Billet d’humeur n°010 d’André Silver Konan: «Le vrai-faux remède nigérian anti-Ebola et notre inconséquence africaine»

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Ebola - complexe scolaire - EpidémieUn Nigérian affirme avoir trouvé le remède contre Ebola. Les Américains, qui, comme chacun le sait, ont trouvé un sérum expérimental, ont analysé son «remède» et décrété que celui-ci n’était rien d’autre qu’un…pesticide. Et voilà, les tenants africains de la thèse du complot occidental crient au scandale. Et moi je crie à ces derniers : stop ! Et je leur demande ceci : pendant ce temps, qu’avons-nous fait, nous Africains, pour prouver le contraire de ce qu’ont affirmé les Américains ?

 

Eh bien, nous nous lamentons. Nous critiquons les chercheurs américains qui, selon nous, sont jaloux du savant nigérian et veulent empêcher par tous les moyens déloyaux, un Africain de découvrir le remède contre Ebola. Nous les pseudo-panafricanistes, vrais faux anti-impérialistes, nous nous enflammons. Nous faisons tout ce tapage, alors qu’il nous suffisait de faire une chose très simple, la chose la plus intelligente qu’on aurait dû faire avant tout : analyser nous-mêmes le «remède» du Nigérian.

 

En effet, le gouvernement nigérian aurait pu et dû commander plusieurs analyses du fameux remède, dans des laboratoires africains, européens, russes ou chinois. La communauté des chercheurs nigérians et africains aurait pu et dû inviter le «savant» en question, afin qu’il explique à la juridiction de ses pairs, la composition de ses molécules et leurs effets sur Ebola. Les responsables en charge de la santé de nos pays touchés ou menacés par Ebola, si prompts à quémander le sérum expérimental américain, auraient pu et dû inviter notre «savant» à envoyer son «remède» dans leurs pays afin qu’il soit expérimenté sur des malades qui n’attendent que ça. N’est-ce pas plus simple ainsi ? N’est-ce pas la meilleure façon de situer le monde entier sur l’efficacité ou non de ce «remède» ?

 

Au lieu de ça, comme à notre habitude, nous allons passer le clair de notre temps, à nous lamenter sur notre sort, qui se trouve pourtant entre nos mains ; à insulter l’industrie pharmaceutique occidentale et à critiquer les scientifiques américains. Et pendant ce temps, de deux choses forcément l’une : soit un savant nigérian émérite sombrera dans le doute et l’anonymat injustes ; soit un sacré charlatan nigérian va continuer à casser du détestable sucre sur le dos désespéré de malades sonnés par la fatalité. Je l’ai dit et je le répète : il est temps que l’Afrique écrive sa propre Histoire, plutôt que de la subir !

 

André Silver KONAN, Journaliste-écrivain

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