Les formations sanitaires font face tous les jours, dans l’urgence des situations sanitaires, à des risques importants. La sécurité des patients est une préoccupation réelle pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Etats membres. Selon le représentant de l’OMS, Ndoutabé Moudjurom, « la charge de morbidité imputable aux infections nosocomiales est énorme : 1,4 millions de personnes dans le monde contractent une de ces maladies à l’hôpital. Dans les pays développés, 5 à 10 % des malades admis à l’hôpital attrapent une ou plusieurs infections.
Ce risque est de 2 à 20 fois plus élevé dans les pays en développement ». En soins intensifs, les infections nosocomiales touchent 30 % des malades et la mortalité qui en résulte peut atteindre 44 %. Ces infections sont une réalité chez les bébés admis dans un service néonatal, et dans les cas d’utilisation de cathéters intra vasculaires, et de transfusions sanguines à risque. La résolution « Qualité des soins : sécurité des patients » adopté par la 55ème session de l’Assemblée mondiale de la santé en 2002 invite les Etats membres à accorder la plus grande attention à cette question et instruit à l’OMS de promouvoir le développement d’une politique de sécurité des patients en établissant des standards internationaux, en encourageant la recherche et en appuyant les efforts des pays membres. C’est à cet effet que l’Alliance mondiale pour la sécurité des patients a été créée en Octobre 2004, a rappelé Ndoutabé Moudjurom. Elle a formulé le 1er défi pour la sécurité des patients.
Le Mali s’est engagé dans le 1er défi mondial pour la sécurité des patients. Le Centre hospitalier universitaire du Point G a été désigné comme site Pilote de ce défi. Trois ans plus tard, c’est au tour du CHU Gabriel Touré d’abriter le Programme de partenariats africains pour la sécurité des patients (Apps). Ce qui permettra de consolider les premiers acquis pour le Mali en matière de promotion de la sécurité des patients. « La sécurité des patients est essentielle dans tout système de santé à travers le monde et constitue un enjeu crucial pour la région africaine, car toute thérapeutique constitue un risque même s’il s’agit d’un risque calculé », a déclaré le Directeur Général du CHU Gabriel Touré, Abdoulaye Nené Coulibaly.
Le but du programme Apps est d’accorder une place de choix à la sécurité des patients en milieu de soins. Il vise la prévention des infections associées aux soins en recommandant des mesures simples comme l’accès à l’eau, au savon et la disponibilité de solutions hydro alcooliques pour l’hygiène des mains dans les structures de soins. Pour la mise en œuvre, des responsables ont été désignés, ainsi qu’un comité de gestion du programme en intégrant des représentants du CHU du Point G, de la société civile, représentant les usagers et les consommateurs. Selon le Directeur Général du CHU Gabriel Touré, Abdoulaye Nené Coulibaly, l’engagement des patients et de la communauté dans la mise en œuvre du programme est essentiel car il fait de l’utilisateur d’un service de santé un acteur clé dans la qualité des soins dispensés.
La mise en œuvre de ce programme au CHU Gabriel Touré, l’hôpital le plus fréquenté du fait de sa position centrale dans la ville de Bamako, pourrait forcer l’adhésion des communautés. Il ne pourrait en résulter qu’une diffusion large du concept de la sécurité des patients au Mali. Le CHU Gabriel Touré a un partenariat avec les hôpitaux universitaires de Genève, qui remonte à la mise œuvre à l’hôpital du Point G, du premier défi pour la sécurité des patients. Avec les activités de projets qui seront initiés dans le cadre de ce programme en collaboration avec les partenaires de Genève, on ne peut qu’espérer sur une « nette amélioration de la qualité de nos soins les tous prochains jours ». Tel est en tout cas la conviction du DG Abdoulaye Nené Coulibaly.
Le 18 janvier 2007, une « journée nationale sur la sécurité des patients » a été organisée avec comme thème : « A bonne hygiène, bons soins ». Pour la représentante du ministère de la santé, au lancement du programme Apps, Dr Togo Marie Madeleine, Conseiller technique, « la qualité des soins et les mesures essentielles d’hygiène pour éviter la propagation des infections dans les lieux de soins restent un défi majeur à relever ».
Nouhoum Dicko