Le colonel Seydou Traoré serait, à en croire les travailleurs de l’Hôpital du Point G, celui par lequel tout leur malheur est arrivé. Avant de le lyncher comme par eux promis, ils ont saisi le ministre de la défense.
Le sit-in des travailleurs du centre hospitalier universitaire de Point G a porté ses fruits. Une équipe de trois personnes, composée du DGA de l’hôpital, Mamady Sissoko et de deux représentants des travailleurs, a eu gain de cause au niveau du service des domaines et surtout, obtenu l’assurance du géomètre de mettre les plans à la disposition de l’hôpital. Mieux, de son côté, le gouvernement, à travers le ministère de la Santé, a assuré de sa contribution pour la sortie de la crise. L’information a été donnée à la faveur de l’assemblée générale des travailleurs le vendredi dernier dans la salle de conférence du CHU de Point G.
Après l’arrêt momentané du travail, mardi et mercredi derniers dans la matinée, par les travailleurs pour manifester leur mécontentement dans le retard de l’opération d’acquisition de leurs titres fonciers, l’administration de l’hôpital a rencontré par deux fois les représentants des travailleurs pour tenter de trouver avec eux des solutions.
Les concertations ont permis d’élaborer un groupe de travail composé du directeur général adjoint de l’hôpital, du secrétaire général du syndicat, Youssouf Maïga et de Mme Konaté Salimata Sidibé. Le groupe avait pour mission de suivre le dossier au niveau des services concernés et de procéder à la vérification des allégations de non paiement des frais au niveau du service des domaines et chez le notaire chargé de l’élaboration des plans des différents parcelles restantes.
Au demeurant, une concertation périodique de chaque semaine a été instaurée entre la direction et les travailleurs pour mettre tout un chacun au même niveau d’information. Le point de départ de cette information, où toutes les questions (financières et administratives) doivent être abordées, a eu lieu le vendredi dernier à travers l’assemblée générale. Pour l’occasion, la commission diligentée était face aux travailleurs. Elle a affiché son optimisme pour la résolution du problème.
Pour rappel, en 2006, sur initiative du syndicat des travailleurs, la direction de l’hôpital du Point G a bien voulu appuyer l’opération de titres fonciers. Ce, pour ses travailleurs désireux en lieu et place des ristournes qui leur sont versées de façon trimestrielle par l’hôpital. 450 postulants ont été retenus.
De 2006 à nos jours, 330 personnes ont pu connaître l’emplacement de leur site. 120 autres sont dans l’attente. Sentant le retard dans le traitement du dossier, les travailleurs ont confié la gestion du dossier à leur syndicat appuyé par une commission. De 2010 à nos jour, le dossier n’a pas bougé et ni le syndicat, ni ladite commission n’a fait un compte rendu à la base. Toute chose qui a entrainé une frustration et un mécontentement des travailleurs, y compris ceux connaissant déjà leur terrain. Provoquant ainsi deux jours de sit-in des travailleurs.
Une issue favorable se dessine
Dans la journée du mercredi 27 avril 2011, selon le directeur adjoint du CHU Point G Mamady Sissoko, le groupe constitué de trois personnes a pu se rendre au niveau du service des domaines. Où le dossier de signature des titres fonciers individuels du site de Djatoula était rangé dans les tiroirs depuis 2009. Parce qu’il n’y a pas eu de répondant ou presque. Alors que les frais sont déjà payés au niveau des domaines par la direction de l’hôpital. Saisit du dossier et de la situation qui prévaut, le chef de la section a assuré qu’en rapport avec sa hiérarchie, qu’il fera diligenter le dossier pour le mettre à la disposition du service des domaines de Kati cette semaine.
Quant au géomètre M Fané chargé de l’élaboration des plans de Banankoro, Tabakoro et de Kambila, il assure que les plans sont déjà ficelés et qu’ils devraient être mis à la disposition de l’hôpital vendredi dernier. Encore dans la journée du jeudi 28 avril dernier, le directeur général de l’hôpital le colonel Charles Fau accompagné de son adjoint et de Mme Konaté Salimata Sidibé a effectué une sortie sur Kati pour rencontrer le Préfet sur la question. Celui-ci a, à l’occasion, mobilisé tous son staff pour diligenter le processus d’attribution des lettres des différents plans déjà élaborés notamment à Tabacoro.
D’autre part, selon le DGA de l’hôpital de Point G, suite au sit-in, le ministère de la Santé au nom du gouvernement a assuré l’administration de son soutien pour mettre les travailleurs dans leur droit.
Le syndicat et le colonel Mamadou Seydou Touré à l’origine du mal
Les retards engendrés dans le traitement de ces dossiers sont dus à un manque de suivi et de coordination des responsables chargé de la question. En occurrence, le syndicat et le vendeur des titres fonciers globaux répondant au nom de Mamadou Seydou Touré, colonel de l’armée malienne. Car depuis 2009, les plans des lotissements de Banankoro et de Tabacoro sont disponibles. D’autant plus que l’administration, pour sa part, s’est toujours acquittée des frais afférents à la réalisation dudit programme. Il est arrivé un moment où l’administration payait mais le dossier n’avançait pas.
C’est ainsi que les paiements ont été suspendus par la direction en attendant de voir clair dans les dossiers.
En tout état de cause, il appartenait au syndicat de suivre le dossier et de rendre compte à la direction ainsi qu’à l’ensemble des travailleurs. En clair, le syndicat est l’acteur principal puisque c’est lui qui a initié le programme. Par conséquent, il devrait solliciter l’appui de la direction s’il rencontrait des difficultés. A cet effet, lors de l’assemblée des travailleurs, ces derniers ont lancé des remarques peu amicales à l’endroit du secrétaire général des syndicats.
Par ailleurs, pour le site de Banankoro, quelques difficultés ont été signalées par le préfet de Kati. Et pour causes : le propriétaire des lieux n’est autres que le colonel Mamadou Seydou Touré. Ce dernier est, en clair, détenteur du titre foncier global de la zone avec qui l’hôpital avait opéré un achat. Aussi, d’autres propriétaires sont entrain d’occuper le site. Pour ce faire, l’hôpital a saisi le ministère de la Défense. Ce dernier doit entendre le colonel Mamadou Seydou Touré dans un bref délai, selon le DGA de l’hôpital. En tout état de cause, les travailleurs sont décidés à s’en prendre physiquement à notre colonel si toutefois il osait mettre les pieds à l’hôpital.
Oumar Diakité