Assurance maladie obligatoire à Fana, Ségou et Markala : Après la contestation l’adhésion en masse…

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Il était 9h 36 de cette matinée du 23 avril 2015 quand une vingtaine de journalistes descendent d’un bus, affrété par la Canam pour une caravane de presse en collaboration avec l’Association des Editeurs de presse privée du Mali (Assep), s’immobilise devant la pharmacie Djénéba Maguiraga de Fana, une pharmacie conventionnée Amo comme on le dit.

Là le Dr. Abdoulaye Sylla attendait les journalistes dans sa pharmacie. Ici 20% des clients sont assurés donc bénéficient des médicaments de cette pharmacie et 4 des 5 pharmacies de Fana sont conventionnées Amo. Mais pour Dr. Sylla, le non payement à terme échu crée des problèmes de trésorerie pour certaines pharmacies, mais pour son cas, il reconnaît que tout se passe bien dans l’ensemble. Il a cité le cas d’un pharmacien qui avait traîné avec ses papiers avant d’être payé. Mais un des chargés de communication de la Canam, Aboubacar Cissé, qui était de la caravane, a expliqué que le pharmacien dont Dr. Sylla fait allusion n’avait pas de compte d’entreprise mais plutôt un compte bancaire personnel. Ce qui à son avis ne pouvait pas permettre à la banque de verser l’argent. Et Kola Sow, lui aussi chargé de communication à la Canam d’ajouter sans fioriture : « ce sont l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) et la Caisse malienne de sécurité sociale (Cmss) qui payent les factures. Au niveau de l’Inps, le payement est décentralisé, ce qui permet de respecter le délai de 15 jours ». M. Sow reconnaît tout de même que la Cmss connaît des retards mais promet que cela rentrera dans l’ordre bientôt.

Au centre de santé de référence de Fana où les journalistes se sont entretenus aussitôt arrivés avec Salif Traoré, point focal Amo, il s’est borné à dire que son travail consiste à faire la réception et l’envoi des dossiers à la Canam. « Par jour, nous réceptionnons une dizaine de dossiers contre beaucoup moins il y a quelques années…par exemple au niveau des enseignants, en 2012, nous avons enregistré 406 non adhérents, mais ils sont tous revenus sur leur décision aujourd’hui», a martelé M. Traoré. Pour le médecin chef adjoint du centre de santé de référence de Fana, Dr. Tégué Guindo, la fréquentation est bonne et la pharmacie est assez garnie.

Par contre, une voix discordante que celle de cette assurée, Mme Traoré Maïmouta Yattara, une déplacée de Gao, affirme haut et fort qu’elle coure toujours derrière des médicaments qu’elle n’a pas encore trouvés. Même si reconnaît-elle, les choses s’améliorent maintenant.

L’engouement…

C’est ensuite sous un soleil de plomb, à 15 heures, que les journalistes sont arrivés à l’hôpital Nianakoro Fomba de Ségou. Le directeur général par intérim, Dr. Tiekoro Samaké, le point focal Amo, M. Soungalo Sanogo et le chargé de communication, M.  Mamadou Sangaré, accueillent les caravaniers.

Cet hôpital qui emploie 213 agents dont 38 médecins avec 18 spécialistes ne compte que 270 lits. L’Amo est donc perçue aujourd’hui comme un ouf de soulagement pour beaucoup de chefs de ménage. Selon Soungalo Sanogo, l’Amo a beaucoup contribué à la prise en charge des patients. « L’Amo a permis aux chefs de familles de supporter le coup des soins… », a –t-il souligné. Ce qui fait qu’il y’a aujourd’hui un engouement autour de ce régime d’assurance maladie. Et M. Sanogo d’étayer ses affirmations par des statistiques : « au 1er trimestre 2014, l’hôpital a réalisé 5200 prestations Amo contre 7500 au 1er trimestre 2015 ».

A  la pharmacie Amary Dao de Ségou, le président de l’ordre des pharmaciens de Ségou, Dr Cheick Sangaré, revient sur les problèmes de remboursement à terme échu. « C’est le problème de remboursement qui amenait certaines pharmacies à ne pas livrer les produits aux clients », a- t-il signalé. Avant de confesser que maintenant avec la décentralisation que l’Inps a opérée tout est rentré dans l’ordre.

Au matin du vendredi 24 avril, les caravaniers se sont rendus à Markala, localité située à seulement 35 km de Ségou. Markala célèbre par son barrage, compte de nombreux assurés. Les habitants de cette bourgade dont le fleuve par le truchement du barrage arrose les plaines de l’office du Niger, apprécient bien cette trouvaille malienne (Amo). A en croire les propos de la plupart des interviewés.

A l’officine ‘’OD’’ la gérante Djénabou Oumar estime que le payement qui devait intervenir en 15 jours s’étale souvent jusqu’à un ou deux mois. Elle a aussi évoqué le problème de prescription des ordonnances. « On retrouve souvent des médicaments d’adultes sur des ordonnances d’enfants, ce qui fait que certaines factures sont rejetées ».

En revanche, le gestionnaire du centre de santé de référence de Markala, Ousmane Traoré, parle surtout de problème d’imprimés. Il a aussi évoqué le nombre croissant d’adhérents ; selon lui de 60 à 65 par mois. « Avant d’avoir la carte, nous avions eu des problèmes puisqu’il fallait faire 35 km mais depuis tout est rentré dans l’ordre », a lancé Kadiatou Traoré, assurée. Même son de cloche chez Djénéba Dembélé qui estime tout de go, qu’elle n’a rencontré aucun problème.

Au demeurant tout n’est pas rose, à Markala, Fana et Ségou, les problèmes invoqués s’appellent : manque d’imprimés, retard dans la livraison des cartes, la mauvaise prescription ou encore le retard dans le remboursement des pharmacies.

Cependant le Directeur général de la Canam M. Luc Togo, est formel : « nous avons pris les dispositions pour que la liquidation soit faite au niveau régional en ce qui concerne l’Inps. Ce qui fait que les pharmacies ne refusent plus de donner les médicaments. Aujourd’hui la tendance est dans le respect du délai des 15 jours ».

L’assurance maladie obligatoire est un bon business pour les pharmacies. Aujourd’hui 40 à 45% des revenus de certaines pharmacies viennent de l’Amo, a dit M. Togo. Pour lui, l’Amo est un mérite, elle n’existe que dans quatre pays seulement de l’Afrique francophone et le Mali fait figure de pionnier.

En tous les cas, le Dg se dit conscient des insuffisances. Mais que de chemin parcouru par la Canam en si peu de temps et ce régime Assurance maladie made in Mali fait apparemment des jaloux. En atteste l’engouement qu’il suscite, aujourd’hui, au Mali comme ailleurs.

Envoyé spécial, Alhassane H. MaÏga

Passer de l’Amo à l’Amu

‘’Institué par la loi n°09-015 du 26 juin 2009, le régime d’assurance maladie obligatoire est un des piliers de la déclaration de politique nationale de protection sociale adoptée par le gouvernement en 2002 et des plans d’actions nationales d’extension de la protection sociale pour les périodes 2005-2009 et de 2011 à 2015.

Son but est de permettre d’améliorer et d’élargir l’accès aux soins en assurant la couverture des frais inhérents à la maladie des personnes assujetties et des membres de leurs familles…’’

Et, cerise sur le gâteau, le Dg de la Canam, M.Luc Togo, veut passer de l’Assurance maladie obligatoire-Amo à l’Assurance maladie universelle- Amu, d’ici à 2020.

  1. Maïga

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