Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré la Journée mondiale contre l’hépatite le 28 juillet 2024. Cette initiative vise à sensibiliser le public à l’hépatite virale, une inflammation du foie qui entraîne une affection hépatique grave et un carcinome hépatocellulaire (type de cancer primitif du foie le plus fréquent chez les adultes et la cause de décès la plus fréquente chez les personnes atteintes de cirrhose). L’opportunité est donc bonne pour faire un zoom sur cette maladie qui affecte une grande partie de la population malienne sans qu’on ne s’en rende compte.
«Il est temps d’agir» ! Tel était le thème cette année de la Journée mondiale contre l’hépatite célébrée le 28 juillet de chaque année. Cette thématique rappelle la nécessité de passer à l’action parce qu’une personne meurt toutes les 30 secondes d’une maladie liée à l’hépatite. «Nous devons accélérer l’action pour améliorer la prévention, le diagnostic et le traitement afin de sauver des vies et d’améliorer les résultats en matière de santé», a souhaité l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon les statistiques, 12 à 15 % de la population malienne souffrent des différentes formes d’hépatites. Pour l’association «SOS Hépatites-Mali», environ trois millions de Maliens sont porteurs d’une hépatite B ou C. Malheureusement, «l’immense majorité des personnes infectées» n’ont pas connaissance de leur état de séropositivité faute de dépistage.
«Si la sensibilisation contre le VIH/Sida est importante au Mali, elle est très faible sur les hépatites, bien que les modes de transmission soient similaires. On constate par ailleurs qu’un pourcentage élevé de malades VIH sont également atteints d’une hépatite favorisant la dégradation de leur état général. Le grave problème de santé publique que représentent les hépatites au Mali est ainsi très largement sous-estimé», a déploré «SOS Hépatites-Mali».
Il faut rappeler qu’une hépatite est une inflammation du foie causée par des substances toxiques ou par des virus (majorité des cas). A ce jour, 5 virus provoquant une infection ciblée et une inflammation du foie ont été identifiés. Ces virus, désignés par les lettres A, B, C, D, et E, diffèrent par leur mode de transmission (féco-orale pour les virus A et E ; parentérale pour les virus B et C et leur agressivité.
L’hépatite B est la forme la plus dangereuse de cette maladie. On estime à 2 milliards le nombre de personnes ayant été infectées par le virus, dont plus de 254 millions de personnes vivent avec une infection chronique par le VHB et peuvent transmettre le virus pendant des années. Les porteurs chroniques sont exposés à un risque élevé de décès par cirrhose du foie ou cancer du foie, maladies qui font environ 1,1 million de morts chaque année dans le monde.
Agir à temps suppose des tests précoces et réguliers pour mieux prévenir la maladie ou se donner la chance d’une prise en charge rapide. C’est d’ailleurs à cela qu’exhortent les autorités maliennes face à un taux (12 à 15 %) jugé alarmant en vue de se prémunir contre cette maladie. Elles ont également mis en place un Plan Stratégique National de lutte contre la maladie qu’elles comptent éliminer d’ici à 2030. Ainsi, «la vision stratégique» de notre pays est d’assurer «une riposte intégrée, efficace, efficiente et durable face aux hépatites virales pour que le Mali participe au mouvement international visant à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030». A noter qu’il existe aussi un vaccin contre l’hépatite B.
Célébrée le 28 juillet, la Journée mondiale contre l’hépatite nous offre l’occasion d’intensifier les efforts internationaux de lutte contre cette maladie, d’encourager l’engagement des individus, des partenaires et du grand public, ainsi que de souligner le besoin d’une riposte mondiale plus énergique, telle qu’elle est décrite dans le Rapport mondial de l’OMS sur l’hépatite publié en 2017.
La date du 28 juillet a été retenue car elle correspond à celle de la naissance du lauréat du Prix Nobel, le Dr Baruch Blumberg, qui a découvert le virus de l’hépatite B et mis au point un test et un vaccin contre ce virus. La principale lacune à combler a trait à la faible couverture du dépistage et du traitement pour atteindre les buts mondiaux de l’élimination d’ici à 2030.
Moussa Bolly