Dans le cadre du Projet Sahel, Médecins du Monde a organisé, du jeudi 15 au samedi 17 décembre, un atelier sur les politiques du paiement des soins et la problématique du financement de la santé au Mali. L’objectif étant d’outiller les médias sur la levée des barrières financières et politiques d’exemption de paiement des soins existants au Mali.
L’atelier sur la problématique du financement de la santé, qui a réuni une quinzaine de médias, du 15 au 17 décembre, à la Maison du Partenariat s’est ouvert par la communication d’Ismaël Camara portant sur les généralités du système de santé au Mali. Avant d’aborder le vif du sujet, le conférencier a, tout d’abord, fait un survol des objectifs et stratégies de la politique de santé au Mali. A savoir l’amélioration de la santé des populations, l’extension de la couverture sanitaire tout en rendant les services accessibles à la population et l’instauration d’un système de santé viable et performant.
Pour ce qui concerne les stratégies, il s’agit de mobiliser les ressources nécessaires au financement du système de santé, y compris par le recouvrement des coûts, dans les formations sanitaires et de rationaliser l’utilisation de ces ressources à tous les nivaux. Parlant de l’origine du système de recouvrement des coûts des soins au Mali, Ismaël Camara a déclaré que, de l’indépendance aux années 70, l’accès des populations aux soins de santé (consultations et médicaments) était totalement gratuit au Mali au niveau de la plupart des structures publiques périphériques. Mais les difficultés économiques et financières auxquelles l’Etat fut confronté par la suite, n’ont pas permis d’assurer le fonctionnement des structures sanitaires et leur approvisionnement en médicaments essentiels, alors que les besoins de santé ne cessaient de croître. Parallèlement, on assistait à la délivrance d’ordonnances aux malades se présentant dans les services de soins. Dès lors, le principe de la gratuité était remis en cause.
C’est alors que l’Etat a entrepris, dans les années 80, une vaste réforme de son système de santé, dont l’une des innovations a été l’introduction du système de recouvrement des coûts, qui se définit comme étant la participation des populations à la prise en charge des coûts des prestations de santé. Cela était d’autant plus justifié que l’ajustement structurel imposé aux Etats par les institutions de Bretton Woods, en plus de la mauvaise gestion des fonds publics, avait occasionné une baisse draconienne des dépenses publiques au détriment des secteurs sociaux, tels que la santé et l’éducation. La recherche de ressources additionnelles pour financer les dépenses de santé est alors apparue comme une impérieuse nécessité. Des alternatives de financement complétant les produits d’emprunts réalisés par l’Etat devaient être envisagées, dont une plus grande participation des populations aux dépenses. Le recouvrement des coûts appliqué par nos services publics devint une modalité de fonctionnement.
Toujours selon le conférencier, en 1985, la loi sur la libéralisation du secteur médico-pharmaceutique fut votée, donnant du coup la latitude aux privés de s’installer. C’est, selon lui, à partir de cet instant que le Mali connut véritablement une cœxistence de trois secteurs en matière de santé. Avec la déclaration de politique sectorielle de santé adoptée par le gouvernement en 1990, beaucoup de CSCOM furent créés pour répondre aux besoins des populations. Et, dans la mise en œuvre de cette politique, l’accent fut mis sur la promotion des médicaments essentiels, dont l’importation et la distribution furent confiées à la PPM (Pharmacie populaire du Mali).
Pierre Fo’o Medjo