Dans son analyse sur l’impact du covid-19, sur l’Afrique, l’économiste en chef de la Banque mondiale Région Afrique, Albert Zeufack, a laissé entendre que l’Afrique Subsaharienne, eu égard de la baisse de production combinée à une baisse des importations des produits alimentaires, risque une crise alimentaire grave.
La Banque Mondiale a un regard très préoccupant sur l’impact de la pandémie covid-19, sur l’Afrique. Selon elle, la croissance économique en Afrique Subsaharienne va baisser à une fourchette de -2 à -4%, d’ici à la fin de 2020.
Selon l’économiste en chef de la Banque Mondiale pour la Région Afrique, la pandémie covid-19 aura un impact sur le bien être social avec une diminution de 7%.
« S’il n’y a pas coopération entre les pays africains, si on ne permet pas la continuité du commerce interafricain, si on ne permet pas aux chaines de valeurs interafricaines de fonctionner, les pertes en bienêtre social pourraient être supérieures à 14% » explique M. Zeufack.
Les grandes économies fortement touchées !
En Afrique, il faut souligner que les grandes économies, comme l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola, considérées comme le moteur économique, représentent 60% du produit intérieur brut du continent.
Selon l’économiste Zeufack, ces grandes économies vont être gravement touchées par cette pandémie. La croissance dans ces trois pays, explique-t-il, risque d’être négative, c’est-à-dire, autour de -7 à -8%, alors que la moyenne pour 2020 avait été estimée à – 2%. Pour lui, le choc serait très violent pour ces trois pays pour deux raisons.
La première, dit-il, est le fait que bien avant la crise l’économie de ces trois pays ne fonctionnait pas bien. Pour rappel, il dira que l’Afrique du Sud était déjà en récession et l’Angola avait des difficultés à maintenir son taux d’investissement. Pire, souligne l’économiste, avec les chocs sur les coûts des matières premières, l’Angola était déjà en difficultés et la croissance était très timide au Nigeria.
Une éventuelle crise alimentaire à l’horizon
D’après toujours l’expert-économiste de la Banque mondiale, en raison du confinement dû au covid-19, la production agricole pourra baisser à 2% d’ici à 2020. De même, il a signalé qu’il y aura une baisse des importations. Or, précise-t-il, beaucoup de pays africains dépendent des produits de l’importation pour leur survie.
« Une baisse de la production Agricole combinée avec une baisse des importations des produits alimentaires pourraient mettre l’Afrique Subsaharienne sur les pistes d’une crise alimentaire » a déclaré Albert Zeufack.
Pour lui, les pays africains afin de contenir cela doivent faire deux choses.
La première, dit-il, est de s’assurer que les choix de valeur alimentaire à l’intérieur des produits et la logistique ne soient pas fermés. Ensuite, il a soutenu en tant que 2ème argument, que les pays africains doivent se donner la main et travailler ensemble pour lutter efficacement contre pandémie et éviter de justesse une crise alimentaire.
Un risque de la montée du taux de chômage
Par rapport à l’impact du covid-19 sur l’Afrique, l’économiste Zeufack, a d’abord expliqué que les économies en Afrique Subsaharienne ne créent pas suffisamment d’emplois pour la jeunesse.
Auparavant, l’Afrique devrait créer 12 millions d’emplois par an. Elle ne pouvait pas le faire. Avec la crise covid-19, cette pression va augmenter » a-t-il évoqué, tout en soulignant que cette crise va aggraver le sous emplois.
D’après lui, sur le marché du travail, 90% des populations en Afrique Subsaharienne est du secteur de l’informel. A ses dires, le fait que la structure des économies en Afrique soit dominée par les activités informelles causeraient un problème par rapport aux politiques que les pays vont mettre en œuvre pour lutter contre cette crise. « Par ce que c’est difficile de demander aux gens, qui vivent du contact de la population de rester à la maison sans compassassions salariales » a laissé entendre M. Zeufack.
Les recettes de la Banque Mondiale pour l’Afrique
Aux dires de l’économiste Zeufack, la Banque Mondiale conseille aux pays africains de faire deux choses parallèles. Pour lui, la première c’est de sauver les vies en mettant en phase tous les programmes d’assistances sociales, mais aussi de protéger le train de vie des ménages et des individus.
S’agissant de la 2ème solution , il dira que les dirigeants africains doivent faire en sorte que les économies ne s’effondrent pas.
Par Moïse Keïta