En 2020, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein au Mali a été estimé à environ 2450. Après des taux de risque de maladie aussi élevés, la lutte contre le cancer du sein reste un réel problème de santé pour le pays. En effet, le cancer du sein est aujourd’hui le cancer le plus répandu et le plus dangereux chez la femme. Dans cet article, Pr. Togo Adegné, chef de service de chirurgie générale à l’hôpital Gabriel Touré, nous donne plus de détails sur cette maladie.
Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez la femme. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette maladie est présente dans tous les pays du monde. Le cancer du sein touche les femmes de tous âges dès la puberté, mais son incidence augmente avec l’âge.
Selon Pr. Togo Adegné, chef de service de chirurgie générale à l’hôpital Gabriel Touré, le cancer du sein est une maladie courante qui peut survenir aussi bien chez l’homme que chez la femme et à tout âge. Il s’agit d’un type de cancer différent des autres maladies du sein dans la mesure où le cancer du sein peut provoquer le déplacement de la maladie vers une autre partie du corps, comme le cerveau, les poumons, les os ou ailleurs.
“C’est en raison de sa capacité à se propager que nous craignons cette maladie. Le cancer du sein est une maladie dangereuse, mais ce danger n’est pas seulement lié à sa propagation mais aussi à sa possibilité de traitement, au coût du traitement et à la capacité de diagnostic”, explique-t-il.
Causes et symptômes
Parlant des causes de la maladie, le spécialiste du cancer du sein déclare que l’on soupçonne que la patiente présente un stade précoce de cancer lorsque le mamelon est pressé et que le sang s’écoule, lorsque le sein commence soudainement à ressentir de la douleur, lorsque l’apparence de la peau du sein commence à changer, ou lorsqu’il y a une boule dans le sein. Pour Pr. Togo, ce sont des signes que tout homme peut déceler.
Le cancer du sein est dangereux, mais nous pouvons nous auto-diagnostiquer pour éviter les complications de la maladie. Compte tenu de ce fait, notre interviewée a souligné que pour les femmes, elles peuvent régulièrement, avant les règles, pendant les règles et après les règles, palper leurs seins devant le miroir pour voir s’il y a des anomalies.
“Cette palpation peut être réalisée par le conjoint, le médecin, ou par soi même. Cela permet de diagnostiquer le cancer à son début. Et s’il est diagnostiqué à sa phase initiale, il est probable qu’on ne suit pas un traitement approfondi. Avec un traitement minimal, la femme aura encore ses deux seins et aura jusqu’à 90 % de chances de survie”, rassure-t-il.
Traitement
Le cancer du sein est grave, fréquent et mortel. Selon les explications de notre interlocuteur, son taux de mortalité est très élevé. Au Mali, en général, son taux de survie est de cinq ans, c’est-à-dire à partir du moment où l’on pose le diagnostic, les patientes qui restent vivantes pendant 5 ans tournait autour de 20 % avant. Mais aujourd’hui, ajoute-t-il, environ 50 à 60 % des personnes survivent cinq ans après diagnostic.
Toutefois, les patients qui sont pris en charge pour la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie et tout le processus de traitement ont une possibilité de survie encore nettement supérieure, c’est-à-dire que celle-ci peut aller au-delà de 5 ans. Cependant, celles qui viennent avec un stade très tardif où la maladie a quitté le sein pour se localiser dans les autres organes, en ce moment la survie moyenne est de deux ans, selon Pr. Togo.
Concernant le traitement, il note qu’il y a un grand problème au Mali. “Au Mali aujourd’hui, tous les traitements du cancer du sein sont possibles. Tout ce qui concerne la chirurgie du cancer du sein est fait dans toutes ses composantes au Mali. La chimiothérapie et la radiothérapie sont bien possibles. Les laboratoires et l’imagerie qui font le diagnostic sont également à la pointe aujourd’hui. Et tous les autres aspects sont là”, affirme t-il.
Vous l’aurez compris, malgré la disponibilité des moyens, le problème de diagnostic perdure. Pour notre interlocuteur, le diagnostic est un problème car il repose en grande partie sur la connaissance de la maladie. Il convient tout de même de noter que le cancer du sein peut être causé par des facteurs de risque génétiques, le tabagisme, la sédentarité pour ne citer que ceux-ci.
Cependant, il faut savoir que la maladie peut effectivement être traitée avec de très bons résultats quand elle est diagnostiquée plus tôt. En conclusion s’informer et se faire dépister augmente grandement les chances de prévenir le cancer du sein.
Siguéta Salimata Dembélé
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Octobre rose :
Palper les seins pour prévenir
Chaque année, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation contre les cancers notamment celui du sein et du col de l’utérus. Il s’agit d’encourager les femmes à se faire dépister gratuitement.
Au Mali, la lutte contre le cancer reste un enjeu sanitaire grandissant. On estime à 2 450, les nouveaux cas en 2020. Le cancer de sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes et constitue la principale cause de mortalité.
Les spécialistes estiment que 80 % des cancers du sein surviennent à partir de la quarantaine. C’est à partir de cet âge qu’il faut préconiser un dépistage régulier afin d’augmenter les chances de guérison en cas de maladie, il faut nécessairement faire un dépistage chaque deux ans pour se situer.
Selon docteur Madani Ly, oncologue, “le cancer de sein touche toutes les femmes dès 40 ans. Pour s’assurer, elles doivent faire la mammographie et se former à l’autopalpation (qui est l’examen soi-même de ses seins à la fin de chaque règle“. Au cours de cet exercice, “si elle constate des boules anormales, elle doit consulter un spécialiste, faire des examens. Ces précautions permettent une détection précoce de la maladie et diminuent la durée du traitement, de la convalescence et permettent souvent une rémission. Et si les résultats sont normaux vous serez donc rassuré“.
Fatoumata Touré, la quarantaine, mère de deux enfants, a vaincu le cancer de sein grâce à une prise en charge rapide. “Avant, je travaillais dans un placer à Kéniéba. Un moment, je me sentais lourde et très fatiguée. Au moindre effort, je ressentais des douleurs au niveau du sein qui persistaient. Après consultations, j’ai été directement référée au CHU du Point G. là-bas, après examens, on m’annonçait que je fais un cancer de sein. Ce fut mon jour le plus difficile. Mais, après un mois de traitement, on m’a amputé du sein gauche. J’ai suivi le traitement comme il faut, même si ça coûte un peu. Au bout d’une année, j’ai vaincu la maladie. Mais de temps à autre je vais pour le contrôle“.
Cette campagne a vu le jour dans les années 90. Elle est une initiative d’une célèbre femme d’affaires américaine Evelyn Lauder. Atteinte du cancer de sein, elle s’est impliquée dans un combat actif pour sensibiliser sur l’importance du dépistage. De cette maladie est née l’importance d’aider d’autres femmes.
Aïchatou Konaré