Chic ou Choc Planification familiale : La part des hommes

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Au Mali, bien que les hommes jouent un rôle premier dans les prises de décisions au sein des familles, ils participent très peu aux programmes de planification familiale. Les raisons d’un paradoxe.

« La planification familiale est une affaire de femmes. Ce ne sont pas les hommes qui mettent au monde les bébés. Comment voulez-vous débattre de cette question avec moi ? ».

Ces propos de Doumbia, un tailleur âgé de 45 ans avec 8 enfants et deux épouses, sont celles de beaucoup d’hommes de notre pays.

La planification, une affaire de femmes ?

Assurément pas, mais plutôt affaire de couple, donc de l’homme et de la femme.

Mais, dans une société patriarcale et de confession majoritairement musulmane comme la nôtre, les hommes ont sans aucun doute, un rôle prépondérant à jouer.

C’est pourquoi, l’attitude des femmes vis-à-vis de la pratique de la contraception est dans bien des cas, moulée sur le point de vue du mari ou du partenaire.

« Dès la naissance de mon deuxième bébé, j’ai voulu me planifier, mais mon mari s’est opposé avec des menaces de divorce » soutient Rokiatou. « Mais, après ce garçon (le troisième), il a donné son accord puisque, dit-il, les temps sont durs ».

En réalité, comme l’expliquera notre interlocutrice, son mari avait en projet un second mariage.

Les praticiens sont formels : « toutes les femmes mariées et même certaines jeunes filles, viennent sur l’ordre de leurs partenaires ; sinon, disent-elles, elles sont mal jugées ».

Cette quasi-méfiance des hommes vis-à-vis de la planification familiale, selon un spécialiste, s’explique par « l’erreur des initiateurs, au début de la planification familiale dans notre pays, qui ont surtout ciblé les femmes, laissant en marge les hommes ».

Effectivement, les hommes que nous avons interrogés estiment que la planification familiale n’avance pas « parce qu’on nous a mis de côté », soutient celui-ci « Ces gens veulent pousser nos femmes à la débauche ». Avis que ne partage pas son épouse pour qui, la planification familiale aide à mieux gérer la famille. Cela au bénéfice du couple. Cependant, il faut noter que, jusqu’à présent très peu de programmes dans ce domaine ciblent les hommes. En conséquence, même les plus attachés aux méthodes de contraception et à la santé reproductive disposent de très peu d’informations.

 

Des services de planification pour hommes ?

A ce problème il faut ajouter celui de l’accessibilité des services aux hommes. Les services de planification familiale sont offerts par les PMI (Protection Maternelle et Infantile). Et les unités prénatales des hôpitaux publics où les hommes se sentent mal à l’aise lorsqu’ils se mêlent aux femmes et aux enfants.

« Je serai le premier à être candidat si on ouvrait des lieux spécialisés pour les hommes. Mais dans les conditions actuelles il n’en est pas question. Ce n’est pas décent » souligne le sieur Mariko.

Ce ne sont pas là les seules difficultés. Il faut aussi reconnaître que les choix en matière de contrôle des naissances sont limités pour les hommes.

Hormis l’abstinence périodique, les autres alternatives disponibles à l’homme sont le préservatif et la vasectomie (intervention chirurgicale mineure effectuée sous anesthésie locale pour l’excision du vas déferens, une stérilisation irréversible).

Au Mali, on indique qu’un seul homme se serait soumis à cette opération. Cependant aucun dossier dans les archives ne le prouve.

Les témoignages révèlent que les hommes qui utilisent le préservatif le font pour se protéger contre le Sida et les autres MST, plutôt que d’éviter les grossesses indésirables.

Quant à la vasectomie, les hommes ne veulent pas en attendre parler car ils l’assimilent à la castration.

Les acquis pour ce qui est des femmes, ne sont pas encore à un niveau optimal, mais, les pas déjà effectués sont loin d’être négligeables.

Pour leur consolidation et sur leur extension, ces acquis requièrent l’apport indispensable de « l’autre moitié » de la nation, à savoir les hommes.

Car, c’est toujours à deux, en couple, que l’on vit les différentes exigences de la vie conjugale.

La concrétisation de « la part de l’homme » ouvrirait la voie du salut.

L’implication encore timide des hommes dans la planification familiale n’est donc pas une fatalité.

Mais, il faudrait que les initiateurs se creusent les méninges pour trouver des approches de motivations des hommes. C’est seulement de cette façon qu’on pourra accroître l’engagement des hommes et encourager la responsabilité conjointe dans tous les aspects de la santé sexuelle et de la reproduction.

 

Malick Camara

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