Conséquences du couvre-feu sur le travail des médecins: le SYMEMA crache ses quatre vérités

3

L’affaire du médecin interpellé par les forces de l’ordre dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 mars 2020, n’a pas fini de révéler toutes ses vérités. Cette affaire qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux a été banalisée par la Direction générale de la Police dans un communiqué. Dans une lettre adressée au ministre de la Sécurité et de la protection civile, le 6 avril, le Syndicat des médecins du Mali crache ses quatre vérités et tient le ministre pour responsable et tous les décès liés à l’interdiction des médecins de circuler la nuit.

Dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 mars, le Pr Niani MOUNKORO, de retour de l’hôpital Gabriel Touré, où il avait été appelé d’urgence pour consulter un cas suspect de coronavirus, a été arrêté et conduit au Commissariat du 1er Arrondissement par des éléments dudit commissariat, selon les sources policières

Ce comportement des agents de Police qui ont arrêté le médecin malgré la présentation de sa carte professionnelle a été très critiqué sur les réseaux sociaux. Pour calmer les esprits, la Direction nationale de la Police a publié un communiqué pour expliquer les faits.

Dans ledit communiqué, on peut lire : «la Direction Générale de la Police Nationale a appris ce jour 03 avril 2020 sur les réseaux sociaux, des allégations faisant état d’atteintes à l’intégrité physique d’un médecin. Immédiatement une enquête a été ouverte. Il s’est révélé que dans la nuit du 28 mars 2020 vers 23h, au niveau de la station Total près de la Direction du PMU Mali, une patrouille du commissariat du 1er Arrondissement du District de Bamako a rencontré un individu pendant les heures du couvre-feu. Comme il n’était pas loin du 1er Arrondissement, il a été conduit dans cette unité. L’Officier de permanence à qui il a décliné son identité, l’a immédiatement laissé partir. Ces faits remontent au 28 mars 2020 et ce n’est que ce jour 03 avril 2020 que les réseaux en parlent. Dans tous les cas, depuis l’instauration du couvre-feu, le respect des droits de l’homme (l’inviolabilité de intégrité physique, l’interdiction des tortures et traitements inhumains et dégradants) a toujours fait partie des consignes particulières constamment rappelées aux différentes forces de l’ordre par le Directeur Général de la Police Nationale, avec comme règle: tolérance zéro ».

Contrairement à ce communiqué de la Direction générale de la Police qui tente de minimiser cette affaire, la lettre que le Pr MOUNKORO a adressée au Directeur général du CHU Gabriel TOURE, prouve le comportement discourtois des éléments de la Police qui l’ont conduit au commissariat du 1er arrondissement.

Dans sa lettre d’explication adressée à sa hiérarchie, le Pr MOUNKORO indique que son équipe de garde l’a appelé pour un cas suspect de maladie à coronavirus admis dans son service. ‘’Serment prêté comme tout médecin, cela doublé de ma formation militaire, j’ai pensé qu’il fallait mettre en sécurité la vie de la patiente, ainsi que le personnel soignant. Mais hélas cela a tourné au vinaigre’’, a détaillé le Pr Niani MOUNKORO. Il a précisé qu’il s’est rendu à l’hôpital avec ses documents d’identité, y compris sa carte professionnelle.

A la suite de cette lettre d’explication du Pr MOUNKORO, le Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA) vient de monter au créneau pour exprimer son indignation. Dans une lettre adressée au ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Syndicat crache ses quatre vérités et met le ministre en garde contre tout décès suite à l’interdiction des médecins de faire leur travail.

Dans ladite lettre, le secrétaire général du SYMEMA précise qu’une première lettre a été adressée au ministre de la Sécurité, en date du lundi 30 mars, sans réponse. Ainsi, dans la présente lettre datée du 6 avril, le Syndicat des médecins du Mali rappelle au ministre de la Sécurité et de la protection civile qu’il existe d’autres maladies qui tuent autant que le COVID-19.

« Malheureusement nous avons reçu des plaintes des confrères qui ont été empêchés de mener à bien leur mission régalienne de tous les jours, le cas de l’un de nos éminents Professeurs la nuit du 28 mars 2020 est illustratif. La santé est un droit fondamental et universel, par conséquent la prise en charge des autres maladies ne doit pas s’arrêter, au risque de voir plus de décès dans nos familles suite aux urgences non traitées que par le COVID-19. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile assumera l’entière responsabilité de ces décès », s’indigne le Syndicat des médecins du Mali.

Le SYMEMA exige que le ministre prenne sans délai les mesures idoines afin que les soldats de cette guerre sanitaire (Médecins/ agents de santé) puisent avoir libre circulation chaque fois que l’appartenance à ce corps est prouvée par une pièce authentique quelconque (Carte d’identité nationale, passeport, permis de conduire…).

Le Syndicat se dit être dans la dynamique d’user tous les moyens légaux pour se faire entendre. Pour les syndicalistes, le COVID-19 est une guerre sanitaire qui se gagne par les agents de santé sans contrainte de circulation comme partout dans le monde.

Le ministre de la Sécurité et de la protection civile est donc interpellé à canaliser ses éléments qui doivent assurer le respect du couvre-feu. Ceux-ci doivent faire preuve de professionnalisme et de discernement pour que cette mesure prise par les autorités pour contrecarrer la propagation du coronavirus ne provoque pas d’autres dégâts plus graves.

 

PAR MODIBO KONE

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Non, il n’est pas temps puisqu’on a à faire à des idiots. Il faut faire comprendre à ces policiers qu’ils sont plutôt un problème au lieu d’être une solution.
    Si vous recrutez dans la police tous les repris de justice, tous les vauriens de tous les cycles d’enseignement, tous les ratés, eh bien vous ne pouvez avoir que ces genres de résultat dans l’exécution de vos missions. Des gens qui abusent de la petite parcelle de pouvoir qu’ils ont entre les mains, qui ignorent les plus élémentaires droits de la personne humaine.

  2. On trouve toujours une occasion pour en rajouter. Finalement les syndicats sont devenus une véritable calamité et son à la base de toutes les descentes en enfer de ce pays de l’indépendance à nos jours. L’accusé a reconnu son tord a présenté ses excuses. L’opinion n’a pas réagi parce que consciente de l’utilité des mesures pour la sécurisation de notre survie. Monsieurs n’est -il pas temps d’arrêter ces choses là ?

Comments are closed.