Après de loyaux services rendus aux populations Katoises, les missionnaires médicaux chinois diront adieu, ce vendredi 22 juillet 2011, à leurs nombreux patients.
La nouvelle a été annoncée lors de l’inauguration officielle de l’Hôpital du Mali : le retrait de la mission médicale Chinoise de Kati sera effectif le 26 juillet prochain. Mais déjà, ce vendredi 22 juillet 2011, les chinois arrêteront définitivement leurs interventions à Kati, Sikasso et Markala.
Après une coopération exemplaire de plus de 40 ans, les médecins chinois quitteront définitivement l’hôpital de Kati à l’instar de ceux de Sikasso et de Markala. Ils exerceront désormais à l’hôpital du Mali, gracieusement offert par la République Populaire de Chine à notre pays. De nos jours, la coopération médicale sino-malienne a efficacement amélioré la prise en charge au niveau du CHU de Kati. Leur départ suscite débats et interrogations dans la ville de Kati quant au vide qu’il engendrera. «C’est vrai que le départ va certainement bouleverser les habitudes. Mais aujourd’hui, l’hôpital dispose des compétences locales qui pourront prendre le relais en offrant des services de qualité aux patients. Ceci dit, on regrette toujours un partenaire», affirme le DG, Dr. Alioune Doumbia. Par ailleurs, il rassure que des cadres du CHU de Kati ont suivi des formations en Chine et dans différents domaines, notamment le management, la traumatologie, la gynéco-obstétrique et en acupuncture.
Les Chinois ont certes marqué la vie de l’hôpital de leur emprunte, mais leur départ n’aura pas une influence majeure sur le cours normal de son exercice.
Idrissa Marcel Traoré
Réaction au départ des médecins chinois de l’hôpital de Kati
Mohamed Soumounou, correspondant de presse à la retraite
«Cela nous donne des pincements au cœur»
Ce serait avec beaucoup d’amertumes que nous allons voir nos amis chinois partir. Depuis 1974, nous avons une coopération médicale très poussée avec les Chinois et qui a fait des merveilles. J’ai encore en mémoire l’intervention très efficace au foie des médecins chinois sur un individu qui avait reçu un choc violant pendant qu’il jouait au ballon. Cet individu est en très bonne santé aujourd’hui et c’est sans compter qu’en traumatologie, ils ont fait des exploits. Ils se sont illustrés dans beaucoup de domaines de la médecine en rendant d’immenses et d’inespérés services aux populations de Kati. Quand nous apprenons que ceux-ci vont partir cela nous donne des pincements au cœur. D’après Anatole France, même les situations souhaitées connaissent leurs amertumes, donc, ce serait un peu la même chose. La question que nous nous posons, est de savoir qu’après le départ des Chinois, comment nous allons combler le vide. Peut-être que l’Etat va palier cela ? En tout cas, la population sera sevrée et c’est avec beaucoup d’amertumes que nous allons assister à leur départ.
Dr. Abdoulaye Koné, adjoint au médecin chef du CSREF de Kati
«Les compétences sont disponibles»
Merci pour le choix porté à ma modeste personne. Les prestataires chinois œuvrent depuis l’indépendance à Kati et sans risque de me tromper, la réputation du CHU de Kati serait due à la présence de ces chinois. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mali. Le CHU est surtout sollicité grâce à certaines spécialités notamment la traumatologie, l’acupuncture et la gynéco-obstétrique, tout ceci appuyé par un don gratuit de médicaments aux patients. Donc, les prestations des Chinois étaient vraiment appréciées. Ceci dit, nous sommes amenés à nous poser des questions. D’une analyse objective de la situation, je dirais que les compétences sont disponibles et pourront assurer la relève après les missionnaires chinois. En traumatologie, nous avons les professeurs Sidibé, Sangaré et Dr. Macalou de la garnison militaire, les usagers n’ont pas de souci à se faire. Dans le domaine de la Gynéco-obstétrique, le CHU a été doté d’infrastructure de pointe avec deux spécialistes. Au niveau de l’acupuncture, nous disposons également des spécialistes. D’un point de vue technique, le vide laissé par les chinois sera comblé. Je pense aussi que l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) palliera des dons de médicament. L’AMO prend 70% des frais de médicaments sur les cas ambulatoires et 80% sur les cas d’hospitalisations. Aujourd’hui, on peut dire que le Centre Hospitalier Universitaire de Kati est fin prêt pour relever le défi, une fois que les chinois se retireront. Comme nous avons à faire à une population analphabète, elle à tendance à croire que nos locaux ne serait pas à la hauteur. Or, c’est tout à fait le contraire car nous avons des compétences qui peuvent faire mieux. Je pense personnellement que des sensibilisations doivent être faites dans ce sens.
Propos recueillis par Mass