Le rétinoblastome ou « tâche blanche sur l’œil » est une tumeur maligne intraoculaire qui touche le nourrisson et le jeune enfant. Longtemps négligé par les parents, aujourd’hui grâce à la conjugaison des efforts de nos médecins, ce cancer de l’œil se soigne. Mais seul un diagnostic précoce permet la guérison dans 90% des cas.
Abdoulaye Néné Coulibaly, directeur du Centre hospitalier universitaire (CHU-Gabriel Touré, a procédé le vendredi dernier dans les locaux de la dite structure au lancement officiel du programme d’aide au diagnostic et au traitement du rétinoblastome. C’était en présence de Dr. Traoré, directrice par intérim du CHU-IOTA (Institut Ophtalmologique Tropical d’Afrique), du Pr. Pierre Bey, président de l’Alliance mondiale contre le cancer (AMCC) et plusieurs personnalités. Pour ce front contre le rétinoblastome, les médecins du Chu-Gabriel Touré et ceux de l’IOTA se donnent la main et très bientôt la tâche blanche sur l’œil de nos enfants ne sera qu’un mauvais souvenir.
Selon les statistiques, l’incidence de ce cancer est identique dans tous les pays : 1 cas pour 18000 naissances. Le RB représente 1 à 3% des tumeurs solides de l’enfant.
Au Mali, sur une période de 30 mois (janvier 2005 à juin 2007), à l’unité d’oncologie pédiatrique du département de pédiatrie-CHU Gabriel Touré, 55 cas de RB ont été colligés. Le RB représentait 33% des tumeurs solides. La durée médiane du diagnostic était de 5O mois et la survie globale était de 56%. L’incidence annuelle est de 30 cas, mais ce chiffre est en hausse. Toute chose qui prouve avec acuité que cette maladie de l’œil fait partie de nos réalités et selon les remarques, notre pays fait parti du peloton de tête, après le Maroc. Rétinoblastome, est une tumeur intra oculaire qui rend l’œil volumineux. Il est plus fréquente chez l’enfant, et est unilatéral dans 2/3 des cas ( c’est-à-dire atteint un seul œil), et bilatérale dans 1/3 des cas où les deux yeux sont affectés et entraîne dans certains cas l’énucléation qui consiste à enlever l’œil ou les yeux du patient et à le remplacer par une prothèse. 30% des cas de cancer restent héréditaire et la cause reste inconnue selon Pr. Pierre Bey. Aujourd’hui, grâce à la fédération des efforts de médecins des différentes structures le mal est circonscrit.
« La prise en charge d’un enfant atteint de rétinoblastome est pluridisciplinaire et à vie ; elle est assurée par un ophtalmologiste, un onco-pédiatre, un radiothérapeute, un généticien et un oculariste » a fait savoir Dr. Coulibaly, avant d’ajouter que seul le diagnostic précoce permet la guérison dans 90% des cas.
Signes cliniques
Selon, Dr. Fousseyni Traoré, pédiatre-oncologue, les manifestations cliniques sont détectées entre 2 et 3 ans pour la forme unilatérale et avant un an pour la forme bilatérale. Cependant, le signe d’appel le plus fréquent est la leucotomie. « C’est un reflet blanc de la pupille remarqué par l’entourage, parfois sur des photos prises avec flash. Son signalement doit être pris tôt au sérieux par le médecin, même si il ne le trouve pas » a-t-il indiqué avant de poursuivre que le strabisme est le deuxième signe d’appel après la leucotomie. Il traduit l’existence d’une tumeur intéressant la macula et responsable d’une perte de la fonction visuelle centrale. Il est parfois très précoce et souvent interprété à tort comme une faiblesse passagère des muscles oculo-moteurs. Il est donc obligatoire de faire un fond de l’œil à tout enfant strabique.
Selon, Dr Traoré, dans les pays développés, la quasi totalité des rétinoblastomes est diagnostiquée lorsque la tumeur est encore endo-oculaire. Mais qu’au Mali, les extensions extra-sclérales révélatrices sont très fréquentes.
Quant à Dr. Abdoulaye Néné Coulibaly, il fera savoir que le traitement du rétinoblastome s’est transformé durant les dix dernières années du fait des progrès de la chimiothérapie et des traitements conservateurs locaux qui ont remplacé progressivement les indications de la radiothérapie externe. Et que ce traitement a deux buts : préserver la vie et préserver la vue. Selon lui, le traitement local est plus performant depuis l’avènement de la thermo chimiothérapie, qui consiste à réaliser une perfusion de carboplatine suivie dans les deux heures par un traitement de la tumeur par le laser diode qui va entraîner une hyperthermie au niveau de la tumeur et renforcer l’action de la carboplatine. S’agissant des autres traitements locaux, il indiquera la cryothérapie qui consiste à geler la tumeur par une cryode ; elle s’applique aux petites tumeurs antérieures et la curiethérapie qui est utilisée pour les tumeurs périphériques non accessibles à une cryothérapie. Quant aux perspectives de traitement par thérapie génique de cancer, il dira que cela restent encore du domaine du futur car de nombreuses équipes travaillent dans ce sens.
Aliou Badara Diarra