Mali a réagi : «Ségou-Fali, ce n’est pas artemisia ».
– Maliweb.net – «Artemisea la plante qui soigne 100% le coronavirus. Disponible en quantité à un prix imbattable. En Bidon infusé 1 et 4 litres disponibles.» Les messages de ce type avec les contacts téléphoniques ont inondé les réseaux sociaux depuis à l’annonce de la découverte à Madagascar d’un remède contre le coronavirus à base d’artémisia. L’auteur du post illustre son message avec des feuilles séchées de Ségou-Fali, une plante bien connue au Mali et utilisée dans le traitement du paludisme.
Interrogée, la représentante au Mali de la Maison de l’Artemisia, Mme Coulibaly Fanta Traoré indique qu’il y a erreur. Les gens se trompent, dit-elle, «Ségou-Fali, ce n’est pas artemisia». Mais les deux plantes, reconnaît l’agricultrice, sont utilisées dans le traitement du paludisme. Encore appelée Armoise, l’Artemisia annua (nom scientifique) est une plante asiatique. La plante aurait été introduite au Mali par Mme Coulibaly Fanta Traoré à l’issue d’une formation en Suisse. «Il nous a fallu un an pour pouvoir adapter la plante à nos conditions climatiques», affirme Mme Coulibaly qui forme les jeunes désirant se lancer dans la culture de cette plante dont les feuilles et les tiges séchées sont vendues à 1000 fcfa le kilo.
Ségou-Fali, qu’est-ce que c’est ?
De son nom scientifique «Stylosanthes erecta», Segou fali est une espèce appartenant au genre Stylosanthes. C’est une plante africaine utilisée dans la médecine traditionnelle dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et bien au-delà. Au cours de sa thèse au Mali, l’étudiante camerounaise Colette EKOUMOU, sous la direction du Pr Rokia SANOGO, a fait l’étude phytochimique et pharmacologique de 5 plantes dont Ségou-fali. Il ressort de ses travaux que Stylosanthes erecta est efficace dans le traitement de différentes affections des voies urinaires dont les infections urinaires et la cystite.
Autres indications en pharmacopée traditionnelle: Au Sénégal, la plante est reconnue comme médicament contre la toux. Le décocté des feuilles serait béchique et celui des racines constitue un ingrédient dans les prescriptions aphrodisiaques. En Gambie et au Nigeria, une infusion de la plante entière est utilisée contre le froid. Aussi, Au Nigeria, la fumée odorante produite par une pipe est soufflée sur les plaies de flèche comme antidote contre le poison. Une décoction des racines ou des feuilles est utilisée en bain quotidien pour l’enfant pour lui permettre de marcher tôt.
Mamadou TOGOLA/Maliweb.net