Conséquences de la covid-19 sur les élèves et étudiants : Vivre avec la pandémie

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Les élèves semblent être ceux qui payent le plus lourd tribut à la Covid-19 en matière d’impact. La vie avec la Covid-19 pour l’école n’est pas un long fleuve tranquille.

Après la fermeture des classes, les enfants se sont retrouvés en vacances. « C’était déjà une punition pour les enfants de devoir rester à la maison sans rien faire », explique Lamine Coulibaly, sociologue. « Si les épidémies et pandémies précédentes ont occasionné des changements, la Covid-19 a eu des conséquences dramatiques sur l’éducation de façon générale. Ce qui se répercute considérablement sur les enfants qui montraient déjà de très faibles résultats d’instruction ».

En effet, selon Mme Koné, spécialiste des questions d’éducation, l’élève malien, avec la Covid-19, les grèves multiples, a suivi moins de 40% de ce qu’il devrait apprendre. « Les enfants étaient prédisposés à s’amuser à la maison si celle-ci est devenue le lieu d’apprentissage, il y a forcément problème. En plus, il faut reconnaître que les enfants utilisaient le téléphone pour jouer ou faire des photos et non comme support d’études. Les parents de leur côté, dès qu’ils voient les enfants à la maison, c’est pour leur trouver des courses à faire », explique le sociologue.

Hafssatou Diarra, étudiante à la FSEG, explique que la Covid-19 a pénalisé les étudiants et élèves. « La situation nous obligeait à rester à la maison étant donné que les universités étaient fermées. J’ai mal vécu cette période déjà dans ma faculté, nous avançons lentement tant le système est lent et obsolète. La pandémie a ajouté sa touche. Aucune solution n’a été envisagée vu le nombre d’étudiants qui étaient dans l’amphi, les salles. Je n’arrive toujours pas à faire avec la Covid-19 ».

« La Covid-19 nous a mis en retard, car les écoles ont été fermées pendant 9 mois. Nous n’avons pas eu droit à un congé. Dans mon école nous n’avons pas de difficultés à respecter les mesures barrières étant donné que nous ne dépassons pas 25 par classe », explique Salimata Koné, étudiante à l’ESJC, spécialité presse écrite.

« J’ai passé la pire des années en 2020. Honnêtement, j’ai le dégoût de l’école maintenant. Je sais que mes parents n’accepteront pas que je reste à la maison pendant que mes camarades vont à l’école. Sinon, je n’allais pas suivre les cours cette année », ajoute Soumaïla Séméga, élève.

Mariam Konaté, élève, « J’ai trop souffert. Ma maman n’a pas été à l’école et on n’a pas de télé chez nous. Il me fallait lui expliquer tous les jours que je devais suivre les cours à la télé pendant les quelques mois que nous avons passés à la maison au début de la Covid-19. Elle me demandait d’aller au marché acheter les condiments, l’aider à faire le ménage. Le fait de me voir à la maison signifiait que je n’avais rien à faire. Ça n’a pas été facile ».

« A la reprise des cours, c’est le masque qui m’a beaucoup fatigué. Je suis asthmatique donc des sérieux problèmes de respiration, il me fallait les supporter. C’était très et c’est très dur pour moi », dit Fatim Traoré, élève.

Aminata Agaly Yattara

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EDUCATION DES ENFANTS ET COVID-19

Que pensent les parents d’élèves ?

Sitan Diarra (couturière) :

« Cette pandémie nous a suffisamment mis en retard. Le problème est qu’elle nous a permis de voir les limites de notre système éducatif. C’est grave qu’au 21e siècle encore nous en soyons à ce niveau. Nos enfants sont suffisamment limités dans leur compréhension et la Covid-19 y est pour beaucoup ».

Keita Ibrahim Balla (banquier) :

« Les 2 premières vagues nous ont montré à quel point il serait impérieux de se digitaliser, tant au niveau de l’éducation, de la santé et des emplois et dans les autres domaines de la vie courante. Le numérique nous impose des changements satisfaisants ».

