Les femmes, jeunes et adolescentes du cercle de Bourem, région de Gao éprouvent des difficultés d’accès aux services de santé sexuelle de la reproduction. A cause de l’insécurité, le personnel qualifié éprouve des soucis à exercer.
La loi 02-044 sur la santé sexuelle de la reproduction confère le droit à tous les couples et aux individus de disposer d’informations et de services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductif.
Bourem, zone touchée par la crise sécuritaire, l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive est une gageure à cause de l’insécurité et le manque des personnels qualifiés.
Selon le médecin-chef du Centre de Santé de Référence de Bourem, « nous avons un manque de personnel qualifié. La plupart des personnes migrent vers d’autres villes et ceux qui assurent le minium de service sont tous autochtones de Bourem qui ont fait des écoles de santé, mais qui ne sont pas qualifiés pour la SRPF ».
Kadiatou Touré, infirmière bénévole : « On fait notre mieux pour assurer la SR. Mais il n’y a pas un plateau adéquat et aussi du personnel qualifié. Souvent même faire accoucher une femme est un problème au point que beaucoup de femmes préfèrent accoucher à la maison, sans assistance médicale et dans de très mauvaises conditions hygiéniques. En moins d’un mois, nous avons évacué trois femmes à Gao pour subir une césarienne ».
L’article 211 du code pénal malien interdit l’avortement sauf si la survie de la maman est en danger. A cet effet, Z. T. déclare, « j’ai été enceintée par mon partenaire sans le savoir. J’ai décidé de faire un avortement clandestin. Malheureusement, ça s’est tourné mal et j’ai eu une hémorragie. J’ai été admise au Centre de Santé de Référence de Bourem, qui, à son tour m’a évacuée sur Gao à 95 km de Bourem. Parce qu’il n’y a pas les matériels nécessaires dans le Centre et des ressources humaines qualifiées pour me prendre en charge ».
La non utilisation de la planification familiale contribue beaucoup aux maladies et aux décès des femmes pendant et/ou après l’accouchement.
Hamssatou Hamma, ménagère : « faute d’un Centre de Santé de planification à Bourem. J’étais obligée de me rendre à Gao pour recevoir un service de planification familiale. Même à Gao, j’ai passé trois jours avant de recevoir une méthode de planification familiale faute des personnels et également d’un plateau technique adéquat », a-t-elle expliqué.
AĂŻssata SangarĂ©, membre de l’Office national de la SantĂ© de la Reproduction : « en prĂ©lude de la campagne PF pour l’annĂ©e 2022, nous avons dĂ©jĂ programmĂ© la mise en place des produits contraceptifs dans ces zones pour que les services soient rapprochĂ©s aux populations. Ça sera des actions spĂ©cifiques pour les rĂ©gions du nord, intĂ©grĂ©es Ă d’autres, telle que la consultation prĂ©natale, les femmes qui ont accouchĂ© et qui sont dans une pĂ©riode de 42 jours après l’accouchement… », rassure-t-elle.
Au ministère de la Santé et de l’Action sociale tout comme à l’Office national de la Santé et de la Reproduction, on nous rassure aussi qu’un travail titanesque est en cours pour le redéploiement des services en santé sexuelle également les personnels qualifiés pas seulement à Bourem. Mais dans toutes les régions du nord en proie à l’insécurité.
Dr. Ben Moulaye Haïdara, directeur général de l’Office national de la Santé et de la Reproduction : « Avec la crise sécuritaire que nous connaissons, beaucoup de Centres de Santé ont eu des problèmes, notamment les saccages. Les équipements sont emportés et les agents de santé ont fui ces zones. Donc la problématique des ressources humaines qualifiées revient encore pour que ces femmes puissent avoir les soins que ça soit préventif ou curatif nous avons développé plusieurs stratégies. D’abord sur le plan d’urgence humanitaire, il y a la rénovation des Centres de santé qui ont pris un coup lors de l’occupation. Le ministère de la Santé dans ces prérogatives a travaillé avec les partenaires pour le recrutement des agents de santé qualifiés. Avec ce projet, nous avons eu le recrutement d’une vague de sages-femmes pour les installer dans ces zones désertes de Centres de Santé. Les produits et les intrants sont à ce niveau. C’est dans ce sens que nous utilisons d’autres moyens pour l’approvisionnement de ces zones. Nous avons innové en utilisant la voie fluviale pour l’approvisionnement, mais aussi par les avions de la Minusma grâce à un contrat. Nous avons travaillé aussi avec les ONG humanitaire et nous continuons de travailler avec elles pour l’intégration des Services de Santé de la Reproduction dans le paquet humanitaire. L’ONASR en tant que structure de coordination nationale en matière de la santé et de la reproduction a développé un concept note sur la santé de la reproduction des zones humanitaires. Nous sommes en train de mobiliser les partenaires dans ce sens pour que les partenaires financent ces activités », nous a-t-il fait savoir.
Ousmane Mahamane
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF et la Coalition des OSC-PF