La Chicha, une substance à pipe orientale à long tuyau flexible reliée à un flacon d’eau chaude aromatisée, est un objet qui permet de fumer grâce à un système d’évaporation de l’eau. Très prisée dans les pays arabes, la Chicha est aujourd’hui adulée par les jeunes maliens.
Apparu il y a quelques années au Mali, ce tube à eau avec au-dessus du charbon, est devenu l’élément préféré des jeunes maliens. On en aperçoit dans chaque recoin, dans les différents grin, devant les maisons et dans les coins de ventes. On en trouve même dans les alimentations. D’après un vendeur, elles viennent très souvent de Lomé (Togo) et du Maroc.
Le prix de la chicha dépend de la qualité. Les prix varient entre 10 000 F CFA et 200 000 F CFA. « La chicha me déstresse et me met mal à l’aise. J’ai commencé à fumer, il y a de cela 5 ans. Au tout début, je consommais la chicha électronique, mais au fil du temps, j’ai opté pour une autre moins chère. Il est impossible de mélanger de la drogue ou d’autres substances nuisibles avec. Ce sont les vieilles personnes qui supposent ça, on met juste des arômes à l’intérieur. Mes parents n’aiment pas que j’en fume et j’ai promis d’arrêter mais comme on ne peut arrêter du jour au lendemain, j’en fume rarement maintenant. Je n’ai eu aucun problème de santé », explique Mamoutou, un jeune de Bamako.
Une jeune étudiante de 21 ans, habitant l’Hippodrome, ajoute : « je ne suis pas un très grand fan de la chicha. J’en prends souvent juste pour le fun. Je n’ai pas de préférence mais je prends plus le même parfum qui coûte entre 5 000 F CFA et 10 000 F CFA ».
Au quartier Golf, un groupe d’étudiants est assis autour d’une chicha. « C’est juste pour le plaisir. Un non-habitué aura des maux de tête et des vertiges. Mais avec l’habitude tu auras moins de malaise. Si tu en consomme sans manger c’est encore pire et si tu as le ventre plein ça t’aide à digérer mais tu auras encore faim. Je vais arrêter d’en prendre parce que ça devient une obsession pour moi, ça me coupe l’appétit donc je peux faire toute une journée sans manger. Elle ne m’a jamais causé de problème de santé mais maman m’a interdit d’en fumer parce qu’une fois elle m’a vu », témoigne un jeune.
A Faladiè, un autre commente : « j’en prends car j’adore l’arôme. Je n’ai jamais eu de problème de santé. Par contre, une quantité excessive entraîne des maux de tête ».
Si les jeunes pensent que cette substance n’est pas nuisible cela n’est pas l’avis de tout le monde.
D’après Dr. Yvette Coulibaly, médecin généraliste, « la chicha accroît fortement les risques de cancers du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aérodigestives supérieures (bouche, langue, pharynx, larynx). Même chez les petits fumeurs, la chicha, même occasionnelle, est nocive pour la santé. Elle a des conséquences et présente les mêmes dangers que la cigarette, pour ne pas dire qu’elle est plus dangereuse que la cigarette parce qu’une seule bouffée de chicha contient autant de fumée qu’une cigarette entière. Une séance de chicha revient ainsi à fumer entre 20 et 30 cigarettes, et les risques pour la santé sont les mêmes que pour la cigarette, augmente le rythme cardiaque ce qui entraîne des dommages cardiologiques et pulmonaires, digestifs, risques de cancers… La différence entre la chicha et la cigarette est que lorsque vous fumez une cigarette, elle va être consommée en 8 à 12 bouffées pour une durée d’environ 5 minutes, alors que le narguilé, lui va être fumé en une cinquantaine de bouffées, sur une heure. La chicha délivre l’équivalent de 50 cigarettes en monoxyde de carbone. Donc en analysant bien on peut dire que la chicha a plus de conséquences que la cigarette ça fournit plus de fumée et dans ce cas elle atteint plus les poumons».
Geneviève Marie-Thérèse Condé
(stagiaire)