Amadou Sylla (enseignant à la retraite) :

« Je suis perdu à vrai dire. Si l’on s’en tient aux chiffres du ministère de la santé, celui de l’éducation devrait prendre des dispositions avant d’ouvrir les classes. Réellement le degré d’insouciance de nos autorités me dépasse. On malmène nos pauvres enfants et petits-enfants n’importe comment et c’est vraiment dommage. Le niveau d’instruction ne fait que diminuer d’année en année. Que Dieu nous garde et les protège ».

Djénéba Konta (infirmière) :

« La covid-19 a servi de prétexte simplement pour nos autorités. Tout le monde sait que l’année dernière nos enfants n’ont pas suivi le programme entier. Ont-ils assimilé ces cours pour aller en classe supérieure ? Si l’on veut être honnête avec soi-même et que l’on pense sérieusement à l’avenir de nos enfants, nous devons reconnaître que les enfants n’ont pas appris les 2/3 de ce qu’ils devront connaître pour passer en classe supérieure. Mais c’est dommage que ce soit le dernier des soucis des responsables d’écoles. Tout ce qui les importe, c’est de faire des 100% pour attirer plus de parents d’élèves l’année suivante. Il est plus que l’on arrête avec le laissez aller et l’on revoit l’éducation de nos enfants car ce sont les futurs cadres et dirigeants de ce pays».

Propos recueillis par

Aminata Agaly Yattara

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COVID-19 ET AVENIR DE L’ECOLE

Leçons à tirer

L’année scolaire 2020 doit servir de repères aux responsables d’école, aux parents et même aux élèves pour mieux affronter cette nouvelle année qui débute.

 Le directeur de l’école de l’Ordre de Malte, Mogaz Dicko dit « nous avons fait le point de l’année scolaire qui s’est achevée et avons tiré des enseignements de nos échecs en vue de mieux préparer celle qui commence. L’an passé les cours se sont bien déroulés malgré la pandémie à coronavirus qui a eu un impact négatif sur le système éducatif du monde en général et celui du Mali en particulier. Les mesures barrières édictées par les autorités compétentes en la matière sont respectées à la lettre».

« L’unique solution pour cette année est d’outiller les élèves et étudiants des salles informatiques pour faciliter les cours à distance car Covid est une maladie qui exige la distanciation. Dans nos écoles fondamentales les élèves sont parfois à 4 sur une seule table banc », défend Salimata Koné étudiante ESJC.

Pour M. Bah, les cours en ligne sont bénéfiques même si ce n’est pas la solution dans un pays où seulement 24% de la population ont accès à l’internet. La pandémie a permis à certains étudiants maliens qui étudient à Dakar de valider leur année universitaire à travers des webinaires. Et elle a également permis à certains parents de surveiller leurs enfants dans le suivi des cours à la radio et la télé. Elle a impacté sur le niveau des élèves et étudiants qui ne s’exerçaient pas. »

« Je ne pense pas qu’il y’ait une solution à part les cours à distance et malheureusement le problème de connexion fait défaut. Le réseau est instable même dans la capitale, alors qu’en est-il de l’intérieur du pays c’est-à-dire les régions du pays s’il faut repenser le système. Ces lieux doivent être tenus en compte. Si jamais il arrive que le pays fait face à nouveau à la pandémie, le mieux serait de fermer les écoles. Certes la fermeture des établissements n’est pas une solution, mais dans le cas du Mali elle en est une, l’option des cours à distance est automatiquement écartée surtout dans certaines localités du pays. Toutes les familles n’ont pas une télévision, une radio encore moins une zone où on ne peut pas capter ORTM la chaîne nationale. Et l’Etat doit améliorer sa communication surtout en période de crise », a proposé M. Bah, professeur d’université.

La plupart des interlocuteurs affirme qu’il faut revoir le système scolaire tout en prenant en compte les localités de l’intérieur du Mali. Finalement quelle option sera adéquate ou appropriée pour les enfants ?

Aminata Agaly Yattara

Ces articles ont été publiés avec le soutien de JDH Journaliste pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

 

 

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