Depuis un certain temps, le Syndicat autonome des pharmaciens d’officines privées (SYNAPPO) veut procéder à une relecture de la structure des prix de médicaments dans notre pays. L’opération doit normalement entrainer des hausses et des baisses sur une centaine de produits de spécialités. Allergique à toute idée de hausses en cette période de vaches maigres, la ministre de la santé, Diallo Madeleine Bah a adressé une correspondance datant du 16 septembre 2011 au Synappo pour lui dire de surseoir à son projet. Malheureusement ce dernier ne l’entend pas de cette oreille et se dit prêt à engager un bras de fer avec la ministre s’il le faut.
Dans sa correspondance datant du 16 septembre 2011, la ministre de la santé Diallo Madeleine Bah demande au Syndicat autonome des pharmaciens d’officines privées (SYNAPPO) de surseoir purement et simplement à cette relecture qu’elle juge inopportune, notamment en ce qui concerne une hausse des prix. Cette correspondance ministérielle fait suite à celle à lui précédemment envoyée par le Synappo où il fait l’inventaire des produits qui doivent subir la hausse et ceux dont les prix doivent baisser avec cette relecture. Mme Diallo Madeleine Bah dans sa correspondance adressée au Synappo et aux grossistes de la place, se montre soucieuse du portefeuille du consommateur malien, lequel éprouvera des difficultés pour accéder à ces produits dits de spécialités.
Malheureusement cette préoccupation ministérielle ne semble pas émouvoir le Synappo. Son président, Dr. Cheick Oumar Dia que nous avons rencontré hier dans son officine, explique qu’il y a 2 ans que son syndicat a procédé à cette relecture de la structure des prix. Ce qui a abouti à un changement qui verra des hausses et des baisses au niveau de produits dits de spécialités. Notre interlocuteur qui nous indique que la liste des produits en question sera publiée dans les jours à venir ; il rappelle également que par le fait des pharmaciens et des grossistes, notre pays a une meilleure accessibilité géographique et financière des médicaments. « Seuls les pharmaciens maliens acceptent de renoncer à leur marge de 35% sur les médicaments génériques qui sont au nombre de 107 et qui soignent 80% des pathologies et cela conformément au décret 87-PR du 16 mars 2007 » poursuit le président du Synappo.
Union sacrée contre la ministre
Le docteur Cheick Oumar Dia ne s’arrête pas là : il accuse aussi les autorités en affirmant que pour le respect de ce décret, les pharmaciens avaient demandé des mesures fiscales ; lesquelles n’ont jamais été prises en compte par l’Etat. Il s’agit notamment de la révision de la fiscalité et son adaptation au secteur, de la fermeture des dépôts illégaux de médicaments des non-professionnels, de la lutte contre les médicaments de la rue et la cessation de la concurrence déloyale des cliniques et des cabinets. « C’est donc au vu de toutes ces défaillances et de l’inaction de la commission paritaire interne que nous avons décidé de procéder à cette relecture. Il s’agit d’une harmonisation avec les autres pays de l’UEMOA notamment les pays continentaux comme le Burkina, le Niger….C’est tout juste l’application d’un coefficient » nous explique monsieur Dia, qui ajoute que cette décision ministérielle ne peut pas empêcher les pharmaciens de procéder à cette relecture d’autant plus que l’ordonnance 92-029 autorise le libéralisme au Mali. A en croire le président du Synappo, la mesure prendra effet quand certains détails seront réglés.
Abdoulaye Diakité
Les pharmaciens n’exagèrent-ils pas en annonçant une désapprobation d’une décision, combien salutaire, de leur ministre de tutelle ? Surtout que celle-ci se rapporte à la prise en compte du pouvoir d’achat des citoyens. En tout état de cause, à trop revendiquer, l’on risque de tout compromettre. Souhaitons que ce ne soit pas le cas quand on sait que ce sera le pauvre consommateur qui en fera les frais.
Les pharmaciens doivent davantage avoir en ligne de mire l’accès à tous des produits pharmaceutiques légaux. Ceci est d’autant plus nécessaire que les médicaments de la rue constituent un réel danger pour l’économie nationale et pour la santé des populations. En cela, ils auront certainement pris au mot ceux qui pensent que leur Ordre ne joue pas toute sa partition dans la promotion et dans la recherche de nouvelles molécules contre les pathologies les plus mortelles au Mali.
M.D