Consommation abusive de médicaments : L’automédication concerne au moins 64% des Bamakois

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L’automédication, plus précisément la prise de médicaments sans prescription médicale, concerne au moins 64% des Bamakois. Elle est utilisée pour soigner des troubles peu importants et concerne des traitements de courte durée. En cette période de pandémie du coronavirus, beaucoup de gens s’adonnent à cette pratique. A-t-elle des conséquences ? Quels sont les types de médicaments qui peuvent être vendus sans ordonnances ? Des éléments de réponses avec Lassine Djiré. Il est pharmacien en activité à la pharmacie Mamadou Djiré de l’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique.

L’automédication est une pratique assez courante qui consiste tout simplement à se rendre chez un pharmacien et à acheter des médicaments sans prescription médicale. Elle est admise par les médecins eux-mêmes pour des symptômes peu préoccupants, mais uniquement pour des traitements de courte durée, comme le précise Lassine Djiré, pharmacien à la pharmacie Mamadou Djiré de l’Institut d’ophtalmologique tropicale de l’Afrique. “Il y a des médicaments qu’on peut vendre sans ordonnance. Ils sont, entre autres, les antalgiques de palu 1. Il y en a aussi qu’on ne vend pas sans ordonnance comme les antalgiques de palu 3 qui sont des morphines. Il faut une ordonnance authentique, c’est-à-dire qui vient d’un centre de santé reconnu par tous et que l’ordonnance soit prescrite par un médecin qui met son nom, son cachet et son contact, sans quoi l’ordonnance n’est pas valable et il faut aussi l’entête de la structure sanitaire. Les plaintes les plus couramment formulées dans le cadre de l’automédication sont les maux de tête, fièvres, toux, rhumes, fatigues, diarrhées et angines”, a-t-il indiqué.

Plusieurs d’entre nous achetons des médicaments à la pharmacie sans passer par un médecin. Les causes courantes de l’automédication, selon certains, sont la commodité, le coût, la gestion du temps, les rapports malade-médecin et l’accès aux médicaments.

Aux dires de Bourama Traoré, un client rencontré dans une officine pharmaceutique, il fait l’automédication par commodité à cause de la difficulté d’accès aux médecins. “Je pars voir un pharmacien dans son officine pour avoir non seulement le médicament adapté à la situation pathologique, mais aussi un avis gratuit”, a-t-il déclaré, avant d’ajouter que “le traitement par automédication coûte moins cher qu’une consultation suivie de la prescription d’une ordonnance”.

Un autre client poursuit : “L’automédication permet une meilleure utilisation du temps, un gain de temps, l’apaisement des symptômes quand ils sont traités de façon anticipée. Cela permet de ne pas interrompre les activités professionnelles”.

L’automédication peut entraîner plusieurs conséquences, comme l’installation de maladies qui peuvent se manifester immédiatement ou à long terme. Une étude de 2003, menée dans les officines de Bamako, a montré que 64,52 % des clients ne présentent pas d’ordonnance au moment de leur achat.

Selon Lassine Djiré, l’automédication soigne uniquement les symptômes et non les infections. “Il est très dangereux de se dire qu’un tel a pris un tel comprimé contre sa fièvre moi aussi je fais pareil. Les infections peuvent causer la fièvre, le palu aussi. Et si vous prenez seulement un antalgique qui est un traitement symptomatique, la fièvre va baisser, mais la maladie est toujours là”, a laissé entendre le pharmacien.

Il conseille aux gens qui s’adonnent à cette pratique de se faire consulter dans un centre de santé par un médecin généraliste ou spécialiste une fois qu’ils ressentent un mal, sinon le risque est énorme.

Il faut retenir qu’on ne peut pas éradiquer l’automédication, mais qu’il faut plutôt la canaliser afin de bénéficier de ses avantages.

                                                                                          Marie DEMBELE

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